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"Confinement", attestations, réception à domicile: le gouvernement face à un week-end de couacs

Un livreur Deliveroo samedi 20 mars 2021, au premier soir de nouvelles mesures de restriction sanitaires.

Un livreur Deliveroo samedi 20 mars 2021, au premier soir de nouvelles mesures de restriction sanitaires. - LUDOVIC MARIN / AFP

La fin de semaine a été marquée par l'entrée en vigueur de nouvelles restrictions pour lutter contre le Covid-19 dans 16 départements.

De nouvelles mesures et quelques fausses notes. Jeudi soir, le Premier ministre Jean Castex et le ministre des Solidarités et de la Santé Olivier Véran ont annoncé de nouvelles restrictions dans 16 départements, dont ceux d'Île-de-France et des Hauts-de-France, face à la dégradation de la situation épidémique liée au Covid-19.

Les quelque 21 millions d'habitants concernés ne peuvent désormais plus s'aventurer au-delà de 10 km autour de leur domicile (munis d'un justificatif de domicile faisant foi) sans motif valable dûment renseigné sur une attestation dérogatoire, et sont toujours soumis à un couvre-feu, repoussé à 19 heures au lieu de 18 heures jusque-là.

Ils sont en revanche incités, contrairement aux confinements du printemps et de l'automne 2020, à sortir afin de s'aérer et ne sont donc plus soumis à la limite d'une heure autrefois fixée. De nouvelles mesures, pas exemptes de cafouillages au démarrage.

• Pas de "confinement" mais des "mesures de freinage"

En annonçant ces mesures jeudi soir, Jean Castex a employé le terme de "confinement" à plusieurs reprises, oralement et dans les diapositives projetées lors de sa prise de parole.

"C’est une troisième voie que nous retenons, une voie qui doit permettre de freiner sans enfermer. Ces mesures de confinement ne seront pas la reprise telle quelle de celles que nous avions mises en place en mars et en novembre dernier", avait déclaré le chef du gouvernement.

Selon les informations récoltées par BFMTV en fin de semaine, Emmanuel Macron ne souhaitait pas que ce terme de confinement soit employé. Il n'aurait que très peu goûté l'emploi du mot et ne s'est pas privé de le faire savoir:

"Ce qu'on veut, c'est freiner le virus sans nous enfermer, ce n'est pas être confiné. C'est vivre avec (le virus), je le dis depuis un an, sans fatalité. (...) Le seul moyen c'est de freiner ses contacts pour éviter que le virus ne se diffuse. Mais se promener dehors n'est pas mauvais", a corrigé Emmanuel Macron vendredi auprès de plusieurs journalistes en marge d'une rencontre dans le cadre de la Journée de la Francophonie, à l'Elysée, défendant des "mesures de freinage supplémentaires".

Dans un entretien accordé au Parisien dimanche, Olivier Véran a tenu la ligne prônée par le chef de l'Etat: "Je me refuse à parler de confinement tout simplement parce que ce n'en est pas un", a argué le ministre des Solidarités et de la Santé.

"Ce terme évoque aux Français les semaines difficiles qu'ils ont passées enfermés chez eux. La situation est différente. Si je devais improviser un slogan ce serait: 'S'aérer pour souffler, se distancier pour se protéger'", a-t-il fait valoir.

Un changement de pied notable, alors que le mot d'ordre affiché depuis un an tenait en trois mots: "Restez chez vous."

"Ce n'est pas un confinement, un confinement on vous demande de rester chez vous", a renchéri dimanche Gabriel Attal sur BFMTV, dans cette même veine.

Toutefois, à l'heure où nous écrivions ces lignes ce lundi matin, plusieurs préfectures concernées par les "mesures de freinage supplémentaires", telles que celles des Hauts-de-Seine et de l'Eure, évoquaient toujours un "confinement" sur leur site Internet.

• Changement d'attestation en catastrophe samedi

Le terme de confinement n'a pas été l'unique pierre d'achoppement du week-end écoulé. L'exécutif s'est aussi heurté à des critiques sur l'attestation dérogatoire de déplacement mise en place, le forçant à revoir sa copie face à la cacophonie.

La version initiale a été mise en ligne samedi matin sur le site du ministère de l'Intérieur. Conformément à ce qui avait été annoncé jeudi soir par Jean Castex, elle était nécessaire pour tout déplacement hors de son domicile dans les 16 départements "confinés".

Sur le document figuraient quinze motifs de sortie à géométrie variable: dans un périmètre de 10 km pour sortir "prendre l'air", et 30 km pour par exemple effectuer des courses dans les commerces considérés comme étant "essentiels".

Une parution qui a suscité de nombreuses moqueries sur les réseaux sociaux, conduisant l'exécutif à simplifier le document et à en publier une nouvelle mouture samedi soir. Désormais, il n'est plus nécessaire d'être muni d'une telle attestation avant 19 heures et le début du couvre-feu, seul un justificatif de domicile peut être demandé.

"A partir du moment où la logique c’est de montrer que l’on fait des choses, et où la décision est inepte, tout ce qui en découle est inepte", s'agace ce lundi un cadre de la majorité dans les colonnes de L'Opinion.

C'était du "pur techno, imbitable", avait reconnu auprès de BFMTV une source de l'exécutif.

• Imbroglio au sujet des invitations à domicile

Dans la continuité des jours précédents, dimanche n'a pas été exempt de nouveau son discordant. Cette fois, c'est sur la réception de proches à son domicile que le bât a blessé.

"Aujourd'hui la logique c'est chacun chez soi ou tous dehors", a prôné Gabriel Attal dimanche sur BFMTV, dans la continuité de ce qu'il avait défendu vendredi sur RTL: "Le sens de ces mesures, c'est qu'il faut encore davantage réduire ses interactions sociales, ses contacts sociaux, et que tout ce qu'on peut faire dehors, il faut le faire dehors."

"Vous ne pouvez pas inviter chez vous des personnes pour un dîner, ni pour un déjeuner", a clairement énoncé le porte-parole du gouvernement sur notre antenne. "La logique aujourd'hui c'est de ne pas recevoir chez vous des personnes qui ne sont pas de votre domicile", a-t-il poursuivi.

Une consigne sans ambiguïté, bien que "non", la police ne peut se rendre chez quelqu'un pour constater un tel fait, a admis le porte-parole du gouvernement interrogé précisément sur ce point.

Il ne peut s'agir que d'une "recommandation" et non d'une "interdiction", faute de base légale suffisante, a éclairci par la suite le ministère de l'Intérieur auprès de BFMTV.

"Les verbalisations ne sont possibles qu'en cas de fêtes clandestines et en cas de tapage nocturne", a précisé la place Beauvau.

• Evolution des commerces autorisés à ouvrir en cas d'"aberration"

Y aura-t-il d'autres changements ou mises au point à venir de ces nouvelles mesures? Concernant les commerces autorisés à rester ouverts, la situation n'est semble-t-il pas encore figée.

Dimanche, invité du Grand Jury de RTL, Le Figaro et LCI, le ministre délégué aux PME Alain Griset a lui-même admis que cette liste était appréciée au "cas par cas" et pourrait être amenée à évoluer en cas d'"aberration".

Une liste, consultable sur le site du gouvernement, déjà allongée par rapport aux confinements du printemps et de novembre dernier avec les librairies, disquaires, salons de coiffure, entre autres.

Clarisse Martin Journaliste BFMTV