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Politique

Compte-à-rebours à l'UMP pour éviter l'implosion

Elus et cadres de l'UMP se mobilisent pour tenter de mettre fin à la partie de "roulette russe" entre François Fillon et Jean-François Copé et ressouder le principal parti d'opposition dont la crise paraît profiter au Front national. /Photo prise le 23 no

Elus et cadres de l'UMP se mobilisent pour tenter de mettre fin à la partie de "roulette russe" entre François Fillon et Jean-François Copé et ressouder le principal parti d'opposition dont la crise paraît profiter au Front national. /Photo prise le 23 no - -

par Sophie Louet PARIS (Reuters) - Elus et cadres de l'UMP se mobilisent pour tenter de mettre fin à la partie de "roulette russe" entre François...

par Sophie Louet

PARIS (Reuters) - Elus et cadres de l'UMP se mobilisent pour tenter de mettre fin à la partie de "roulette russe" entre François Fillon et Jean-François Copé et ressouder le principal parti d'opposition dont la crise paraît profiter au Front national.

Le président proclamé de l'UMP, qui estime avoir épuisé ses tentatives de conciliation face aux "coups de bluff" de l'adversaire, affirme qu'il se retranchera désormais derrière son "job de premier opposant" au gouvernement socialiste.

L'ex-Premier ministre reste de son côté inflexible sur la création d'un groupe parlementaire "transitoire", seul moyen de pression à ses yeux pour obtenir un nouveau vote après l'élection contestée du 18 novembre.

François Fillon a renouvelé jeudi dans un communiqué sa demande d'un groupe de travail "établissant les conditions d'une nouvelle consultation des adhérents".

Le député de Paris, qui ne parle plus de référendum en préalable, dit s'inscrire dans la démarche des "139 députés et (de) la quasi-totalité des sénateurs du groupe UMP" qui appellent à un nouveau vote pour départager les deux rivaux.

Les entourages restent en contact, mais impossible de prédire qui fera le premier pas.

"Le processus qui peut conduire au règlement de la crise, il est sur la table (...): que Jean-François Copé accepte une commission indépendante qui réfléchirait à un nouveau vote ou à un référendum, et que François Fillon de son côté accepte de renoncer à son groupe", a résumé sur Europe 1 Bruno Le Maire, qui espère ainsi mettre fin à une partie de "roulette russe".

71 DÉPUTÉS AU "R-UMP"

Le groupe des députés "non-alignés" que le député de l'Eure a lancé avec Nathalie Kosciusko-Morizet au nom de l'unité du parti compte pour l'heure 71 députés dont l'engagement reflète "l'état d'esprit de la majorité des militants".

Les élus demandent la réunion de la commission de Sages prévue dans les statuts du parti ou d'une commission composée de représentants des deux camps, comme l'a proposé le président du groupe UMP à l'Assemblée, le "copéiste" Christian Jacob.

L'objectif serait d'organiser rapidement un nouveau scrutin avec ou sans référendum préalable. Dès que la commission sera créée, le groupe "Rassemblement-UMP" serait dissous.

"C'est une solution facile, possible, rapide et de bon sens, que l'ensemble des militants, cadres et élus du mouvement attendent", souligne dans Le Figaro l'ancien secrétaire général de l'UMP Xavier Bertrand, également à la manoeuvre.

Le groupe "R-UMP" compte 71 membres après le ralliement de Valérie Boyer, Guy Teissier et Marcel Bonnot entériné dans le Journal officiel de jeudi. Le groupe UMP en compte 123, dont huit apparentés.

La rupture n'est toutefois pas consommée, puisque le "R-UMP" reste financièrement rattaché à l'UMP, chaque député apportant à sa formation une part annuelle de financement public.

"LA RISÉE DE L'ASSEMBLÉE"

Pour Bruno Le Maire, les parties adverses ont jusqu'à mardi prochain pour trouver un compromis. La scission du groupe UMP se matérialisera de fait lors de la prochaine séance de questions au gouvernement, avec un positionnement, un temps de parole, un quotas de questions distincts pour le "R-UMP". Les personnels de l'Assemblée ont d'ores et déjà commencé à modifier la répartition des sièges en commissions.

"Nous serons la risée de l'Assemblée nationale", dit-il.

Bruno Le Maire et Nathalie Kosciusko-Morizet ont démenti formellement jeudi à Reuters l'intention qui leur est prêté par Le Figaro de créer un troisième groupe à l'Assemblée.

"Nous ne voulons pas ajouter la division à la division", a réagi l'ancien ministre de l'Agriculture. "Nous n'avons qu'un objectif collectif : revoter pour éviter la scission", a renchéri l'ancienne ministre de l'Ecologie.

David Douillet, qui avait relayé dans les médias "l'exaspération" de Nicolas Sarkozy, a évoqué jeudi sur Europe 1 une mystérieuse "autre solution". "Ce n'est pas une solution juridique mais juridiquement on veut savoir si ça tient", a-t-il dit, évoquant par la suite une initiative qui "passerait au-dessus de la tête" de François Fillon et Jean-François Copé.

Selon un sondage CSA, 38% des personnes interrogées jugent que la crise à l'UMP profite avant tout au Front national.

"Nous sommes tous cuits si ça continue, il n'y aura de place pour personne ni en 2017, ni en 2014" aux municipales, a dit Bruno Le Maire.

Le parti de Marine Le Pen entend tirer les bénéfices du psychodrame lors des trois législatives partielles des 9 et 16 décembre (Hauts-de-Seine, Val-de-Marne, Hérault).

Avec Emmanuel Jarry, Emile Picy, édité par Yves Clarisse