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D'un gouvernement l'autre, l'équipe Hollande se met au travail

Lors de la passation de pouvoirs au Quai d'Orsay, Alain Juppé a souhaité "une bonne navigation sur la mer des tempêtes" à Laurent Fabius et avoué sa "frustration" face à l'enlisement de la crise syrienne. /Photo prise le 17 mai 2012/REUTERS/Régis Duvignau

Lors de la passation de pouvoirs au Quai d'Orsay, Alain Juppé a souhaité "une bonne navigation sur la mer des tempêtes" à Laurent Fabius et avoué sa "frustration" face à l'enlisement de la crise syrienne. /Photo prise le 17 mai 2012/REUTERS/Régis Duvignau - -

PARIS (Reuters) - L'ère Hollande a véritablement commencé en France jeudi avec l'installation du gouvernement de Jean-Marc Ayrault et l'esquisse...

PARIS (Reuters) - L'ère Hollande a véritablement commencé en France jeudi avec l'installation du gouvernement de Jean-Marc Ayrault et l'esquisse des premières mesures et lignes de force de la nouvelle présidence, comme la priorité donnée à l'Education.

Le nouveau ministre de l'Education nationale, Vincent Peillon, a ainsi annoncé le retour à la semaine de cinq jours dans l'école primaire à compter de la rentrée 2013.

Le ministre de l'Economie, des Finances et du Commerce extérieur, Pierre Moscovici, a pour sa part réaffirmé le sérieux budgétaire du nouveau pouvoir, sa volonté de combattre "l'ennemi" - la dette - et de réduire les déficits publics.

Le successeur de François Baroin a en outre souligné sur BFM TV et RMC le refus de la France de ratifier en l'état le pacte budgétaire européen, sans l'ajout d'un volet de croissance.

C'est à Bercy que les passations de pouvoir ont débuté.

François Baroin, qui a dit quitter ses fonctions "avec la conscience du travail accompli", a insisté sur la tâche "rude, exigeante" qui attend Pierre Moscovici dans une "période difficile" et "incertaine".

En l'absence remarquée de l'ancien socialiste Eric Besson, parti en vacances, c'est François Baroin qui a passé le relais de l'Industrie à Arnaud Montebourg, assisté de Sylvia Pinel (Artisanat) et Fleur Pellerin (PME, Innovation) à la tête d'un ministère du "Redressement productif".

Le héraut de la "démondialisation" a promis de "l'audace". Son ministère, a-t-il dit, sera celui "de la reconquête et de la création d'emplois". "La France a besoin d'imaginer les nouvelles frontières de son économie et de son industrie".

MANUEL VALLS SANS "ANGÉLISME"

Les passations de pouvoir ont été pour la plupart empreintes de chaleur et de cordialité.

Ainsi Luc Chatel, qui a souhaité une "bonne réussite" à Vincent Peillon. Le nouveau ministre de l'Education nationale, qui s'attèle notamment à une loi de programmation pour l'automne, a souligné le souhait commun de "l'intérêt général" avec son prédécesseur "au-delà de nos clivages politiques".

Au nombre des chantiers à venir, Vincent Peillon avait auparavant annoncé sur France Inter le retour à la semaine de cinq jours dans le primaire, supprimée en 2008.

Il a précisé qu'il reviendrait aux collectivités locales de fixer la "cinquième journée" au mercredi matin ou au samedi matin. "Ce n'est pas le plus simple, mais nous le ferons."

Michel Sapin, accueilli par Xavier Bertrand au ministère du Travail, a réitéré l'engagement d'un "coup de pouce" au smic, "la grosseur du pouce faisant partie des sujets qu'il faudra aborder directement avec les partenaires sociaux". Il a assuré par ailleurs que le pouvoir d'achat des retraités serait préservé alors que son prédécesseur s'était inquiété auprès de journalistes d'une possible atteinte aux pensions.

Au ministère de l'Intérieur, Claude Guéant a cédé le pouvoir à Manuel Valls, qui a promis "ni angélisme, ni course effrénée au chiffre, ni stigmatisation d'une communauté, d'une catégorie par rapport à une autre".

Michel Mercier a confié les clés de la place Vendôme, site du ministère de la Justice, à Christiane Taubira et à sa ministre déléguée Delphine Batho.

Deux anciens Premiers ministres se sont succédé au Quai d'Orsay. Emu, Alain Juppé a souhaité "une bonne navigation sur la mer des tempêtes" à Laurent Fabius, avouant sa "frustration" face à l'enlisement de la crise syrienne.

"Les pouvoirs passent mais les intérêts de la France demeurent", a répondu le nouveau chef de la diplomatie.

LA CULTURE, "TOUT SAUF UN LUXE"

"Je vous souhaite beaucoup de succès dans le futur", a poursuivi Laurent Fabius, évoquant, avec l'appui de Jean Jaurès, les destinées contrariées - à l'image des siennes - du maire de Bordeaux dont les ambitions présidentielles ne sont pas éteintes.

"Le courage, c'est d'agir et de se donner aux grandes causes

sans savoir quelle récompense réserve à notre effort l'univers profond", a déclaré Laurent Fabius.

L'émotion a culminé au ministère de la Culture et de la Communication où Aurélie Filippetti succédait à Frédéric Mitterrand, neveu du président défunt François Mitterrand.

L'ex-ministre a salué "un jour de chance" pour la Culture avec la nomination d'un "écrivain de très grand talent" en "empathie" avec les artistes.

La culture, a souligné Aurélie Filippetti, est "tout sauf un luxe", "tout sauf quelque chose de superflu" malgré la crise économique. "Nous croyons profondément que la culture, c'est ce qui rassemble les individus", a-t-elle dit.

La benjamine du gouvernement et ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, 34 ans, a écouté les conseils de Valérie Pécresse sur la mission de porte-parolat qui lui est également confiée. Pas de "langue de bois", et "pas de bêtises", a lancé cette dernière devant les journalistes.

"Nous croiserons le fer peut-être à l'Assemblée nationale", a dit Najat Vallaud-Belkacem qui a annoncé jeudi renoncer à se présenter aux élections législatives à Lyon.

Le premier conseil des ministres du quinquennat se déroulera à 15h00.

Sophie Louet avec Service France