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Bruno Le Maire, la stratégie d'un outsider

Bruno Le Maire a été le premier candidat déclaré pour la présidence de l'UMP.

Bruno Le Maire a été le premier candidat déclaré pour la présidence de l'UMP. - Patrick Kovarik - AFP

Face à l'offensive médiatique de Nicolas Sarkozy, le député de l'Eure, candidat à la présidence de l'UMP, se pose en candidat sérieux et éthique. Avec pour objectif un score suffisant pour peser face à l'ancien président.

Il tente la contre-attaque. Invité au journal de 20 heures de TF1 lundi, Bruno Le Maire est candidat à la présidence de l'UMP depuis juin dernier. Comment l'ancien ministre de Nicolas Sarkozy tente-t-il d'exister face à l'offensive médiatique de l'ancien président? 

> Sa stratégie: "une campagne artisanale"

Pour faire parler de lui, l'outsider Bruno Le Maire a déclaré très tôt sa candidature. C'était le 11 juin dernier: à l'époque, le député de l'Eure annonce défendre "un renouveau politique complet" pour son parti divisé.

Premier candidat déclaré, il s'attire la curiosité des médias et poursuit son tour de France. Objectif: développer son réseau en région, avec des délégués dans chaque département. Il s'appuie également sur un fort réseau de jeunes, qui relaient leur soutien sur les réseaux sociaux.

"Bruno Le Maire a beaucoup de soutiens, et de jeunes militants du parti derrière lui. Parmi ses soutiens, on compte des cadres qui ne sont pas forcément sur le devant de la scène, mais qui réfléchissent pour lui", souligne Yves-Marie Cann, directeur de l'opinion à l'institut CSA.

"C'est une campagne artisanale", admet Sylvain Berrios, député-maire UMP de Saint-Maur-des-fossés, dans le Val-de-Marne. "Bruno a ouvert une petite permanence dans le 15e, et nous sommes une dizaine à l'accompagner régulièrement dans ses déplacements, sans tambours ni trompettes".

> Un candidat un peu trop "gendre idéal?"

Le 11 septembre dernier, Bruno Le Maire sort son livre, A nos enfants (Gallimard), fustigé par certains à l'UMP comme "un manuel du bon présidentiable". Tout en se défendant d'être un candidat calculateur, le député distille ses arguments, un par un. Et tente de mettre en valeur sa rigueur et son calme, loin des affaires qui ont pu entacher l'UMP. Il se targue ainsi d'avoir démissionné de la fonction publique, à laquelle il appartenait en tant qu'énarque. C'est notamment "sa transparence et son sens de l'éthique" qui ont convaincu Fernand Siré, député UMP des Pyrénées orientales Et pourrait convaincre d'autres anti-sarkozystes du parti, plus attirés vers le centre.

Mais ce sérieux pourrait aussi se transformer en obstacle. Car ce quadra au visage d'enfant de choeur, ancien directeur de cabinet de Dominique de Villepin, traîne depuis ses débuts une image de surdoué, froid et distant. "Peut-être, mais il est crédible", renchérit Sylvain Berrios, qui refuse de considérer cela comme un défaut. Le député de l'Eure essaie toutefois se défaire de cette image de gendre idéal qui lui colle à la peau. "L'image d'un Bruno Le Maire né dans les beaux quartiers, froid et distant ne me correspond pas", explique-t-il à Francetvinfo.

> Face à Sarkozy, objectif 20%

Face à lui, Hervé Mariton et Nicolas Sarkozy sont les candidats déclarés. Et s'il a beau dire que Nicolas Sarkozy n'est pas son "adversaire", c'est pourtant vers eux que les regards se tournent. Ses soutiens soulignent d'ailleurs volontiers ce qui le différencie de l'ancien président: "il ne compte pas faire une OPA sur l'UMP pour arriver à ses fins", explique Fernand Siré, qui fustige "le culte de la personnalité" lié à Nicolas Sarkozy. "Il est candidat à la présidence de l'UMP, il n'est pas obnubilé par ses concurrents pour la primaire", renchérit Sylvain Berrios. Mais ce dernier le reconnaît: "il n'a ni l'organisation, ni l'aura d'un Nicolas Sarkozy. Ce qui est normal, face à un ancien président." Le combat promet d'être difficile.

"Son score devrait être supérieur à Hervé Mariton, qui apparaît plus comme une candidature de témoignage", analyse Yves-Marie Cann. "S’il franchit la barre des 20%, ce sera une très belle performance, qui forcera Nicolas Sarkozy à faire des compromis et à tenir compte de lui", poursuit le sondeur. En attendant, Bruno Le Maire tente de se faire une place médiatique, et appelle de ses voeux un débat entre les trois candidats. Lors de son interview sur France 2 dimanche, Nicolas Sarkozy n'a, lui, pas une seule fois prononcé le nom de Bruno Le Maire.

https://twitter.com/ariane_k Ariane Kujawski Journaliste BFMTV