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Politique

Caroline De Haas "sidérée" par le soutien du gouvernement à Gérald Darmanin

La militante féministe, Caroline De Haas.

La militante féministe, Caroline De Haas. - PATRICK KOVARIK / AFP

Caroline De Haas a publié ce jeudi soir une tribune sur le site Mediapart. Elle y évoque l'affaire Sophie Spatz, qui accuse le ministre de l'Action et des Comptes publics de viol. La militante féministe martèle sa sidération face au traitement politique réservé au sujet.

La militante féministe, Caroline De Haas, a publié ce jeudi soir sur le site Mediapart une tribune dans laquelle elle répète sa "sidération" devant la manière dont est traitée selon elle l'affaire qui voit Sophie Spatz accuser de viol, qui aurait été commis en 2009, celui qui est à présent le ministre de l'Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin. Elle reproche notamment à Edouard Philippe d'exprimer son soutien à son ministre avant que la justice ne soit passée. 

Une rencontre avec Pierre Spatz en 2017

Avant d'en arriver à ces propos, Caroline De Haas raconte comment durant une campagne électorale, avant l'été dernier, Pierre Spatz, le mari de Sophie Spatz, l'a contactée sur son portable, puis est venu la voir à la sortie d'une réunion publique. Elle a alors dirigé le couple Spatz vers une avocate.

En juin 2017, une première plainte est classée sans suite. Sophie Spatz n'a pas répondu aux convocations des enquêteurs par peur d'y "aller seule et subissant des intimidations" selon son avocate. Après une plainte déposée le même mois par Gérald Darmanin pour dénonciation calomnieuse, la plaignante en dépose à son tour une nouvelle, déclenchant l'ouverture d'une enquête préliminaire il y a quelques jours. 

Mais c'est moins sur le déroulé de l'affaire que sur la façon dont elle a été reçue dans la sphère publique que Caroline De Haas s'attarde. Elle s'en prend d'abord au traitement médiatique:

"Je suis sidérée par la façon dont Sophie Spatz, la plaignante, est présentée. Son ancien métier de call-girl est rappelé systématiquement. (...) Comme si son ancien métier pouvait justifier une violence sexuelle ou qu’il constituait une information sur la crédibilité de ses accusations. Son passé judiciaire rappelé en boucle."

Edouard Philippe visé

Elle poursuit: "Je suis sidérée par la méconnaissance généralisée sur les violences sexuelles. Le fait que l’affaire ressorte des années après serait le signe qu’elle serait fausse." Selon elle, si les accusations de viols ou d'agressions sexuelles à l'encontre de personnalités célèbres ne font souvent surface que des années après les faits présumés, c'est "parce que la peur, l’isolement et la honte, ressentis par quasiment toutes les victimes de violences, sont exacerbés par le fait que la personne visée est connue."

Mais pour l'essentiel, ses reproches visent la classe politique et l'exécutif en particulier. Caroline De Haas dénonce les propos du Premier ministre: "Je suis sidérée par la réaction du Premier ministre qui, sans attendre que la justice soit rendue, a décidé qui avait raison ou tort dans cette affaire. 'Il a toute ma confiance' a-t-il dit de l’accusé. Sans même ajouter 'si les faits sont avérés, c’est grave'."

Caroline De Haas évoque le comportement de la majorité 

L'une des ministres de ce dernier, Nicole Belloubet, la Garde des Sceaux, est aussi l'objet de la stupeur et de la colère de l'auteure de la tribune:

"Je suis sidérée que la ministre de la Justice, Nicole Belloubet ait commenté une enquête préliminaire pour viol alors même qu’elle vise un membre de son gouvernement. Elle est la supérieure hiérarchique du parquet, chargé d’appliquer la loi. Comment la patronne du parquet peut s’exprimer sur une enquête préliminaire sans que personne ne réagisse?"

Plus largement, c'est la majorité qui ne sort pas indemne de ce texte: "Je suis sidérée par la réaction du gouvernement et des député.e.s en Marche qui se mobilisent pour défendre (et applaudir!) le ministre accusé de viol. Faisant mine que tout est normal alors que tous le savent parfaitement: un ministre accusé de viol, cela fragilise l’action du gouvernement, en particulier sur la lutte contre les violences."

Robin Verner