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Christian Noyer presse l'exécutif d'engager de vastes réformes

Le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, presse le gouvernement d'engager de vastes réformes structurelles, dont celle du marché du travail pour redresser l'économie, tout en réduisant les déficits sans s'écarter de la trajectoire prévue. /P

Le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, presse le gouvernement d'engager de vastes réformes structurelles, dont celle du marché du travail pour redresser l'économie, tout en réduisant les déficits sans s'écarter de la trajectoire prévue. /P - -

par Jean-Baptiste Vey PARIS (Reuters) - Le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, presse le gouvernement d'engager de vastes réformes...

par Jean-Baptiste Vey

PARIS (Reuters) - Le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, presse le gouvernement d'engager de vastes réformes structurelles, dont celle du marché du travail pour redresser l'économie, tout en réduisant les déficits sans s'écarter de la trajectoire prévue.

Ces remarques interviennent en pleine conférence sociale, réunie par le nouvel exécutif pour établir le calendrier de négociations et concertations sociales pour les prochains mois.

Christian Noyer, qui est membre du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne, a également invité mardi les Etats européens à mettre rapidement en oeuvre les récents accords, dont la création d'une supervision bancaire unifiée.

Il a répété que le système des banques centrales de la zone euro "se tient prêt à agir" mais a insisté sur le fait que "l'efficacité de son action dépend grandement des décisions concernant l'avenir de la zone euro" et de leur mise en oeuvre.

"Les grandes lignes des réformes à mener en France paraissent claires", écrit Christian Noyer dans sa lettre aux présidents de la République, du Sénat et de l'Assemblée nationale, insérée dans le rapport annuel de la Banque de France présenté mardi.

Il préconise d'abord de "tenir sans aucun écart notre plan de rééquilibrage des finances publiques pour assurer la confiance des investisseurs, des entreprises et des ménages".

Malgré le net ralentissement de la croissance, le gouvernement promet de tenir son objectif de réduction du déficit à 4,5% du PIB fin 2012 et 3% fin 2013 (après 5,2% fin 2011). Il prévoit pour cela une hausse de 7,2 milliards d'euros des prélèvements d'ici fin 2012.

La persistance d'un déficit élevé et l'existence même d'un déficit des comptes sociaux "posent clairement la double question de la soutenabilité de ce modèle et de l'efficacité des dépenses", écrit Christian Noyer.

"MALHEUREUSE EXCEPTION FRANÇAISE"

Il souligne dans sa lettre que l'environnement de taux d'emprunt bas de la France sur les marchés financiers "doit absolument être préservé". "Or, il repose intégralement sur la crédibilité de la stratégie de retour à l'équilibre budgétaire."

Il a estimé devant la presse que le fait que la France ait pu -pour la première fois- emprunter lundi à des taux négatifs démontrait cette crédibilité, mais était aussi la marque d'un dysfonctionnement des marchés dans la zone euro.

Selon Christian Noyer, "la compétitivité est la clé de la croissance" et "celle de l'économie française préoccupe les observateurs français et étrangers".

"Le constat est sans appel: de tous les pays avancés, la France est celui dont les parts de marché dans les exportations mondiales enregistrent, depuis l'année 2000, le recul le plus marqué", ajoute-t-il, expliquant en partie ce fait par la hausse du coût du travail en France par rapport à l'Allemagne.

"Retrouver le dynamisme qui a fait de notre pays un des premiers exportateurs mondiaux suppose de s'attaquer aux rigidités de toute nature qui freinent les activités productives", poursuit-il, citant le développement de nouveaux produits, l'ouverture des professions fermées, et l'innovation.

Il faut, poursuit Christian Noyer, "réformer notre marché du travail, notre politique d'éducation et de formation professionnelle. Et, plus généralement, procéder aux réformes structurelles susceptibles de maximiser la création et le développement des activités productives et des emplois".

Pour mettre fin à l'incapacité du pays à créer des emplois, en particulier pour les jeunes, une "malheureuse exception française", il faut selon lui mettre fin à la séparation du marché du travail entre les travailleurs en CDI et les autres.

"Une réforme du marché du travail conduisant à rapprocher les types de contrats pour donner plus de flexibilité aux entreprises -et donc davantage d'incitations à embaucher en CDI- tout en réduisant la précarité des CDD apparaît ainsi comme une priorité", écrit-il. "Elle devrait conduire à donner plus de place aux accords de branche et d'entreprise."

Le nouvel exécutif n'a rien dit sur un rapprochement des types de contrats, une promesse de Nicolas Sarkozy en 2006 qui avait été abandonnée dès son élection et cette idée n'est pas définie comme une priorité des travaux de la conférence sociale.

L'efficacité et la robustesse du système financier français doivent être encore renforcées, a-t-il poursuivi, et "les activités véritablement déconnectées des besoins réels, purement spéculatives, devraient être mises à l'écart" ou interdites.

Les banques françaises qui font partie du panel du Libor ont fait l'objet de demandes d'informations et aucun reproche ne leur a été formulé, a-t-il précisé, alors que le scandale sur des manipulations de ces taux d'intérêt interbancaires ont entraîné la démission de dirigeants de Barclays.

Jean-Baptiste Vey, édité par Marc Joanny