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Cahuzac veut que Lagarde vienne s'expliquer sur le cas Tapie

Le président de la commission des Finances de l'Assemblée nationale, Jérôme Cahuzac, demande que la ministre de l'Economie, Christine Lagarde, s'explique sur les 220 millions d'euros versés selon lui par l'Etat à Bernard Tapie (photo). /Photo d'archives/R

Le président de la commission des Finances de l'Assemblée nationale, Jérôme Cahuzac, demande que la ministre de l'Economie, Christine Lagarde, s'explique sur les 220 millions d'euros versés selon lui par l'Etat à Bernard Tapie (photo). /Photo d'archives/R - -

par Emile Picy PARIS (Reuters) - Le président de la commission des Finances de l'Assemblée nationale, Jérôme Cahuzac, demande que la ministre de...

par Emile Picy

PARIS (Reuters) - Le président de la commission des Finances de l'Assemblée nationale, Jérôme Cahuzac, demande que la ministre de l'Economie, Christine Lagarde, s'explique sur les 220 millions d'euros versés selon lui par l'Etat à Bernard Tapie.

Dans un entretien accordé lundi à Reuters, Jérôme Cahuzac conteste les affirmations de l'homme d'affaires qui lui a dit dans une lettre que son gain final serait de 30 à 40 millions d'euros dans le règlement d'un litige de 1993 relatif à la revente d'Adidas par le Crédit Lyonnais en 1993.

"Après avoir saisi tous les documents nécessaires à Bercy, j'arrive à une estimation basse de 220 millions d'euros", dit l'élu socialiste. Il estime que les chiffres et les explications avancés par Bernard Tapie dans sa lettre ne sont pas "intellectuellement satisfaisants".

Il s'élève contre les termes d'un autre courrier qu'il a reçu de la ministre de l'Economie ces derniers jours, où elle refuse implicitement une explication publique et le prie de s'adresser aux "juridictions compétentes".

"Il faut que Mme Lagarde se rappelle que nous sommes en régime parlementaire et que, jusqu'à preuve du contraire, c'est aux ministres à répondre aux parlementaires quand ceux-ci les interrogent", dit Jérôme Cahuzac.

Ce dossier suscite depuis un an une querelle politique.

Le litige qui opposait l'Etat à Bernard Tapie, qui semblait tourner en faveur du premier après un arrêt favorable de la Cour de cassation en 2006, a finalement été conclu par un arbitrage privé en 2008 favorable à l'homme d'affaires.

Trois "arbitres" ont estimé que Bernard Tapie avait été floué par le Crédit Lyonnais car il lui avait versé pour la vente de sa société Adidas un montant inférieur à celui finalement obtenu, un fait contesté par le Lyonnais.

L'opposition de gauche et le centre voient dans cet arbitrage accepté par le gouvernement et l'Elysée un arrangement lié au fait que Bernard Tapie, ex-ministre de François Mitterrand, ait apporté son soutien à Nicolas Sarkozy à la présidentielle de 2007.

ACCOYER ALERTE

La décision d'arbitrage accordait la somme record de 285 millions d'euros à Bernard Tapie, augmentée à environ 400 millions d'euros avec les intérêts.

Elle devait être largement diminuée du passif fiscal et social de l'homme d'affaires. Christine Lagarde avait parlé initialement de 50 millions d'euros, mais la somme de 220 millions calculée par Jérôme Cahuzac relance la polémique.

Sans démentir ce chiffre, Christine Lagarde a jusqu'ici déclaré que cette affaire ne relevait plus directement de sa compétence, expliquant qu'il n'y avait qu'exécution d'une décision irrévocable.

Jérôme Cahuzac dit avoir alerté le président de l'Assemblée, Bernard Accoyer (UMP), "pour lui faire remarquer qu'il n'était pas acceptable qu'un ministre refuse explicitement de dire ce qu'avait été l'utilisation de l'argent public".

"Je souhaiterais donc que Me Lagarde nous dise quel est, selon elle, l'enrichissement supplémentaire de M. Tapie", dit le président de la commission.

"Je comprends mal qu'elle s'y refuse puisqu'il y a deux ans elle avait indiqué, lors d'une audition, ce qu'était son estimation à l'époque", ajoute-t-il.

Si Christine Lagarde refuse une audition spécifique, les questions lui seront posées dans le cadre du débat budgétaire, précise-t-il. "Je ne vois pas comment je pourrais empêcher des parlementaires de l'opposition comme de la majorité d'interroger Mme Lagarde".

Il annonce qu'une fois le chiffre officiel du gain de Bernard Tapie sera publié, le dossier sera clôturé.

Avec Thierry Lévêque, édité par Patrick Vignal