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Politique

Christiane Taubira réagit à la polémique autour des tweets de Mehdi Meklat

Christiane Taubira, le 5 février 2017.

Christiane Taubira, le 5 février 2017. - Thomas Samson - AFP

L'ex-garde des Sceaux a réagi, sur Facebook, à l'affaire Mehdi Meklat, ce jeune chroniqueur du Bondy Blog venant de sortir un roman au Seuil, et dont d'anciens tweets injurieux viennent remonter à la surface.

Elle avait posé aux côtés de Mehdi Meklat en Une des Inrockuptibles, début février. Ce lundi, l'ancienne ministre de la Justice Christiane Taubira s'est expliquée sur cette rencontre, dans un post publié sur sa page Facebook, alors que la polémique enfle autour du jeune auteur et chroniqueur de 24 ans, dont d'anciens tweets au ton très injurieux postés sous une autre identité sont remontés à la surface, ce week-end.

Tweets haineux

Chroniqueur au Bondy Blog, ce site lancé en 2005 au moment des émeutes dans les banlieues, passé par France Inter, et désormais co-auteur, avec son comparse Badroudine Saïd Abdallah, d'un roman publié aux Editions du Seuil, Minute, Mehdi Meklat a tweeté, il y a quelques années, sous le pseudonyme "Marcelin Deschamps", de nombreux tweets injurieux. Ceux-ci ont été exhumés par des internautes à la fin de la semaine dernière, alors que le jeune homme poursuivait la promotion de son ouvrage.

Teintés de haine, ces anciens tweets de Mehdi Meklat, postés jusqu'en 2015, alternaient entre racisme, antisémitisme, homophobie, ou encore misogynie. "Les Blancs, vous devez mourir ASAP", écrivait-il en novembre 2014. "Venez on enfonce un violon dans le cul de Madame Valls", pouvait-on lire en octobre 2012, deux mois avant ce: "Je crache des glaires sur la sale gueule de Charb et tous ceux de Charlie Hebdo".

"Il faut purger, curer, cureter"

Christiane Taubira, qui apparaît en compagnie de Mehdi Meklat en Une d'un des derniers numéros des Inrockuptibles, a réagi à l'affaire ce lundi, sur sa page Facebook, prenant la défense de la rédaction de l'hebdomadaire. 

"Il y a beaucoup d’évidences dans cette affaire de tweets de Mehdi Meklat. La première, c’est que les Inrocks n’auraient pas pris le risque de se compromettre. C’est un journal qui aime débattre, et même quereller les goûts artistiques, pas se salir. La deuxième, c’est qu’il ne leur serait pas venu à l’idée de me proposer cette rencontre s’ils avaient eu la moindre connaissance même d’un seul de ces tweets, car ils savent que sur ces sujets, il n’y a pas d’espace pour des débats", écrit ainsi l'ancienne ministre de la Justice.

"J’ai rencontré Mehdi Meklat pour cet entretien, j’avais lu leurs deux livres. Je maintiens qu’ils sont bien écrits. Il y a quelque chose à purger. Il ne peut résider dans un même esprit la beauté et la profondeur d’une telle littérature et la hideur de telles pensées. Il faut purger, curer, cureter. Cela se fait plus aisément lorsqu’on n’est qu’au début d’une vie où il y a tant à faire", ajoute-t-elle encore.

"J'incarnais un personnage honteux"

Face à la polémique, le principal intéressé s'était expliqué dans un premier temps sur Twitter, samedi, affirmant avoir "incarné un personnage" pendant de nombreuses années.

"Jusqu'en 2015, sous le pseudo 'Marcelin Deschamps', j'incarnais un personnage honteux raciste antisémite misogyne homophobe sur Twitter. A travers Marcelin Deschamps, je questionnais la notion d'excès et de provocation. Mais aujourd'hui je tweete sous ma véritable identité", a-t-il justifié. "Les propos de ce personnage fictif ne représentent évidemment pas ma pensée et en sont tout l'inverse", a poursuivi Mehdi Meklat, avant de s'excuser pour ces propos "obsolètes".

"Ces outrances verbales sont indéfendables"

Ce lundi, Mehdi Meklat a doublé ces premières explications d'un long post sur sa page Facebook, dans lequel il réitère ses "plus sincères excuses". "Je sais que bon nombre d’entre vous ont été légitimement blessés, outrés par ces injures, ces insultes, ces éructations qui ont ressurgi des tréfonds d’Internet ce week-end. Je comprends l’émotion que peuvent susciter ces outrances verbales. Elles sont indéfendables", écrit le jeune homme. 

"Marcelin Deschamps était absolument immoral. Il était honteux, misogyne, antisémite, raciste, islamophobe et homophobe. Il avait la haine entre ses mots et rejetait catégoriquement l’amour. Grisé par cette liberté infinie, Mehdi n’a pas su contrôler Marcelin. Nous partagions peut-être parfois une certaine colère mais je la transformais en art quand Marcelin n'avait que la haine en lui", explique encore Mehdi Meklat, avant de raconter avoir décidé de se débarrasser de son double il y a quelques mois. 

"J’ai décidé d’être définitivement 'Mehdi Meklat' sur Twitter. D’être moi. J'ai tué Marcelin Deschamps, ce personnage que j'exècre. Mais ses tweets étaient encore là, définitivement gravés. Ils étaient même signés, depuis que j’avais changé mon pseudo, par mon vrai nom. Au lieu de tuer définitivement Marcelin en créant un nouveau compte, Mehdi a endossé rétroactivement ces insanités avec la naïveté de croire que la distinction entre les deux était claire -malgré les avertissements", se désole-t-il, assurant une nouvelle fois n'avoir "rien à voir" avec ces "outrances" qui "n'auraient jamais dû exister". 

A.S.