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Côtes-d'Armor: à Callac, un projet d'accueil de réfugiés divise les habitants

Le projet Horizon, visant à accueillir des réfugiés pour redynamiser la commune de Callac (Côtes-d'Armor), a opposé deux groupes de manifestants, samedi, dans cette commune d'un peu plus de 2200 habitants.

Ce samedi, à Callac (Côtes-d'Armor), la même initiative a mobilisé plusieurs centaines de personnes, à la fois pro et contre, dans cette commune d'un peu plus de 2200 habitants.

Au cœur du débat, le projet Horizon, porté par la mairie et le Fonds de dotation Merci, consistant "à rénover ou construire un village avec des personnes réfugiées et non-réfugiées qui, grâce à leurs savoir-faire, participeront au développement d'activités économiques, sociales et culturelles, répondant aux besoins d'un territoire", explique le fonds sur son site internet.

"L'idée était de choisir un territoire qui se dépeuple, dont les commerces ferment, pour faire venir des gens de tous horizons, dont des réfugiés, pour combler les manques", a résumé sur BFMTV Benoît Cohen, cofondateur du Fonds de dotation association Merci.

"Le vivre-ensemble est menacé par ce projet"

Le projet Horizon a été présenté le 15 avril dernier lors d'une réunion d'information dans la salle des fêtes de Callac, rapporte Le Télégramme. Le soir même, une pétition d'opposants était lancée pour dire "non au projet Horizon et à l'accueil de 100 migrants", un chiffre qui n'a pas été avancé par la mairie ou le Fonds de dotation. Réunissant un peu plus de 9500 signatures aujourd'hui, elle affirme que "le vivre-ensemble à Callac est menacé par ce projet" et demande que l'équipe municipale "mette en œuvre d'autres projets qui serviront réellement aux Callacois et aux habitants du canton".

Cette opposition a pris la forme d'un rassemblement samedi, devant la mairie, d'environ 300 personnes et à l'initiative de Reconquête, le parti politique lancé par Éric Zemmour, indique Le Télégramme. D'autres organisation d'extrême droite ont soutenu cette manifestation, comme le Rassemblement national et les Patriotes, souligne le quotidien.

Le site de la même mouvance politique Riposte laïque a également partagé cet appel à se mobiliser. Dans le communiqué, les organisateurs expliquent que "Callac est l'exemple de ce qui attend notre pays", avançant qu'il s'agit de la théorie du "grand remplacement dans le concret". Une théorie largement reprise par Éric Zemmour pendant la campagne présidentielle et selon laquelle la population française va être remplacée petit à petit par une autre population.

"On ne comprend pas pourquoi subitement il y a de l'argent pour les immigrés qui viennent repeupler le village, et il n'y a pas d'argent pour les autochtones qui sont amenés à partir. C'est invraisemblable", a expliqué samedi sur BFMTV Bernard Germain, responsable Reconquête des Côtes-d'Armor et organisateur de la manifestation.

"Une aubaine" pour Callac

Un contre-rassemblement d'environ 400 personnes, à l'initiative de citoyens et rejoints par des partis, syndicats et associations (CGT, LFI, NPA, Ligue des Droits de l’Homme), s'est lui aussi tenu indique Le Télégramme. Parmi les politiques présents, le maire de la commune Jean-Yves Rolland, les sénateurs Annie Le Houérou (PS) et Gérard Lahellec (PC), ainsi que la députée Murielle Lepvraud (LFI).

"C’est un projet sur le long terme, de vingt ou trente ans. C’est l’avenir de Callac qu’on trace aujourd’hui", expliquait Jean-Yves Rolland au moment de la réunion d'information, la ville ayant souffert de l'exode rural. "Ce sont certainement des réfugiés politiques qui vont venir à Callac, quelques-uns, pour travailler et s'intégrer. On a ni la nationalité, ni le nombre, le projet se construira ensemble", a-t-il précisé au micro de BFMTV samedi.

Guillaume Robic, maire de Rostrenen, une commune proche, présent samedi, a également soutenu auprès de BFMTV l'initiative: "Elle consiste à faire coïncider la politique d'accueil du territoire avec la politique de redynamisation du centre-ville. On trouve ce projet à la fois humaniste et pertinent."

"On a encore beaucoup de travail, c'est un projet sur le long terme. On va continuer en écoutant encore plus, en allant encore plus à la rencontre des gens. En espérant que le résultat prouve à tous ces gens qui ont peur que la solidarité est la solution", a affirmé Benoît Cohen, cofondateur du Fonds de dotation association Merci, sur notre antenne.

Ces derniers mois, Jean-Yves Rolland et plusieurs de ses adjoints ont été menacés de mort, selon Le Télégramme. Chloé Freoa, directrice du Fonds de dotation Merci, a également indiqué au Journal du Dimanche que son organisme recevait des "messages haineux à caractères racistes", au cours desquels la théorie du grand remplacement "revient tout le temps". Malgré tout, le maire a assuré à Libération que le projet allait se poursuivre. Il compte, une fois l'initiative mieux définie, envoyer une lettre aux habitants "pour tout expliquer" et les "inviter à venir discuter calmement".

Clément Boutin Journaliste BFMTV