BFMTV
Politique

Besson en position intenable sur les sans-papiers ?

Lors d'une manifestation de travailleurs sans-papiers à Paris, début février. En dépit des expulsions en série ordonnées par le gouvernement, associations et syndicats exigent toujours une vraie négociation sur le sort de dizaines de milliers de travaille

Lors d'une manifestation de travailleurs sans-papiers à Paris, début février. En dépit des expulsions en série ordonnées par le gouvernement, associations et syndicats exigent toujours une vraie négociation sur le sort de dizaines de milliers de travaille - -

En dépit des expulsions en série ordonnées par le gouvernement, associations et syndicats exigent toujours une vraie négociation sur le sort...

PARIS (Reuters) - En dépit des expulsions en série ordonnées par le gouvernement, associations et syndicats exigent toujours une vraie négociation sur le sort de dizaines de milliers de travailleurs sans papiers vivant en France.

Pour montrer leur détermination, entre 200 et 300 d'entre eux, ainsi que des sympathisants, se sont rassemblés mardi après-midi devant la direction de Pôle Emploi à Paris, où une délégation a été reçue.

Jean-Claude Amara, de l'association "Droits devant!!", dénonce la "répression aveugle" à laquelle se livrent les pouvoirs publics depuis quelques jours, alors même que les appels au dialogue se multiplient.

"Le gouvernement sait qu'il a perdu la bataille des idées et plutôt que de chercher la dialogue, se livre à une répression qui n'ira pas très loin", dit-il à Reuters.

Depuis l'échec de la majorité aux élections régionales, "le gouvernement est un peu perdu et est dans une situation intenable sur la question des sans-papiers", ajoute-t-il.

Jean-Claude Amara, comme les syndicats, associations et partis de gauche mobilisés, demande que le dossier soit pris en main par Eric Woerth, le nouveau ministre du Travail, et non laissé à son collègue de l'Immigration Eric Besson.

Dans un communiqué intitulé "Besson ou le ministère de la désintégration", l'union syndicale Solidaires, estime que "l'hypocrisie du gouvernement n'a d'égal que son mépris vis-à-vis des milliers de travailleurs sans papiers".

Parallèlement, les critiques continuent à fuser envers le projet de loi sur l'immigration présenté le 31 mars par Eric Besson et qui, selon la sénatrice Verte Alima Boumediene Thiery, constitue "un tour de vis supplémentaire dans la politique de criminalisation des étrangers sans papiers."

Les associations demandent au gouvernement de traiter "lucidement" les demandes de régularisation de salariés sans titres de séjour, mais occupant des emplois déclarés et payant impôts et cotisations sociales.

"SORTIR DE L'INCOHÉRENCE"

Les grèves menées depuis la fin de l'année dernière concernent environ 6.000 sans-papiers. Mais les associations considèrent qu'une majorité des 300.000 à 400.000 sans-papiers présents en France ont un emploi salarié.

"Pour nous, ce dossier relève du ministère du Travail et M. Besson n'a rien à voir là-dedans", insiste Jean-Claude Amara.

Si Laurent Wauquiez, secrétaire d'Etat à l'Emploi, a récemment reçu les syndicats sur cette question, Eric Woerth "fait pour l'instant la sourde oreille", déplore-t-il.

Le responsable de "Droits devant!!" souligne que la lutte en faveur des sans-papiers, qui a constitué un casse-tête pour tous les gouvernements successifs, a débuté "il y a plus de 14 ans".

Des piquets de grève continuent, d'une façon tournante, à occuper depuis décembre dernier des entreprises ciblées de la région parisienne, comme des agences d'intérim.

Mais le gouvernement a brusquement fait monter la tension en évacuant, fin mars et début avril, les occupants d'un chantier de construction, une agence d'intérim et le local le plus symbolique de la grève, rue du Regard, dans le VIe arrondissement de Paris.

Pour sortir de l'impasse, des syndicats de salariés mais aussi patronaux avaient appelé début mars le gouvernement à ouvrir avec eux une "discussion tripartite" sur les régularisations. Sans être entendu jusqu'à présent.

Eric Besson a établi une circulaire comportant un certain nombre de critères permettant une régularisation au "cas par cas". Mais les soutiens des sans-papiers estiment que les critères ne sont pas objectifs et que la procédure est dissuasive pour les travailleurs concernés.

Dans un éditorial, Le Monde daté du 7 avril appelle le gouvernement à "sortir de l'incohérence", à "accepter le dialogue" et à "agir avec équité".

Pour le quotidien, le seul souci du ministre de l'Immigration "est de faire évacuer les sans-papiers qui occupent illégalement des locaux publics ou privés." Et la politique d'immigration "devient triste et sordide."

Gérard Bon, édité par Sophie Louet