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Politique

"Comité de la majorité": Philippe tente d'asseoir son autorité en macronie

Édouard Philippe

Édouard Philippe - BERTRAND GUAY / AFP

Édouard Philippe a instauré un nouveau rendez-vous informel avec les cadres de la majorité afin de consolider sa position.

La fiction d'un duo exécutif équilibré avait volé en éclats dès le lendemain du discours de politique générale du Premier ministre: le président de la République avait alors court-circuité Édouard Philippe sur l'épineuse question fiscale, prouvant qu'en macronie, le pouvoir n'était que résiduel en dehors de l'Élysée. C'est pour établir une autorité que sa personnalité discrète n'a pas contribué à asseoir que le locataire de Matignon a instauré, depuis mercredi, un nouveau rendez-vous informel entre les cadres de "sa" majorité.

Montée en puissance

Comme le relate Le Parisien, le premier "comité de la majorité" a réuni autour d'un dîner le président de l'Assemblée nationale François de Rugy, les chefs de du MoDem et de La République en marche, François Bayrou et Christophe Castaner, et quelques éminents ministres - Gérard Collomb, Jean-Yves Le Drian et Bruno Le Maire. "L’idée, c’est d’avoir un moment de réflexion à plusieurs, voir ce qui marche et ce qui ne marche pas, pour se projeter sur le moyen terme", explique-t-on à Matignon. Au gouvernement, on le jure, Édouard Philippe a trouvé ses marques: "Les regards changent", certifie un ministre. "Il monte en puissance", atteste un autre. 

Un proche du Château écaille pourtant ce beau vernis:

"Ces réunions à Matignon, ce sont des civilités, rien de plus. Car tout le monde sait bien que tout se décide à l’Élysée."

Un Premier ministre isolé

C'est que la position de l'ancien maire du Havre est loin d'être aisée:

"Il y a forcément une petite difficulté à être chef de la majorité sans appartenir à aucun des deux partis qui la composent. Même s’il y a une volonté chez Édouard Philippe de s’affirmer comme tel, le vrai chef de la majorité, c’est Macron", commente dans Le Parisien un familier de l'Élysée.

La situation partisane d'Édouard Philippe, désormais sans étiquette puisqu'exclu des Républicains, illustre bien la difficulté politique dans laquelle il se trouve. Son intronisation en tant que patron de La République en marche auraient donné aux marcheurs "l’impression de basculer à droite sans qu’on leur ait demandé leur avis", analyse un proche du président. Impossible, donc. Toutefois, une adhésion du Premier ministre au parti présidentiel sans qu'il n'en devienne le chef paraît être une hypothèse bien incongrue.

"Condamné à ce rôle de pivot, il est pieds et poings liés. Il ne peut pas se permettre d’entrer en conflit avec les partis de la majorité", résume un ponte de la majorité.

Autrement dit, Édouard Philippe est dans l'impasse et condamné au succès.

Louis Nadau