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Politique

Comment Emmanuel Macron et le gouvernement tentent de miser sur l'écologie pour la rentrée

Emmanuel Macron au G7 à Biarritz, le lundi 26 août 2019

Emmanuel Macron au G7 à Biarritz, le lundi 26 août 2019 - Francois Mori - Pool - AFP

Le gouvernement "fait le choix de s'engager plus avant" sur l'écologie, assure Edouard Philippe. Le Premier ministre a choisi de faire sa rentrée médiatique avec un déplacement sur le thème du "zéro déchet". Un nouveau signal de l'exécutif, qui multiplie les actions de communication sur l'environnement.

Edouard Philippe l'assure, il ne s'agit pas d'un "choix de circonstance". Le Premier ministre a défendu ce jeudi la volonté affichée du gouvernement "de s'engager davantage" en matière d'écologie, lors d'un déplacement à Roubaix, dans le Nord, sur le thème du "zéro déchet". Il a rejeté au passage les critiques de l'opposition, qui accuse la majorité d'agir par opportunisme électoral.

Car en matière d'écologie, l'action de l'exécutif est loin de faire l'unanimité. Subventions aux énergies fossiles, pesticides, perturbateurs endocriniens, conditions d'élevage des animaux… Le bilan des décisions environnementales du quinquennat, dressé fin juin par Le Monde, comprend une belle part de points rouges.

Des premières graines semées lors du grand débat 

Nicolas Hulot a même baissé les bras il y a un an, lassé des "petits pas" dont il devait s'accommoder au ministère de la Transition écologique et solidaire. Après ce revers, le président a dû s'assurer que "l'acte II" de son quinquennat soit placé sous le signe de la protection de l'environnement et la sauvegarde du climat, à la hauteur du "Make our planet great again" promis en juin 2017. Car sur l'écologie, Emmanuel Macron l'assure désormais : "J'ai changé. Très profondément."

"Nous n’en avons pas fait assez, on veut en faire plus", assure-t-on même à Matignon, dans les colonnes du Monde. "Quand le président de la République dit “j’ai changé”, c’est le cas de beaucoup de Français aussi. Ils attendent la transition écologique. On a la pression, et on se la met."

Le chef de l'Etat avait déjà annoncé à l'issue du grand débat la création d'un Conseil de défense écologique, dont la première réunion s'est tenue à quelques jours des élections européennes. Un scrutin où les écologistes sont arrivés en troisième position, derrière le Rassemblement national et la République en marche, avec un score honorable de plus de 13%.

Le G7, une occasion en or

Le point d'orgue de ces mois de reconquête écologique était le G7, qui se tenait le week-end dernier à Biarritz sous la bannière de "la lutte contre les inégalités", notamment face aux changements climatiques. 

"Depuis le sommet de Copenhague, on travaille au financement de la transition énergétique. L’objectif est de débloquer 100 milliards de dollars par an pour les pays du Sud", expliquait dans l'Opinion l'un des conseillers de Brune Poirson, secrétaire d'Etat à la Transition écologique, dont les équipes ont été associées à la préparation du sommet.

L'objectif est aussi, pour Emmanuel Macron, d'inciter les entreprises du privé à mettre la main au portefeuille pour œuvrer au développement durable et à la transition écologique. 

Le bras de fer avec Jair Bolsonaro

Le G7 s'est surtout révélé l'occasion de brandir la carte écologique face au président brésilien Jair Bolsonaro. En conclusion du sommet international, le président français a annoncé une aide financière et un soutien logistique français aux pays frappés par les incendies en Amazonie.

En parallèle d'une passe d'armes personnelle entre les chefs d'Etat français et brésilien, la situation a permis à Emmanuel Macron de se placer en défenseur de la forêt. "Nous sommes Amazoniens", a-t-il lancé, rappelant aussi l'ancrage de la France en Amérique du Sud. 

Un message qui fait grimacer les déçus de la politique gouvernementale. "On ne peut pas dire que rien n’a été fait, mais l’écologie n’est clairement pas au cœur de l’action du gouvernement", déplore dans Le Parisien le député Matthieu Orphelin, qui a récemment abandonné l'étiquette LaREM. "Il y a toujours un écart entre ce qu’il faudrait faire, ce qui est annoncé et ce qui se passe dans la réalité", tance-t-il. 

La loi antigaspillage, l'occasion de faire ses preuves?

"J'observe qu'il y a quelque temps, ils nous disaient qu'on ne faisait pas assez et maintenant j'entends qu'ils disent qu'on en fait trop", a répliqué Edouard Philippe à ses opposants ce jeudi. Cette rentrée de septembre est l'occasion pour le gouvernement de prouver sa bonne foi, à plus forte raison dans le quotidien des Français plutôt que sur la scène internationale. C'était notamment l'ambition affichée du déplacement à Roubaix sur le thème du "zéro déchet": 

"C'est bon économiquement, bon écologiquement et bon socialement", a martelé devant les caméras le Premier ministre. "Il s'agit de dire que c'est possible, que nous pouvons avec un certain nombre de textes, d'incitations de la part du gouvernement, de favoriser ceux qui font ce genre de choix", a-t-il illustré. 

La loi antigaspillage, portée par la secrétaire d'Etat à la Transition écologique Brune Poirson, sera présentée au Parlement fin septembre.

Liv Audigane