BFMTV
Politique

Comment l'exécutif cherche à câliner les maires

Edouard Philippe au congrès de l'association des maires de France.

Edouard Philippe au congrès de l'association des maires de France. - JACQUES DEMARTHON / AFP

Ce mercredi soir, Emmanuel Macron reçoit les maires à l'Elysée alors que la discorde s'est installée entre l'exécutif et les élus sur fond de serrage de vis budgétaire. A présent, Emmanuel Macron et Edouard Philippe multiplient les gestes rassurants pour apaiser la tempête.

Depuis lundi et jusqu'à ce jeudi, l'Association des maires de France (AMF) tient son 100e congrès à Paris. Et les sujets abordés sont aussi nombreux que délicats. Beaucoup de ces élus sont ulcérés à l'idée que l'exécutif demande aux collectivités de procéder à treize milliards d'économie sur cinq ans, ait décidé de baisser les APL, veuille exonérer de la taxe d'habitation de nombreux foyers, ou encore diminuer le nombre d'emplois aidés. Selon le nouveau sondage Elabe pour BFMTV, ils ont l'appui des Français qui, à 56%, jugent qu'on exige trop des communes. 

Edouard Philippe, entre habileté et promesses

Mardi, Edouard Philippe a paru devant les élus, tentant de les rassurer: "Nous avons pris la décision de ne pas baisser les dotations". La veille, il avait affirmé: "Le gouvernement compensera à l'euro près le dégrèvement de taxe d'habitation". 

"C’était plutôt habile de la part d‘Edouard Philippe, c’est un ancien maire, il a parlé de son expérience, à la première personne. (…) Il s’est présenté avec un discours de câlinothérapie face à ces maires qui demandent du respect, de la reconnaissance mais sur le fond, rien ne change et il n’y aura pas d’enveloppe budgétaire supplémentaire", analyse Camille Langlade sur BFMTV. 

Les gestes d'Emmanuel Macron 

Et il n'est pas le seul à ouvrir grand les bras aux maires de France sans pour autant ouvrir le portefeuille. Ce mercredi et jeudi, Emmanuel Macron honore un triple rendez-vous avec l'Association des maires de France. Dans la soirée de mercredi, il reçoit 1500 maires après s'être entretenu en préambule avec le président de l'AMF, François Baroin, en avant-propos. Et jeudi, il doit discourir devant l'association. Une telle séquence est inédite depuis Jacques Chirac. 

Mais la route est longue avant d'apaiser la controverse. Ce mercredi soir sur BFMTV, Nicolas Langlois, maire communiste de Dieppe en Seine-Maritime, a expliqué le peu qu'il attendait de la réception élyséenne:

"Ça va certainement ressembler à une opération déminage avant le grand oral du président demain et au lendemain du grand oral de son Premier ministre, mais je ne suis pas convaincu que les agapes et les tapis rouges suffisent à atténuer la colère des maires. Derrière les maires, il y a des habitants, des associations, des projets et c’est cette colère-là qui est arrivée à Paris."

Dussopt contre le mépris? 

La colère des maires n'est pas qu'une affaire d'économie. Les maires se plaignent de ne pas bénéficier de la considération à laquelle ils pensent avoir le droit de la part du sommet de l'Etat. Mardi, dans Le Télégramme, André Laignel, vice-président de l'AMF, s'est ainsi exclamé: "Voici venu le temps du mépris!"

Faut-il y voir une volonté de répondre à ce soupçon? En tous cas, un nom revient, selon Le Figaro, lorsqu'on évoque un nouveau visage possible de ce remaniement ministériel qui n'en finit plus d'être imminent: Olivier Dussopt, député élu dans l'Ardèche. En dehors du profit politique que représenterait la promotion au sein du gouvernement d'un cadre du Parti socialiste, passé de Martine Aubry à Manuel Valls, l'exécutif pourrait y trouver une vertu tranquillisante pour les territoires et les élus. Le maire de la commune ardéchoise d'Annonay, forte de 16.000 âmes, est président de l'association des petites villes de France. Un profil qui devrait pas déplaire à ces élus en colère. 
Robin Verner