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Crise migratoire: Bayrou veut poser la "question de confiance" à l'Europe

François Bayrou

François Bayrou - Capture BFMTV

François Bayrou estime que l'Union européenne, confrontée à une crise migratoire qui exacerbe ses tensions internes, doit désormais se recentrer autour des pays désireux d'agir solidairement.

En vieux sage, François Bayrou se veut guide d'un quinquennat auquel il n'a que brièvement participé. L'oracle du Béarn, invité ce jeudi sur notre antenne, livre ainsi ses lumières sur la situation alarmante de l'Union européenne, confrontée à une crise profonde sur la question migratoire. 

"Il y a un rendez-vous historique sans précédent, puisque pour la première fois la question de la décomposition de l’UE est à l’ordre du jour", s'inquiète l'éphémère garde des Sceaux d'Emmanuel Macron. "En misant sur les instincts les plus agités, certains, à des fins purement électorales, vendent l’idée du chacun pour soi."

"Tous ceux qui vendent cette idée, qu’ils jettent un œil à la Grande-Bretagne ou à la Grèce", prévient le président du MoDem. Pour autant, François Bayrou reconnaît les dysfonctionnements de l'Union européenne et prône une profonde réforme:

"Il va falloir poser la question de confiance, et maintenir la solidarité entre ceux qui la veulent, en construisant une Europe à plusieurs cercles", estime le maire de Pau. "Nous avions dit pendant des années ‘pas d’élargissement sans approfondissement’, eh bien nous voyons aujourd’hui à quel point c’était important."

Cynisme

Interrogé sur le dossier brûlant de la crise des migrants, François Bayrou emboîte le pas d'Emmanuel Macron, sans sortir de l'ambiguïté entre déclarations humanistes - "On ne peut pas renvoyer des gens à la mer sans se trouver devant de très graves impossibilités" - et positions fermes - "on a des principes, mais l’un de ces principes doit être que l’opinion, les concitoyens, ne soient pas envahis par le sentiment qu’on laisse tout faire."

François Bayrou défend ainsi une position pragmatique, à la limite d'une forme de cynisme politique.

"Si les citoyens ont ce sentiment, à ce moment-là se lèvent des vagues de rejet, qu’on a vécues en Italie et qu’on vit dans des pays de l’est. Ces vagues ne sont pas admirables, mais elles sont tellement fortes qu’un dirigeant digne de ce nom doit les prendre en considération."

L'ancien ministre de l'Éducation désigne la racine du mal, estimant que "le réalisme oblige à dire qu’il faut aller chercher ces passeurs pour faire cesser ce trafic". Sans pour autant proposer de solution capable de sortir l'Union européenne de son impuissance. 

Louis Nadau