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Création d'une plateforme d'idées, opposition frontale à Macron... Hidalgo en route pour 2022?

Anne Hidalgo derrière Emmanuel Macron, lors d'une visite consacrée aux JO 2024, le 27 février 2018

Anne Hidalgo derrière Emmanuel Macron, lors d'une visite consacrée aux JO 2024, le 27 février 2018 - AFP / Ludovic Marin

Le Parisien révèle que la maire de Paris, dont la rumeur dit qu'elle tend vers une candidature à l'élection présidentielle, va lancer sa plateforme de réflexion "Idées en Commun" dans les jours à venir.

Son entourage veut croire qu'elle peut incarner à la fois le rassemblement de la gauche et son dépassement. Même si elle continue de repousser le moment où elle se déclarera officiellement candidate à l'élection présidentielle de 2022, Anne Hidalgo multiplie les signes de volonté de s'engager dans cette voie.

D'après les informations du Parisien, confirmées par l'Agence France-Presse (AFP) les proches de la maire de Paris vont lancer, dans les jours qui viennent, une plateforme de réflexion intitulée "Idées en Commun". Une appellation qui reprend son étiquette de campagne pour les municipales de 2020, lors desquelles elle a été confortablement réélue. De quoi illustrer son souhait, en cas de candidature à la magistrature suprême, de s'appuyer sur une initiative transpartisane. Une stratégie finalement similaire à celle d'Emmanuel Macron en 2017.

"Le contexte a bougé"

L'adjoint et fidèle lieutenant d'Anne Hidalgo, Emmanuel Grégoire, justifie cette accélération de calendrier en indiquant au Parisien qu'un "chemin est désormais engagé et, depuis septembre, le contexte politique a bougé".

"La volonté n'est pas de créer une machine de guerre présidentielle, mais de faire vivre le débat d'idées", jure de son côté Rémi Féraud, président du groupe Paris en Commun - le groupe d'Anne Hidalgo - au Conseil de Paris.

La guerre pourtant, la socialiste la mène de plus en plus frontalement à l'Elysée. Dans un entretien accordé au Journal du Dimanche, elle n'hésite pas à dénoncer un État qui ne serait "pas capable de faire le dernier kilomètre". Et de faire une analogie pour le moins osée: "Avec de telles carences, le Débarquement de juin 1944 aurait échoué."

Réitérant qu'elle prendrait "toute (sa) part" à la campagne de 2022, comme elle l'avait fait auprès du Point en septembre dernier puis BFMTV en novembre, Anne Hidalgo affirme que "les Français ne veulent pas qu'on les enferme dans un second tour Macron-Le Pen".

"Et puis, que donneraient cinq ans de plus avec Emmanuel Macron? Depuis 2017, rien n'a changé en mieux", ajoute-t-elle.

Rassemblement impossible?

L'une des grandes difficultés auxquelles la maire de la capitale sera confrontée, contrairement à Emmanuel Macron, sera celle de devoir convaincre l'ensemble de la gauche de lui prêter allégeance. Ce qui reste loin d'être gagné au vu des divergences de fond qui persistent entre ses différentes composantes, notamment entre La France insoumise et les tendances social-démocrates, pro-européennes du Parti socialiste (auquel Anne Hidalgo appartient toujours) et d'Europe Écologie-Les Verts.

Par ailleurs s'agissant d'EELV, l'édile aura fort à faire pour se réconcilier avec sa frange la plus militante, notamment après les tensions qui se sont multipliées au Conseil de Paris au sujet de l'affaire Christophe Girard puis de la laïcité. Le récent squat organisé devant le restaurant Petit Cambodge a suscité des frictions plus générales entre écologistes et socialistes.

Sur cette épineuse question du rassemblement, Emmanuel Grégoire répond au Parisien qu'il "n'est plus temps de réunir l'équivalent d'un Congrès d'Epinay interne au PS". Manière de dire qu'Anne Hidalgo doit impérativement enjamber son parti, devenu largement minoritaire dans le paysage, ainsi que d'éventuelles primaires. Des primaires qui semblent, d'ailleurs, bien engagées du côté d'EELV.

"Il faut tendre très vite vers le rassemblement quitte, avec certains comme les Insoumis, de s'accorder sur nos désaccords", estime l'adjoint à la maire de Paris.
Jules Pecnard Journaliste BFMTV