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Politique

Budget de l'Elysée, un gouffre entre promesses et réalité

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Spécialiste du budget de l'Elysée, le député René Dosière dénonce, chiffres à l'appui, les hausses spectaculaires prévues pour 2009.

En pleine crise financière, ça fait désordre. A l'Elysée, on ne se sert pas vraiment la ceinture, bien au contraire si l'on en croit un rapport présenté aujourd'hui par René Dosière spécialiste des comptes de l'Etat. + 11,45% : c'est l'augmentation des crédits alloués à la Présidence de la République et prévus dans le projet de budget pour 2009. En regard de 2008, les charges de fonctionnement (fournitures, télécommunications, frais de réception...) vont augmenter de 25,2%, et les frais de déplacements de Nicolas Sarkozy de 33%.
Dans son rapport annuel sur les crédits de la présidence de la République, intitulé « Le budget de l'Elysée ne connaît pas la crise », le député PS de l'Aisne, auteur de « l'argent caché de l'Elysée » dénonce un « gouffre entre les promesses de transparence et d'économies formulées par Nicolas Sarkozy et la réalité ».

L'Elysée et son « ânerie budgétaire »
Ce matin sur RMC, René Dosière expliquait : « Moi je compare le budget prévu pour 2009 au budget 2008 tel qu'il avait été voté à l'époque. De 100,8 millions d'euros, on passe à 112,3. Ça fait une augmentation de 11,5%. L'Elysée parle d'une augmentation de 2%, parce qu'ils comparent 2009 avec le budget 2008 tel qu'il sera gonflé à la fin de l'année (110 millions). Ce genre de procédure, c'est une ânerie budgétaire, qui sert juste à dissimuler l'augmentation.
Comme en 2007 [+ 2 millions de "réajustement"], le budget 2008 a été dépassé. Il va donc falloir voter un complément en fin d'année [+ 9 millions : 5 concernent les déplacements, et 4 les frais de personnels]. On revient donc à une ancienne pratique qui avait disparu depuis 2003 : le budget en deux temps. »

Sarkozy, « plus cigale que fourmi »
Replaçant le débat dans le contexte de crise actuelle, René Dosière souligne dans son rapport les excès d'un Président qu'il juge « dépensier » : « On ne peut pas nier que le Président soit plus actif [que son prédécesseur Jacques Chirac], et qu'il y ait donc davantage de dépenses. Mais il faut aussi comprendre que l'on est dans une période où les difficultés financières atteignent un grand nombre de Français et que les responsables publics doivent être exemplaires.
S'il n'est pas question de limiter les déplacements du Président, on pourrait par exemple souhaiter que ceux-ci soient plus modestes, et que l'on emmène pas 3 ou 4 avions là où un seul serait nécessaire, et que l'on n'ait pas des dizaines d'invités ou d'accompagnateurs. »

Juliette VINCENT, avec Annabel ROGER