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Politique

Copé : « La transparence avant tout »

Jean-Frabçois Copé était l'invité de Jean-Jacques Bourdin, lundi 15 octobre

Jean-Frabçois Copé était l'invité de Jean-Jacques Bourdin, lundi 15 octobre - -

Jean-François Copé, président du groupe UMP à l’Assemblée Nationale porte un regard gêné sur les affaires en cours… mais croit fermement en l’avenir.

J-J B : Si le Président de la République divorçait, ça changerait quoi ?
J-F C : Ne me demandez pas de faire de commentaires, là-dessus. C’est un événement important dans une vie, mais je n’ai pas à faire de commentaire sur le sujet, vous me demandez l’impossible.

J-J B : Est ce que le silence alimente la rumeur sur ces sujets là ?
J-F C : Malheureusement la rumeur n’a besoin de rien d’autre que d’elle-même pour s’alimenter et c’est souvent assez sordide.

J-J B : Denis Gautier-Sauvagnac en serait à 24 millions d’euros tirés des comptes depuis l’année 2000. Tout le monde demande la transparence sur cette affaire. Il dit n’avoir jamais un sou dans ses poches, mais où serait alors passé l’argent. Peut-il incarner le Medef dans les importantes négociations en cours ?
J-F C : Ça m’est difficile de faire des commentaires sur ce qui relève vraiment de l’affaire. Je crois qu’en tant que responsables publics, notre sujet est de réfléchir à la manière de faire en sorte qu’il y ait une transparence totale dans le financement des syndicats.

J-J B : Ca veut dire que cet argent est allé aux syndicats si je vous comprends bien ?
J-F C : Je n’en sais rien. Mais comme c’est le grand sujet dont tout le monde parle, moi je peux seulement dire que je n’ai jamais été alerté de tout ça. Il est vrai que j’étais Ministre du Budget donc en charge de fonctions bien particulières par rapport aux finances publiques. La seule chose que je peux dire c’est qu’il y a évidemment pour nous une volonté de mettre en place cette transparence totale. C’est ce qui avait été fait il y a quelques années pour les partis politiques et je crois que c’est une bonne chose.

J-J B : Le premier Airbus A380 est livré aujourd’hui, avec des invités du monde entier. Il n’y a ni Nicolas Sarkozy ni François Fillon, est ce regrettable ?
J-F C : Il faut poser le problème autrement. C’est un grand jour pour Airbus. Dans cette période difficile pour l’entreprise, il y a aussi besoin de rappeler que c’est une très grande maison. Quant au Président de la République, il a eu, et aura, l’occasion de le rappeler dans d’autres circonstances. Il faut savoir être là dans les moments difficiles et il a montré qu’il l’était. Je vous rappelle que c’est grâce à son intervention durant cet été qu’on a revu la gouvernance de cette entreprise. Les choses sont maintenant clarifiées de ce point de vue.

J-J B : Arnaud Lagardère affirme avoir prévenu le premier Ministre, Dominique de Villepin, qu’il voulait vendre des titres EADS. Bercy n’était pas au courant ?
J-F C : Je suis désolé car je vais encore donner l’impression que je tourne autour du pot. En ce qui me concerne, je n’étais pas au courant. Cette histoire fleuve dans laquelle on est en train de rentrer, qui est incroyablement complexe, fait qu’avec le flot d’actualités, il nous arrive parfois de mêler des choses qui n’ont pas forcément le même lien. Je crois donc qu’il y a un travail d’investigation et d’enquête qui doit être fait.

J-J B : Peut-on accepter que de grands capitaines d’industrie passant commande avec l’Etat, amis du pouvoir politique, puissent aussi posséder de grands groupes de presse ?
J-F C : C’est la relation personnelle qui vous choque là-dedans ?

J-J B : Non, c’est la relation d’affaire. C’est beaucoup plus clair dans de nombreux autres pays…
J-F C : Je vais vous dire, je fais partie des gens qui en ont un peu assez qu’on dise qu’ailleurs c’est toujours beaucoup plus clair que chez nous.

