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Bruno Gollnisch lance sa campagne dans une banlieue sensible

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par Gérard Bon SAINT-DENIS, Seine-Saint-Denis (Reuters) - Bruno Gollnisch a lancé jeudi sa campagne pour la succession de Jean-Marie Le Pen devant la...

par Gérard Bon

SAINT-DENIS, Seine-Saint-Denis (Reuters) - Bruno Gollnisch a lancé jeudi sa campagne pour la succession de Jean-Marie Le Pen devant la basilique Saint-Denis, dans une banlieue sensible de Paris, où il s'en est pris aux immigrés "qui se comportent en prédateurs."

Face à la fille du président sortant, Marine Le Pen, donnée largement favorite pour prendre la tête du Front national, le député européen voulait faire un coup d'éclat devant la cathédrale qui abrite la nécropole des rois de France.

De fait, il a profité de la brève absence d'une centaine de manifestants croyant qu'il se trouvait dans un autre secteur de la ville pour faire sa déclaration sur le parvis.

"Je suis venu devant la nécropole de ceux qui ont fait la France et dans un endroit qui est conquis par l'immigration étrangère", a-t-il dit au milieu des cris hostiles.

"Ce département de Seine-Saint-Denis qui ne doit pas devenir ce que le Kosovo a été à la Serbie, c'est-à-dire progressivement submergé, gagné par la violence et à la fin détaché de la mère patrie par une intervention étrangère", a-t-il ajouté.

Dénonçant la venue de Bruno Gollnisch, le maire communiste de la ville, Didier Paillard, avait crié à la provocation.

"Bruno Gollnisch et son idéologie sont indésirables à Saint-Denis, ville multiculturelle où vivent et travaillent des personnes de 130 nationalités différentes", avait-t-il déclaré dans un communiqué.

"J'ai voulu montrer que je ne cédais pas à l'intimidation", a répliqué Bruno Gollnisch, qui est reparti au bout de dix minutes et avant le retour du gros des manifestants qui criaient "pas de fachos dans nos quartiers".

"BERCEAU DE NOTRE CIVILISATION"

Le dirigeant d'extrême droite, empêché d'entrer dans la basilique pour des raisons "d'ordre public", a promis d'y revenir bientôt et s'est défendu d'avoir voulu "faire du spectacle" dans sa rivalité avec Marine Le Pen.

Ma présence ici "n'est pas une provocation", a-t-il dit.

"C'est la démarche légitime d'un élu français dans ce qui est le berceau de notre civilisation et de notre culture, dans ce qui est la nécropole des gens qui ont fait la France ou qui l'ont défendue, de Charles Martel jusqu'au siècle dernier."

Bruno Gollnisch n'a pas dit son dernier mot face à Marine Le Pen, vice-présidente comme lui du FN et qui part largement favorite dans la campagne interne pour la présidence du parti.

Pour la première fois, les adhérents sont appelés à départager directement les deux prétendants à la succession de Jean-Marie Le Pen, 82 ans, qui se jouera au congrès de Tours, les 15 et 16 janvier prochains.

Marine Le Pen, 42 ans, est appréciée des militants et populaire auprès des Français. La classe politique s'inquiète déjà de sondages la créditant de 12% à 13% pour l'élection présidentielle de 2012, avec un potentiel de progression.

"The right woman in the right place", dit Jean-Marie Le Pen qui soutient désormais ouvertement sa fille.

Marine Le Pen, qui veut incarner une nouvelle extrême droite plus moderne et moins polémique, a conquis ses galons sur le terrain électoral avec de bonnes performances dans le Nord. Mais ses détracteurs dénoncent le "népotisme" de la famille Le Pen.

Bruno Gollnisch, 60 ans, est peu connu des Français mais est populaire auprès des cadres du parti et joue la carte de l'expérience et de sa fidélité sans faille à Jean-Marie Le Pen.

Qualifié d'intellectuel par ses opposants, cet universitaire s'efforce de maintenir une ligne "droite nationale" susceptible de réunir tous les courants de l'extrême droite, y compris à l'extérieur du FN où Marine Le Pen est souvent décriée.

Pour compenser son handicap médiatique, Bruno Gollnisch a réagi depuis le milieu de l'été sur des sujets d'actualité avec des accents que ne renierait pas Jean-Marie le Pen.

Il a également emmené Jean-Marie Le Pen à la mi-août au Japon pour une conférence réunissant des parlementaires d'extrême droite européens et japonais.

Tous deux y ont fait une visite symbolique au sanctuaire de Yakusuni, où sont honorés 2,5 millions de soldats japonais mais aussi des criminels de guerre condamnés par les alliés après la Seconde Guerre mondiale.

Édité par Yves Clarisse