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Besancenot et Sarkozy, « faux ennemis » ?

Adversaires politiques à la ville, le leader du NPA et le Chef de l'Etat, auraient bien des points (et des intérêts) communs...

Adversaires politiques à la ville, le leader du NPA et le Chef de l'Etat, auraient bien des points (et des intérêts) communs... - -

« Besancenot, l'idiot utile du sarkozysme ». Un titre provocateur pour un livre qui, anecdotes à l'appui, dévoile « les petits coups de main et les stratégies secrètes » du leader du NPA et du Chef de l'Etat.

Renaud Dély, directeur adjoint de la rédaction de l'hebdomadaire Marianne, vient de publier Besancenot, l'idiot utile du sarkozysme chez Bourin Editeur. Sa théorie : les intérêts du leader du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) et du Président de la République convergent. Non seulement Sarkozy et le postier sont d'accord pour cogner sur le PS, mais, du vélo au PSG en passant par Michel Drucker, les symboles qu'ils déploient pour séduire le peuple sont souvent les mêmes. Curieuses coïncidences, interroge l'auteur...

« Besancenot fait du Sarkozy sur le plan médiatique »

Adversaires politiques à première vue, le Chef de l'Etat et celui du NPA se ressemblent sur bien des aspects, souligne Renaud Dély : « Le vélo, le PSG, la médiatisation... tout ça est évidemment anecdotique. Mais c'est vrai qu'il y a des techniques de communication communes. Besancenot fait du Sarkozy sur le plan médiatique. [...] L'un comme l'autre sont d'abord deux créatures médiatiques, deux boulimiques du son et de l'image qui vont jusqu'à rivaliser sur le site communautaire Facebook. [...] Et au-delà de ça, leurs intérêts convergent évidemment. Parce que Besancenot fait aujourd'hui de la gauche du gouvernement - des socialistes en particulier - et des grandes centrales syndicales - CGT, CFDT et FO -, ses premiers et véritables ennemis. Tous plus ou moins suspects de trahison à ses yeux. En affaiblissant ceux-là, il rend évidemment service à l'Elysée. Ce que Nicolas Sarkozy a parfaitement compris. Il l'a d'ailleurs dit à François Hollande : je ferai de Besancenot le "Le Pen de la gauche", c'est-à-dire qu'il vous gênera pendant 20 ans comme Le Pen a gêné la droite. Et l'intéressé se complaît dans ce rôle de marionnette, d'"idiot utile du sarkozysme". »

« Besancenot, l'adversaire préféré de Sarkozy »

Pourtant, les Français pensent qu'Olivier Besancenot est le meilleur opposant à Nicolas Sarkozy... « Parce que, explique Renaud Dély, c'est celui qui parle le plus fort et le plus violemment. Et parce qu'il bénéficie de la faiblesse du PS, il profit d'un vide. Mais plutôt que son meilleur opposant, c'est son adversaire préféré. »

« Les Jumeaux de Neuilly »

L'un en a été Maire. L'autre y est facteur. Mais la proximité entre Nicolas Sarkozy et Olivier Besancenot ne s'arrête pas là, à en croire Renaud Dély, qui souligne aussi le « rapport à peu près identique à la société française » qu'ont selon lui les deux adversaires politiques : « il y a des points communs dans leurs lectures du fonctionnement de la société française : les deux clivent énormément, opposent les catégories les unes aux autres. Besancenot exalte le discours des "petits" contre les "gros", des "exploités" contre les "profiteurs". Sarkozy a lui aussi une vision parfois communautarisme de la société française. »

Des points communs qui selon l'auteur, confinent à... l'amour ! « Aussi étonnant que cela puisse paraître, Nicolas Sarkozy aime Olivier Besancenot. Franchement. Spontanément. Instinctivement. L'énergie du leader du NPA lui plaît. Sa gouaille l'épate. [...] Peu ou prou, il s'y reconnaît. Evidemment dans le fond, ce n'est pas sa tasse de thé, mais il se reconnaît dans le culot de Besancenot, sa volonté, son dynamisme, avec 15 ans de moins. »

« Un échange de services réciproques assez manifeste »

En politique comme en sport, on observe l'adversaire. Pour lui répondre au bon moment, de la bonne façon. Mais pour Renaud Dély, la réponse de Besancenot à Sarkozy, fait souvent le jeu de ce dernier : « Au siège du NPA, on étudie l'agenda de Sarkozy, on regarde ses prises de positions et on se débrouille aussi pour profiter des silences de la gauche traditionnelle, pour occuper le terrain. Le problème, c'est que cette première opposition, cette première parole, lorsque c'est Besancenot qui la tient, par contrecoup elle sert souvent Nicolas Sarkozy. Parce que ce n'est pas une opposition très crédible. On peut partager l'indignation, la protestation que porte parfois Besancenot, mais on voit bien qu'il n'y a pas de solution alternative de gouvernement à ce que représente Sarkozy. C'est pour ça qu'il y a vraiment un jeu de dupes entre les deux et un échange de services réciproques assez manifeste. »

La rédaction-Bourdin & Co