J-J B : C’est ce qu’on nous dit sur les tests ADN...
J-F C : Il est normal qu’il y ait des relations régulières entre les responsables politiques et les responsables économiques d’un pays. On a quand même beaucoup de choses à se dire, beaucoup de choses à faire ensemble. Il y a souvent un amalgame entre les deux et je trouve ça un peu choquant. Parce qu’on met l’idéologie à tous les étages, qu’on met des murs caricaturaux entre les uns et les autres. Et que là où des choses positives doivent se faire pour l’économie du pays, on ne les fait plus. Je crois que c’est vraiment un contre sens.

J-J B : Mais est-ce normal que ceux qui passent commande avec l’Etat possèdent aussi de grands groupes d’industrie ou de médias ? Faut-il changer la loi ?
J-F C : Je ne le crois pas. A ce moment-là, ça veut dire qu’on introduirait de nouvelles barrières dans l’économie, à un moment où celle-ci a tellement besoin de fluidité et de souplesse. Ce qui est important, c’est qu’il y ait de la transparence. A ma connaissance, les journaux qui relatent tous les jours les événements de l’actualité, ne me donnent pas le sentiment d’être bridés quels que soient le nom et l’activité de leurs différents propriétaires. Je crois qu’il faut remettre les choses à leurs justes proportions.

J-J B : Parlons du test ADN, cet amendement doit-il être retiré ? Vous aviez été prévenu par Thierry Mariani lorsqu’il a déposé cet amendement ?
J-F C : Non, mais quand vous êtes Président du groupe, vous êtes un peu le chef des députés, vous essayez de faire en sorte surtout que chacun puisse s’exprimer. Il y a eu un débat parlementaire. Je regrette qu’à chaque fois ça fasse des psychodrames. En revanche, c’est très bien que ce soient des débats passionnés. Le débat n’est pas médiocre : faut-il privilégier l’efficacité publique fasse aux fraudes de sans papiers quand on veut réglementer l’immigration clandestine et lutter contre ? Ou bien est-ce qu’il faut privilégier l’éthique ? Voilà le débat très important qui est posé.

J-J B : Certains se demandent à quoi sert encore ce texte « édulcoré »…
J-F C : Parce que cela permet quand même, sous le contrôle du juge, avec des barrières plus strictes que dans le texte originel, de lutter contre la fraude des sans papiers et de permettre à ceux qui sont candidats au regroupement familial de pouvoir plus aisément s’ils le souhaitent faire connaître leur identité. Si vous me permettez je voudrais rajouter une chose qu’on oublie : onze pays le font, y compris la Grande Bretagne. Deuxième élément, le haut commissariat des réfugiés de l’ONU a produit un mémorandum au mois de mai dernier indiquant qu’il constatait de plus en plus que, dans le monde entier, l’ADN serait un élément qui se développerait pour prouver l’identité. Enfin troisième point, la Commission Européenne elle-même, il y a quelques jours, a validé l’utilisation des tests ADN en Europe. Ce n’est donc pas tout à fait un hasard si un si grand nombre de pays le pratique. Je veux simplement dire que sur ce sujet, d’autres pays qui sont tout aussi démocratiques que le nôtre ont mis cela en œuvre.

J-J B : Imaginons que des français veulent s’installer au Maroc et pratiquer le regroupement familial. Il faudra que ces français prouvent la filiation par des tests ADN ?
J-F C : Non parce qu’ils auront des passeports, des papiers d’Etat Civil. Il n’a jamais été question de poser la question si on est pas concerné par des problèmes d’Etat Civil.

J-J B : Je dis ça parce qu’on met en cause l’efficacité des services d’Etat de certains pays d’Afrique…
J-F C : Oui, il y a des pays d’Afrique Subsaharienne qui sont des pays dans lesquels il y a des dizaines de milliers de candidats à l’immigration en France et qui ont des faux papiers ou pas de papier du tout. Ce n’est donc pas qu’on met en cause, c’est une réalité.

J-J B : Imaginons que je suis en France, j’épouse une jeune femme d’Afrique, je veux la faire venir mais cette jeune femme a adopté des enfants. Elle ne pourra pas faire venir ses enfants ?
J-F C : C’est pour ce genre de chose qu’on a renforcé le système et qu’il y aura une décision du juge et que l’on regardera les situations au cas par cas. Dernier point, c’est sur la base de volontariat de celui qui est candidat à l’immigration en France. Ce n’est pas la France qui décide. C’est si quelqu’un veut prouver qu’il n’a pas d’autre moyen que la filiation, il peut faire recours au test ADN. On a dit beaucoup de choses et je crois que ça vaut la peine de rappeler ça. Les français, pour une très grande majorité d’entre eux si j’en crois les sondages, ont fait savoir qu’ils étaient plutôt favorables à cet élément, dans ce cadre là.

