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Politique

Cannes: "Des hommes sans loi", du sang versé sur la Croisette

Les acteurs de "Des hommes sans loi" Shia Labeouf, Jessica Chastain, Tom Hardy et Jason Clarke (de gauche à droite). Ce deuxième film américain en compétition du Festival de Cannes projeté samedi, d'une violence crue, repose sur le récit romancé des avent

Les acteurs de "Des hommes sans loi" Shia Labeouf, Jessica Chastain, Tom Hardy et Jason Clarke (de gauche à droite). Ce deuxième film américain en compétition du Festival de Cannes projeté samedi, d'une violence crue, repose sur le récit romancé des avent - -

par Wilfrid Exbrayat CANNES (Reuters) - "Des hommes sans loi" (Lawless), deuxième entrée américaine en compétition du Festival de Cannes, n'est ni...

par Wilfrid Exbrayat

CANNES (Reuters) - "Des hommes sans loi" (Lawless), deuxième entrée américaine en compétition du Festival de Cannes, n'est ni tout à fait un film indépendant, de par son casting de choc notamment, ni tout à fait un blockbuster hollywoodien, ne serait-ce que par sa violence crue.

Projeté samedi matin, il correspond à la description que le délégué général du Festival, Thierry Frémaux, avait faite le mois dernier de la sélection américaine dans la compétition.

Mais ce long métrage est au moins autant australien qu'américain. Le réalisateur, trois des acteurs principaux et le scénariste et rock star Nick Cave sont en effet australiens.

"Des hommes sans loi" repose sur le récit romancé des aventures des Bondurant, une famille de "bootleggers" de Virginie, ces bouilleurs de crus clandestins sous la Prohibition.

Le récit, paru en France sous le titre "Pour quelques gouttes d'alcool", a été développé par le petit-fils d'un des membres du clan Bondurant.

Que ce film d'action figure dans la sélection officielle, qui plus est en compétition, témoigne de l'éclectisme revendiqué par le délégué général du Festival, qui a notamment donné ses lettres de noblesse à l'animation sur la Croisette.

HORS-LA-LOI DES CAMPAGNES CONTRE PÈGRE CITADINE

Le Britannique Tom Hardy interprète Forrest, le chef du clan, l'acteur australien Jason Clarke Howard, son frère, et l'Américain Shia LeBeouf Jack, le frère cadet, héros du roman.

Dans ce milieu de hors-la-loi des campagnes, qui vont devoir s'affronter à une pègre citadine encore plus sauvage, les femmes apportent la nécessaire note de douceur et de civilisation salvatrice.

Maggie (Jessica Chastain, qui incarnait la grâce dans "L'Arbre de Vie" de Terrence Malick l'an passé) a fui Chicago et ses mafieux pour se retrouver embringuée dans les démêlés des Bondurant avec un gangster raffiné à sa manière, suprêmement hautain, violent et dédaigneux (Guy Pearce), dont le style urbain tranche avec l'accoutrement dépenaillé des ruraux virginiens.

La police corrompue, elle, compte les points.

Mia Wasikowska, l'Alice australienne de Tim Burton, est Bertha, une jeune fille diaphane, surprise une fois un faon dans les bras, contrepoint lumineux et gracieux aux effusions de sang.

Elle est membre des Dunkards, l'une des nombreuses sectes chrétiennes des Etats-Unis. Entre elle et Jack, au milieu de la violence, de la haine et de la corruption ambiante, naîtra l'amour.

"Des hommes sans loi" est mis en scène par l'Australien John Hillcoat, qui a réalisé "La Route" (2009), d'après le roman de Cormac McCarthy.

MANIÈRE "RAFRAÎCHISSANTE" DE TRAITER LA VIOLENCE

"J'ai toujours rêvé de faire des films qui racontent des histoires intéressant le monde entier", a-t-il dit lors d'une conférence de presse. "Les Etats-Unis m'attirent mais l'environnement y est plutôt difficile, comme chacun sait, notamment dans mon domaine à moi, à savoir les films au budget de taille moyenne".

Il a toutefois exprimé l'espoir de voir cette situation s'améliorer, avec notamment la conception de fictions intelligentes grâce à des chaînes de télévision comme HBO.

La Prohibition est une période de l'histoire des Etats-Unis qui a toujours fasciné le cinéma, et ce dès les années 1930. Les films de l'époque comportaient parfois des cartons appelant la population à résister à la pègre.

"Nous sommes dans une époque d'insécurité, d'instabilité et il semble que nous établissions de ce fait des parallèles avec les années 1930 (.) Ces années représentaient en quelque sorte les débuts du crime organisé", a jugé Hillcoat.

Violent, son long métrage l'est assurément, au risque de verser dans la complaisance, mal endémique d'un certain cinéma contemporain. Mais son scénariste rejette cette idée.

"La violence au cinéma ne m'intéresse pas vraiment, elle est souvent ennuyeuse", a dit Nick Cave. "Mais la manière (dont Hillcoat) la traite, je la trouve à fois passionnante et rafraîchissante."

Edité par Chine Labé et Jean-Loup Fiévet