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Brice Hortefeux rectifie le tir sur la circulaire contestée

Campement Rom près de Lesquin, dans le nord de la France

Campement Rom près de Lesquin, dans le nord de la France - -

Une circulaire du ministère de l'Intérieur ciblant les Roms a semé lundi le trouble entre membres du gouvernement français, contraignant Brice Hortefeux à rédiger une nouvelle version du texte critiqué de toutes parts.

La nouvelle circulaire signée par le ministre de l'Intérieur demande aux préfets de poursuivre les évacuations de camps illicites quels qu'en soient les occupants et ne fait plus explicitement mention des Roms.

« La détermination gouvernementale est la même »

« C'est une sage décision qui permet de rectifier le tir », a déclaré Dominique Paillé, porte-parole adjoint de l'UMP sur BFM-TV. « La rectification permet de mettre un terme à ce qui était selon moi une polémique, a-t-il ajouté. Mais sur le fond, rien n’est changé, la détermination gouvernementale est la même, c’est de viser les camps illégaux ».

Le précédent texte, daté du 5 août et signé par Michel Bart, directeur de cabinet du ministre de l'Intérieur, montrait aux yeux de l'opposition que cette ethnie était bien visée, contrairement aux dénégations du gouvernement. "Trois cent campements ou implantations illicites devront avoir été évacués d'ici trois mois, en priorité ceux des Roms", pouvait-on lire dans ce document publié par des médias.
Des organisations de défense des droits de l'homme estiment que l'action du gouvernement est juridiquement illégale, puisqu'une catégorie de population est visée en tant que telle et non des individus qu'on incriminerait pour certains faits.

Avant le recul de Brice Hortefeux, le ministre de l'Immigration, Eric Besson, et le secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, Pierre Lellouche, avaient affirmé avoir découvert cette circulaire dans la presse, une façon de s'en démarquer. Pour Eric Besson, "la seule circulaire valable" était celle qu'il avait signée le 24 juin avec Brice Hortefeux et qui ne mentionnait pas explicitement les Roms. Niant toute divergence avec le ministre de l'Intérieur, il a souligné que la note du 5 août émanait non de Brice Hortefeux mais de son directeur de cabinet.

3 vols vers Bucarest en septembre
Eric Besson a confirmé qu'"en droit français, les ethnies n'existent pas". Il a néanmoins assuré que Paris poursuivrait la mise en oeuvre des éloignements d'étrangers en situation irrégulière, "quelles que soient leur origine ethnique ou leur nationalité". "Ces mesures sont toujours prises sur une base individuelle, en application de la loi de la République et des traités européens et internationaux", a-t-il dit, bien que les Roms soient expulsés à bord de vols spécialement affrétés.
Le ministre a annoncé que trois vols spéciaux partiraient vers la Roumanie ce mardi, jeudi prochain et le 30 septembre.

La circulaire contestée demandait également aux préfets de médiatiser les actions de démantèlement de camps. Eric Besson a sur ce point condamné, non la médiatisation de la politique envers les gens du voyage et les Roms, mais les médias, pour avoir filmé les départs. "Ce sont des images irrespectueuses de la dignité des personnes", a-t-il dit.

Frédéric Lefebvre, le porte-parole de l'UMP, a jugé logique qu'Eric Besson ne soit pas au courant de la circulaire contestée car "en l'occurrence ce n'est pas de sa responsabilité." "N'essayez pas de créer un problème entre Eric Besson et Brice Hortefeux parce qu'il n'y en a pas", a-t-il dit.

Le porte-parole du Parti socialiste, Benoît Hamon, a estimé au contraire qu'Eric Besson ne pouvait pas ignorer ce texte. "A l'indignité de cette politique, le ministre de l'Immigration en rajoute avec l'indignité de son comportement", a-t-il dit lors du point de presse hebdomadaire du PS.

« La cible est déjà désignée »

Le Gisti, une association d'aide aux immigrés, le Syndicat de la magistrature et la Ligue des droits de l'homme (LDH) avaient annoncé leur décision de saisir le Conseil d'Etat et la Halde pour faire annuler la circulaire contestée. Ce mardi, son président, Stéphane Maugendre, reconnaissant que la rectification de cette circulaire est « une victoire politique », reste pourtant persuadé que ça « ne va pas changer grand-chose » : « la circulaire du 5 août a déjà marqué les esprits des préfets, des gendarmes, des policiers… la cible est déjà désignée. Et ça fait un certain nombre de mois que nous disons : attention, il n’est visé que les Roms. »