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Bruno Le Maire a déjà gagné un pari: éclipser les autres "quadras" de l'UMP

Bruno Le Maire en meeting à Bordeaux  le 6 novembre dernier.

Bruno Le Maire en meeting à Bordeaux le 6 novembre dernier. - Mehdi Fedouach - AFP

S'il apparaît difficile pour le candidat à l'élection pour la présidence de l'UMP de gagner samedi, face à Nicolas Sarkozy, Bruno Le Maire a pourtant déjà gagné un autre combat: celui de la popularité.

Novembre 2012. Alors que François Fillon et Jean-François Copé se déchirent sur l'élection à la présidence de l'UMP, les "quadras" du parti tentent d'assurer une médiation entre les rivaux, devenus ennemis. Nathalie Koscisuko-Morizet, Benoist Apparu, François Baroin, Bruno Le Maire… Le conflit braque aussi les regards sur cette nouvelle génération des "quadras" de la droite. Deux ans plus tard, à trois jours de l'élection 2014 pour la présidence de l'UMP, un seul d'entre eux est sous les feux des projecteurs: Bruno Le Maire qui figure parmi les trois candidats, face à Nicolas Sarkozy et à Hervé Mariton.

Le député de l'Eure ne cesse de grimper dans les sondages: dans le plus récent, réalisé par Odoxa pour L'Express, il apparaît comme le candidat qui a réalisé la meilleure campagne, à 45% des voix. Peu à peu, il éclipse les cadres du parti de sa génération. "Où sont les autres quadras? Cette élection est une occasion incroyable d'exister. Ils se sont tous couchés", s'étonne dans Le Monde Jérôme Grand d'Esnon, ancien proche de Jacques Chirac devenu copilote de l'association "Avec Bruno Le Maire".

"L'occasion d'exister"

NKM, François Baroin, Laurent Wauquiez ont en effet décidé de soutenir Nicolas Sarkozy. "Beaucoup ont choisi de le soutenir par calcul, alors qu'ils ne se retrouvent pas entièrement dans sa candidature", raconte à BFMTV.com le député UMP Sylvain Berrios, soutien de longue date de Bruno Le Maire. "On le voit par exemple avec NKM, qui a publiquement rappelé sa divergence avec Nicolas Sarkozy sur l'abrogation de la loi Taubira. Cela perturbe son image". Le très chiraquien François Baroin, qu'on dit Premier ministre en cas d'élection de Nicolas Sarkozy, a lui aussi choisi le camp de l'ancien Président.

Un risque "du point de vue de la communication, peut-être", rétorque Camille Bedin, secrétaire générale adjointe de l'UMP et soutien de Nicolas Sarkozy, "mais la politique, ça n'est pas que de la communication. Pour quelqu'un comme NKM, choisir Nicolas Sarkozy, c'est aussi témoigner de sa fidélité. Et mieux vaut faire entendre ses différences avec lui qu'avec quelqu'un d'autre".

"Il s'est créé un espace"

Alors que les "quadras" rentrent dans le rang sarkozyste, Bruno Le Maire a, lui, décidé de faire cavalier seul. Une technique payante: il parcourt la France, remplit les salles et occupe les plateaux de télévisions et éclipse les autres.

"Il a gagné son autonomie en allant à l'élection", constate Sylvain Berrios. "Il a essayé de se présenter précédemment, ça n'a pas marché mais il a persévéré, plus que les autres. Il a montré davantage de courage et de détermination, c'est comme ça qu'il s'est fait remarquer", ajoute le député-maire de Saint-Maur, dans le Val-de-Marne.

Mais la partie n'est pas encore gagnée pour Bruno Le Maire. Selon les analyses de Jean-Daniel Lévy, de l'institut Harris interactive, le député de l'Eure n'est que le 6e responsable politique préféré des sympathisants UMP, et se place notamment derrière NKM, François Baroin et François Fillon. "On ne peut pas dire qu'il a supplanté les autres quadras et quinquas, mais qu'il a réussi à se créer un espace", explique-t-il au site Délits d'opinion.

Même s'il prétend que "la victoire est à portée de mains", Bruno Le Maire risque fort de ne pas faire le poids samedi, face à Nicolas Sarkozy. Mais avec un score de 20%, il compte se faire "respecter" de l'ancien Président. Et n'a pas l'intention de s'arrêter au vote de samedi: "j'ai gagné ma liberté", affirme-t-il au Monde. "Je veux la garder totale, utile pour les militants, et disponible".

Ariane Kujawski