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Code du travail: 40% des Français favorables à une réforme en profondeur

Selon un sondage Elabe pour BFMTV, publié ce mercredi à la veille de l'annonce des ordonnances, 52% des Français se prononcent pour une réforme du Code du travail sur quelques aspects seulement, 40% pour sa modification profonde. 60% des Français font par ailleurs part de leur inquiétude devant la perspective d'une réforme du droit du travail par le gouvernement.

Le dernier sondage de l'institut Elabe pour BFMTV, publié ce mercredi, rend une photo contrastée de l'état de l'opinion quant à la réforme du Code du travail, à la veille de l'annonce des ordonnances. Les Français favorables à une réforme profonde du Code du travail ne sont plus que 40%, soit une baisse de quatre points de cette tendance depuis la dernière mesure concernant ce sujet il y a trois mois.

52% d'entre eux se prononcent pour une réforme ramenée à un simple "aménagement sur quelques aspects seulement", en augmentation de deux points. Enfin, 7% des Français plaident pour laisser le Code du travail en l'état.

Les catégories sociales populaires et moyennes sont les plus enclines à l'aménagement. Les premières penchent en ce sens à hauteur de 63%, soit un bond de six points, et les secondes à 61%, en hausse de onze points. Les franges socioprofessionnelles les plus favorables à l'idée d'une réforme profonde du Code du travail sont les cadres, qui soutiennent cette hypothèse pour 52% d'entre eux, ce qui représente malgré tout une opinion s'affaiblissant de six points sur ces douze dernières semaines, et les retraités (56%, +3 points).

Des clivages politiques nets

Le sujet s'affirme comme une pomme de discorde segmentant le débat public. Les électeurs de Jean-Luc Mélenchon et ceux de Benoît Hamon au premier tour de la présidentielle préfèrent des retouches sur quelques aspects du Code du travail plutôt qu'un grand chambardement, et ce pour 67% d'entre eux dans les deux cas. Ceux de Marine Le Pen inclinent dans la même direction pour 55% d'entre eux. A noter cependant que cette dernière famille politique concentre le plus de personnes désireuses de laisser la législation en l'état (16%).

A l'inverse, les plus favorables à la réforme profonde du droit du travail sont les citoyens ayant glissé un bulletin au nom de François Fillon dans l'urne en avril. Ils sont 70% à voir les choses ainsi, en hausse d'un point. L'un des enseignements de ce sondage est donc que les partisans d'Emmanuel Macron ne sont pas les plus enthousiastes dans ce domaine: 59%, en baisse d'un point, se prononcent en effet pour un vaste changement, et 38% pour des modifications plus ponctuelles.

60% des Français "inquiets" avant la réforme

Répondant à une autre interrogation du sondage, 60% des Français se disent "inquiets" de la volonté d'Emmanuel Macron et du Premier ministre de réformer le droit du travail. La statistique a peu varié depuis la dernière mesure sur ce sujet il y a deux mois, les 27 et 28 juin, ne perdant qu'un point. Par ailleurs, 25% des sondés ont témoigné de leur "confiance", mais ils sont 4% moins nombreux qu’auparavant, et 15% de leur "indifférence", soit une hausse de cinq points.

Les plus inquiètes devant l’initiative de l’exécutif sont les classes populaires (73%) et moyennes (66%). Cette anxiété en revanche a baissé de quinze points en huit semaines chez les cadres pour ne toucher plus que 42% d’entre eux, désormais débordés par les 45% de "confiants", un accroissement de sept points. Là encore, les différentes démarcations politiques se signalent avec force. L’inquiétude prévaut largement à gauche et parmi les sympathisants de la candidate du Front national à la dernière présidentielle.

Les "confiants" se sont réfugiés ailleurs sur l’échiquier politique, et en l’occurrence au sein des partisans d’Emmanuel Macron et quelques-uns parmi l’électorat de François Fillon. 62% des électeurs de l’actuel chef de l’Etat lors du scrutin présidentiel font part de leur sérénité mais il s’agit là d’un effritement de cinq points. En outre, ils sont 35% au sein de l’électorat de François Fillon à déclarer leur "confiance" dans la volonté de l’exécutif de réformer le droit du travail, soit un trou d’air de quinze points par rapport au taux enregistré il y a deux mois.

Des propositions de moins en moins bien accueillies

On observe enfin une dégradation générale de l'accueil par l'opinion publique des différentes mesures envisagées dans le cadre des ordonnances à paraître. Deux pistes sont encore largement approuvées, bien que moins largement que précédemment. L'organisation d'un référendum d'entreprise en cas d'accord avec les syndicats représentant seulement entre 30 et 50% des salariés est de celles-ci, avec 61% de faveurs, soit tout de même un coup de moins bien de trois points. La fusion des institutions représentatives du personnel en une seule entité plaît encore à 60% des sondés, et à nouveau une chute, de cinq points cette fois.

L'assouplissement de la réglementation autour du recours au CDD et à l'intérim par des accords de branche (51%,-4) et la primauté des accords d'entreprise sur les accords de branche (52%, -1) sont encore validés mais désormais d'une courte majorité.

D'autres mesures sont nettement impopulaires. La plus forte baisse, de huit points, concerne la généralisation des contrats de projet. Il n'y a plus désormais que 44% des Français pour soutenir cette proposition. L'idée de plafonner les indemnités prud'homales dues par l'employeur en cas de licenciement abusif est la plus massivement rejetée: 62% des personnes interrogées s'inscrivent en faux, dont 29% se disent "tout à fait" opposées à cette possibilité.

Echantillon de1 000 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. La représentativité de l’échantillon a été assurée selon la méthode des quotas appliquée aux variables suivantes: sexe, âge et profession de l’interviewé après stratification par région et catégorie d’agglomération. Interrogation par Internet les 29 et 30 août 2017.

Robin Verner