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Critiques nourries avant la réunion à l'Elysée sur les Roms

Dénonçant une stigmatisation, des associations et partis de gauche jugent injustifiable l'existence même de la réunion que Nicolas Sarkozy doit présider mercredi à l'Elysée sur les gens du voyage et les Roms. /Photo d'archives/REUTERS/Benoît Tessier

Dénonçant une stigmatisation, des associations et partis de gauche jugent injustifiable l'existence même de la réunion que Nicolas Sarkozy doit présider mercredi à l'Elysée sur les gens du voyage et les Roms. /Photo d'archives/REUTERS/Benoît Tessier - -

Dénonçant une stigmatisation, des associations et partis de gauche jugent injustifiable l'existence même de la réunion que Nicolas Sarkozy doit présider ce mercredi à l'Elysée sur les gens du voyage et les Roms.

Le chef de l'Etat a annoncé une réunion exceptionnelle sur "les problèmes que posent les comportements de certains parmi les gens du voyage et les Roms" après l'attaque d'une gendarmerie par une cinquantaine de personnes, dont des gitans, à la mi-juillet à Saint-Aignan (Loir-et-Cher). Cette réunion, a-t-il dit, vise à faire "le point de la situation de tous les départements et (décider) les expulsions de tous les campements en situation irrégulière."

Cette annonce a aussitôt déclenché un tollé parmi les défenseurs des droits de l'homme. Le secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, Pierre Lellouche, a pourtant estimé mardi que "l'insertion des Roms ne se fait pas", tant en Roumanie ou en Bulgarie qu'en France. Depuis le 1er janvier 2007, "on a vu arriver des populations Roms venant essentiellement de Roumanie et de Bulgarie, ces populations vivent dans des situations proprement scandaleuses, voire parfois inhumaines dans leurs pays d'origine, elles ne sont pas dans le système économique, l'insertion ne se fait pas", a-t-il dit sur France Info.

Pour Pierre Lellouche, "très peu des populations arrivant chez nous cherchent à s'intégrer, à s'insérer, et énormément de mineurs sont organisés dans des réseaux de trafiquants". Il assure que le taux de délinquance enregistre à Paris une augmentation de 140% tous les ans depuis 2007. Le secrétaire d'Etat a estimé que la Roumanie et la Bulgarie ne rentreraient pas comme prévu dans l'espace Schengen au mois de mars 2011 "dans ces conditions-là."

LIBERTÉS ENTRAVÉES

Mais pour le Parti socialiste, "la stigmatisation d'une population en tant que telle est scandaleuse". "Si on remplace les Roms et les gens du voyage par autre chose, comme les Bretons ou les Auvergnats chers à Brice Hortefeux (ministre de l'Intérieur) ou d'autres, vous verrez que ça choquera assez naturellement", a déclaré lundi Benoît Hamon, porte-parole du PS.

Pour le Parti communiste, le gouvernement "fait une fois de plus un raccourci inacceptable entre délinquance et communauté de personnes" après les incidents de Saint-Aignan. "Quel rapport entre ce problème de sécurité et les gens du voyage, insinuant ainsi que la communauté dans son ensemble serait responsable de tous les problèmes et de tous les maux de la société ?", demande-t-il dans un communiqué. Pour le PCF, ces déclarations "sont scandaleuses, de surcroît, de la part du président de la République qui devrait avoir en charge la tranquillité publique et la responsabilité du vivre ensemble dans la Nation."

Malik Salemkour, vice-président de la Ligue des droits de l'homme et animateur du collectif Romeurope, estime qu'aucune autre catégorie de citoyens n'est autant entravée dans ses libertés civiques par des lois et dispositions discriminantes. "De telles annonces témoignent d'une dérive très inquiétante du président de la République par le ciblage ethnique des opérations envisagées, qui ne feraient qu'envenimer les choses en renforçant des préjugés racistes", dit-il sur le site d'information Mediapart. La France, souligne-t-il, ne reconnaît pas de minorités culturelles ou ethniques sur son territoire avec des droits spécifiques et elle ne peut fonder l'action de l'Etat sur l'origine des personnes autre que la nationalité "sans commettre de discriminations raciales condamnées par la loi." Malik Salemkour souligne que si la majorité des gens du voyage sont des Français de cultures gitane, manouche, tsigane ou encore yenniche, d'autres sont des citoyens d'autres origines qui ont choisi ce mode de vie itinérant. Parmi les multiples contraintes imposées aux gens du voyage, le militant évoque les cas des maires récalcitrants.
Plus de dix ans après l'adoption de la loi de juillet 2000 imposant à toutes les communes de plus de 5.000 habitants la réalisation d'aires d'accueil pour les "gens du voyage", à peine la moitié des 42.000 places prévues seraient disponibles.