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Cohn-Bendit dénonce la politique sécuritaire de Sarkozy

Dans une interview au Monde, Daniel Cohn-Bendit critique vivement les dernières annonces de Nicolas Sarkozy en matière de lutte contre l'insécurité et appelle droite et gauche à sortir de leur "jeu de rôle" pour débattre de ce sujet complexe. /Photo d'arc

Dans une interview au Monde, Daniel Cohn-Bendit critique vivement les dernières annonces de Nicolas Sarkozy en matière de lutte contre l'insécurité et appelle droite et gauche à sortir de leur "jeu de rôle" pour débattre de ce sujet complexe. /Photo d'arc - -

PARIS (Reuters) - Daniel Cohn-Bendit a vivement critiqué les dernières annonces de Nicolas Sarkozy en matière de lutte contre l'insécurité et appelé...

PARIS (Reuters) - Daniel Cohn-Bendit a vivement critiqué les dernières annonces de Nicolas Sarkozy en matière de lutte contre l'insécurité et appelé droite et gauche à sortir de leur "jeu de rôle" pour débattre de ce sujet complexe.

Dans une interview publiée par Le Monde daté de mardi, le dirigeant d'Europe Ecologie déclare que le chef de l'Etat "prend les Français pour des imbéciles" en réclamant que les délinquants d'origine étrangère qui s'en prennent à des membres des forces de l'ordre soient déchus de la nationalité française.

"Tout le monde sait que quelqu'un qui tue un policier est déjà condamné à la perpétuité. Croit-on vraiment que son problème, avant de passer à l'acte, sera de savoir s'il sera déchu ou pas de la nationalité française ?", demande-t-il.

Il ajoute que, s'il n'est que Français, la perte de sa nationalité le transformerait en apatride à sa sortie de prison. "Comme il y a une convention internationale qui interdit de créer des apatrides, c'est irréalisable juridiquement."

Daniel Cohn-Bendit estime encore que la politique sécuritaire de Nicolas Sarkozy est "malveillante, parce qu'elle produit en permanence de l'exclusion".

"C'est un populisme de l'exclusion pour rassembler la droite dure, la France profonde, sur le dos des minorités", dit-il.

LES DÉBATS QUI DÉRANGENT

Le lien établi par Nicolas Sarkozy entre délinquance et insécurité fin juillet à Grenoble ou son appel au démantèlement des camps illégaux de Roms avaient suscité de nombreuses critiques dans les rangs de l'opposition, qui l'a accusé de faire diversion par rapport aux difficultés économiques tout en courtisant l'électorat d'extrême droite.

Daniel Cohn-Bendit a cependant invité l'opposition à ne pas se laisser enfermer dans la protestation et d'accepter "de dire la vérité et d'ouvrir des débats qui dérangent sur la sécurité".

"Le risque, c'est qu'il (Nicolas Sarkozy) nous empêche de nous poser les bonnes questions pour trouver des solutions et que chacun reste dans son jeu de rôle."

"Il faut un débat ouvert parce que les citoyens français sont divisés. Tant qu'on n'aura pas compris la complexité du problème, on n'arrivera pas à trouver des solutions", dit-il.

Dans un communiqué publié lundi, le Conseil représentatif des associations noires de France (Cran) a demandé à Nicolas Sarkozy "de ne pas transformer la France en Amérique des années Bush", dont la politique était stigmatisée par la presse et dans les instances internationales.

Alors qu'un comité de l'Onu s'est inquiété récemment de la politique de la France envers les étrangers et que plusieurs journaux étrangers, à l'image du New York Times, ont commenté négativement sa politique sécuritaire, le Cran souhaite qu'il comprenne ces critiques, ajoutant dans un communiqué :

"Nous lui demandons de ne plus diviser le Français en érigeant les Roms, les gens du voyage ou les Français 'd'origine étrangère' en victimes expiatoires, créant ainsi une catégorie de sous-citoyens."

Yann Le Guernigou, édité par Yves Clarisse