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Politique

Borloo : « Pas un centime pour l'Etat »

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Réduction d'impôt ou chèque vert. La taxe carbone sera intégralement compensée. Nicolas Sarkozy l'assure. Jean-Louis Borloo, ministre de l'Ecologie, « comprend l'inquiétude des Français ».

Nicolas Sarkozy a fixé hier jeudi 10 septembre le prix de départ de la taxe carbone à 17 euros par tonne de CO2 émise. L'introduction de la fiscalité verte dès 2010 se fera « de manière progressive ». Cette contribution climat énergie ne visera que les énergies fossiles, et pas l'électricité, qui émet « très peu de CO2 », a précisé le Chef de l'Etat. La taxe sera compensée pour tous les ménages français, par une réduction d'impôt sur le revenu ou par un "chèque vert" pour les foyers non imposables.

« Une opération neutre pour l'Etat, voire même coûteuse... »

Les modalités précisées, les Français semblent toujours réticents. Jean-Louis Borloo, ministre de l'Ecologie, de l'Energie, du Développement durable et de la Mer, tente de les rassurer : « Je comprends que les Français aient été inquiets. Ils le sont toujours. Mais quand j'ai vu le sondage qui montrait que 2 tiers d'entre eux étaient contre [la taxe carbone], je me suis dit : c'est pas beaucoup. Puisqu'on parle de taxe, et pas du bonus. [...] Cette opération doit être absolument neutre fiscalement, neutre pour l'Etat, voire même coûter un peu, comme pour le bonus malus.

La fiscalité écologique n'est pas une mesure fiscale traditionnelle avec sa progressivité, c'est vraiment une mesure écologique. C'est le produit qui est taxé ou détaxé. Qui que vous soyez. Avec un système incitatif. Quand on rentre dans la pratique, évidemment c'est difficile et compliqué. Mais nous avons ce double défi ; il faut avoir le courage d'y aller. Je rappelle que le principe, le détail, a été voté à l'unanimité, par toutes les forces politiques. Il y a un moment où je me dis : ceux qui disent "c'est pas la bonne modalité, c'est pas comme ça qu'il faut faire, c'est pas le bon moment...", au fond, ils n'assument pas réellement cette révolution écologique. [...] Cette mutation ne peut se faire qu'avec les Français. C'est pour ça qu'il y a ce chèque de confiance de restitution. Il n'y a pas un centime dans cette affaire pour l'Etat. »

« La France, 12 fois plus rapide que l'Europe »

Préférant revenir « sur le fond » de cette Contribution climat énergie et arguant de mesures efficaces mises en œuvre pour l'écologie, Jean-Louis Borloo explique : « nous sommes face à un double défi absolument redoutable, pour lequel d'ailleurs personne n'a de solution simple, ni en France ni ailleurs. Le double défi, c'est : des énergies fossiles, notamment le pétrole, dont on sait qu'elles sont finies - dans 5, 10, 15, 20 ans on aura des prix invraisemblables sur le pétrole - et le défi climatique, les émissions de gaz à effet de serre.

Pour répondre à ça, il n'y a pas une mesure, mais un ensemble de mesures : les chantiers thermiques bâtiments sur lesquels on met de l'argent considérable, les voitures électriques qu'on a enfin réussi à lancer - dans 16 mois, les Français en auront vraiment à leur disposition à des prix convenables -, les transports en commun - actuellement, 38 villes doublent leurs transports en commun grâce au Grenelle et aux aides de l'Etat -, et puis le bonus malus écologique sur les voitures.

Souvenez-vous, il y a 18 mois, vous m'avez reçu sur cette antenne, et vos auditeurs disaient : finalement, le bonus malus, c'est la nouvelle vignette, une nouvelle taxe, qui n'aura pas d'effet [positif]. Or, 52% du marché a été déplacé. La France réduit ses émissions de gaz carbonique sur les voitures, d'un gramme par mois, alors que la moyenne européenne est d'un gramme par an. On va 12 fois plus vite ! »

La rédaction-Bourdin & Co