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Batterie d'indicateurs en berne pour l'économie française

LE DÉFICIT COMMERCIAL

LE DÉFICIT COMMERCIAL - -

PARIS (Reuters) - Le gouvernement français, qui craignait d'avoir à affronter une dégradation de la conjoncture dès son arrivée au pouvoir, voit la...

PARIS (Reuters) - Le gouvernement français, qui craignait d'avoir à affronter une dégradation de la conjoncture dès son arrivée au pouvoir, voit la complexité de sa tâche se confirmer, à deux jours du premier tour de législatives qui s'annoncent favorables pour lui.

Trois indicateurs publiés vendredi confirment l'absence de marge de manoeuvre de l'exécutif, confronté à de fortes contraintes budgétaires et extérieures, alors même que la croissance économique fera très probablement défaut.

La Banque de France, qui tablait jusqu'à présent sur une croissance nulle du produit intérieur brut au deuxième trimestre, attend désormais une baisse de 0,1%, après une stabilité au premier trimestre.

François Hollande a pourtant fait état vendredi d'une prévision plus optimiste. "Nous avons aujourd'hui un grand débat pour savoir si nous allons faire 0,1% ou 0,2% pour le deuxième trimestre de cette année, il est à craindre que nous fassions d'ailleurs assez peu", a-t-il dit.

Le contraste s'affirme avec l'Allemagne, où la Bundesbank a relevé vendredi sa prévision de croissance pour l'économie allemande à 1,0% en 2012 contre 0,6% précédemment.

Le gouvernement français table sur une croissance de 0,5% sur l'ensemble de l'année 2012.

Les Douanes ont quant à elles annoncé un creusement du déficit commercial en avril par rapport à mars. Surtout, le déficit commercial cumulé depuis le début de l'année ne baisse que légèrement par rapport à la même période de 2011 (23 milliards d'euros contre 26), année pendant laquelle ce déficit avait atteint un niveau record.

Le déficit commercial français reflète selon les économistes un affaiblissement de la compétitivité des entreprises françaises par rapport à leurs concurrentes. Les organisations patronales y voient en particulier la démonstration que leurs coûts sont trop élevés, et fustigent les hausses annoncées du salaire minimum et des cotisations retraites.

MESURES DE RIGUEUR APRÈS LES LÉGISLATIVES

Troisième indicateur, le déficit du budget de l'Etat montre une très faible amélioration par rapport à la même période de 2011, alors que la France s'est engagée sur un objectif de réduction important. Ce déficit a atteint 59,9 milliards d'euros fin avril contre 61,4 à fin avril 2011.

Ces trois indicateurs s'ajoutent aux mauvais résultats sur le front de l'emploi, avec un chômage en hausse continue depuis 12 mois et qui est à son plus haut niveau depuis 1999..

Les enquêtes avancées signalent quant à elles une contraction de l'activité d'une ampleur sans précédent depuis 2009 dans l'industrie, la situation dans les services se dégradant à nouveau.

Face à cette avalanche, le gouvernement diffère à l'après-législatives une partie de ses réponses. Le second tour aura lieu le 17 juin.

Pour l'heure, seules les "bonnes nouvelles" ont été annoncées, telles la hausse de l'allocation de rentrée scolaire et l'adoucissement de la réforme des retraites. L'ampleur de l'augmentation du salaire minimum sera elle annoncée avant la conférence sociale des 9 et 10 juillet.

Sur le front budgétaire, le gouvernement attend l'audit des finances publiques qui sera publié fin juin par la Cour des comptes pour préciser les futures mesures, notamment sur le contrôle de dépenses.

Le ministre des Finances, Pierre Moscovici, a déclaré mercredi qu'en l'absence de nouvelles mesures le déficit public dépasserait largement l'engagement français de le ramener de 5,2% du PIB fin 2011 à 4,5% fin 2012 et 3,0% fin 2013.

"Si on ne faisait rien, ce serait 5% en 2012, 4,2% en 2013, ça ne passerait pas. Nous ferons 4,5% en 2012, nous ferons 3% en 2013%", a-t-il dit.

Le spectre d'un décalage de 0,5 point de PIB du déficit cette année signifierait la nécessité de trouver rapidement une dizaine de milliards d'euros sur les recettes ou les dépenses.

"Oui, la situation économique n'est pas bonne, oui la situation de l'emploi n'est pas bonne, au fond, c'est bien pour ça que les Français ont voulu changer de président de la République", a déclaré jeudi le ministre du Travail, de l'Emploi et du Dialogue social, Michel Sapin, appelant à doter la gauche d'une majorité aux législatives "pour pouvoir changer de politique".

Jean-Baptiste Vey, édité par Yves Clarisse