J-J B : Toujours sur ce projet de loi sur l’immigration, il y a un amendement qui donne la possibilité aux préfets de régulariser des personnes en situation irrégulière travaillant dans des secteurs d’activités connaissant des pénuries de main d’œuvre. Ça veut dire que le Parlement ouvre la voie d’une forme de régularisation de sans papiers utile si j’ai bien compris ?
J-F C : L’idée c’est qu’on passe de plus en plus vers une immigration choisie. Mais il n’y a pas de surprise là-dessus : on a fait campagne pour une raison simple : aujourd’hui quand vous avez neuf personnes qui sont candidates à venir immigrer en France, vous en avez huit sur neuf qui le font sur la base du critère familial et un sur neuf au titre d’un critère professionnel. On a donc envie de rééquilibrer un peu les choses. Là encore, c’est ce que font beaucoup d’autres pays.

J-J B : Vous n’êtes pas favorable à l’idée de faire baisser la vitesse de 10km/h sur les routes et autoroutes ?J-F C : Non, c’est vrai que je ne suis pas fan de l’idée. Je pense que ça paraîtra aux yeux de tout le monde comme un gadget pas du tout à l’échelle du problème, avec des problèmes d’application très nombreux, alors que je suis trop ambitieux sur ce sujet pour considérer que cela suffise. Je pense qu’on ne peut pas simplement présenter le combat pour la planète comme une succession de taxes et de sanctions. L’incitation doit être au moins aussi importante sinon plus, et d’autre part, je pense qu’il faut, et nous les députés, nous battons beaucoup là-dessus dans le cadre du Grenelle de l’Environnement, présenter les choses aux français de manière claire et positive. Je pense que c’est un domaine où l’on devrait pouvoir faire, comme dans n’importe quelle entreprise, du management participatif. C'est-à-dire dire aux français que c’est un domaine dans lequel on doit pouvoir protéger la planète et l’environnement, tout en faisant plus de croissance dans le bon sens du terme. Il y a en ce moment un truc qui se développe beaucoup qui est HQE, soit haute qualité environnementale. C’est une norme pour les constructions. Si nous arrivons à développer dans notre pays des constructions HQE dans lesquelles ça coûte un petit peu plus cher mais qu’avec ça, vous économisez l’énergie, vous utilisez l’énergie solaire… C’est quand même beaucoup mieux.

J-J B : Qu’est ce que vous faites à Meaux dans ce domaine ?
J-F C : Ça par exemple. En ce qui concerne les constructions, nous faisons désormais, à chaque fois qu’on le peut, des constructions HQE. C'est-à-dire des constructions où ça consomme moins, où l’on utilise les énergies renouvelables…

J-J B : Il y a cette idée d’Ecopolis. C’est l’une des propositions contenue dans la Commission pour la libération de la croissance. Il s’agit d’installer des espaces urbains durables, vous trouvez que c’est une bonne idée ?
J-F C : Moi je suis très séduit par l’idée. Faire une ville écologique est un magnifique projet. Rendre Meaux de plus en plus écologique, faire comme nous l’avons fait, un grand parc naturel, ce sont des beaux projets. Ce qui serait une bonne incitation c’est que la construction elle-même donne lieu à des réductions d’impôts. C’est ça qu’il faut qu’on fasse. Ce sur quoi je réfléchis beaucoup pour l’avenir, c’est de proposer à mes administrés qu’ensemble on développe évidemment tout ce qui est circulation douce. Mais aussi de choisir, de temps en temps, de ne pas construire dans des villes où c’est déjà très construit, pour pouvoir y mettre simplement des parcs, pour qu’il y ait juste de la verdure et un peu moins de béton. Je vais développer l’agenda 21, c’est un calendrier de mesure sur les années à venir au 21ème siècle. Mon idée est que dans tous les domaines, que ce soit les déchets, la construction de logements, la circulation… tout soit décliné sous la question de comment faire plus propre et moins polluant.

La rédaction-Bourdin & Co