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Baromètre des éditorialistes - "Oui, il faut faire payer les retraités"

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- - Montage BFMTV

Les retraités sont appelés à manifester ce jeudi contre la hausse de la CSG. Les efforts que leur demande le gouvernement sont-ils légitimes? Oui, répondent les éditorialistes de BFMTV.

A l'appel de neuf organisations syndicales et associations, les retraités sont attendus dans la rue ce jeudi, pour manifester contre la hausse de la CSG, la contribution sociale généralisée. Le gouvernement prévoit d'augmenter de 1,7 point le taux de la CSG, qui est utilisée pour financer la protection sociale. Mais contrairement aux actifs, les retraités concernés par cette hausse ne bénéficieront pas en parallèle de la baisse des cotisations prévues pour les salariés du privé, les indépendants et les fonctionnaires. Certains ménages non concernés par l'exonération de la taxe d'habitation pourraient aussi être pénalisés. 

Pour les éditorialistes de BFMTV, le gouvernement a raison de demander des efforts aux retraités, car ils sont un génération gâtée. Mais attention au retour de bâton dans les urnes. 

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> Laurent Neumann: "Ce n'est pas la 1ère fois qu'on demande des efforts aux retraités"

"Les efforts demandés sont légitimes, mais contrairement à ce que j’entends, ce n’est pas la première fois qu’on demande des efforts aux retraités. On leur a déjà imposé la suppression de la demi-part pour les femmes seules, ce qui avait impacté les veuves, cela avait provoqué un gros débat. On n’a pas revalorisé les retraites pendant plusieurs années. Là heureusement, elles vont être revalorisées. Donc on leur demande des efforts, oui, mais ça n’est pas la première fois. Petite information, le groupe La République en marche est en train de faire pression sur Matignon et sur Bercy pour obtenir une compensation financière. Pourquoi? Parce qu’il y a toute une frange de députés, il faudra d’ailleurs en évaluer le nombre précisément, qui vont devoir payer l’augmentation de la CSG à taux plein, mais qui ne vont pas forcément bénéficier de la suppression de la taxe d’habitation. Et pour ceux-là, c’est la double peine. Bien sûr ils auront une revalorisation de leur retraite de 0,8%, mais ils vont payer. On peut dire que c’est légitime, c’est vrai que cette génération a besoin de transmettre aux générations futures et de faire l’effort nécessaire pour les jeunes. Mais attention, les retraités n’ont pas le même pourvoir de nuisance que les routiers, ils ne peuvent pas bloquer la France, mais ils ont quelque chose d’important: ils ont le bulletin de vote. Bien sûr les prochaines élections, les européennes, n’ont lieu que dans deux ans, mais attention au retour de bâton."

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> Christophe Barbier: "Ce sont des enfants gâtés"

"Ceux qui sont nés entre 45 et 55, les baby-boomers, n’ont pas connu de guerre mondiale ni coloniale, ils n’ont pas connu la crise et ont grandi dans les Trente glorieuses. Ils ont eu peu de chômage voire pas du tout, ils ont trouvé de bons postes, ils ont pris leur retraite à un moment où on pouvait la financer. Ils ont gagné de l’espérance de vie, ce qu’on n’avait pas prévu à leur naissance, tout cela financé par la solidarité et non pas financé sur leurs économies. En plus, ils ont vécu les années 60, ils étaient jeunes au moment du rock and roll, de la libération des mœurs. Bref, ce sont des enfants gâtés. Ils doivent reconnaître qu’ils ont été gâtés par la vie, ils sont tombés dans une bonne période. Pas tous bien sûr, ils ont travaillé, ils ont construit ce pays, n’ont rien volé. Mais aujourd’hui on ne leur demande pas de payer, d’être punis, on leur demande de penser à leurs enfants et surtout à leurs petits-enfants. Les efforts que demande Emmanuel Macron, c’est pour transférer sur des générations moins gâtées qui font des études jusqu’à 27 ans, qui ont des CDD jusqu’à 32, qui ont des petits boulots, qui sont au chômage. Qui ne savent pas comment leur retraite sera payée dans 30 ans, comment leur dépendance sera payée, comment les comptes de la Sécurité sociale seront équilibrés. Donc il doit y avoir un transfert générationnel. Il faut les faire payer un petit peu, c’est le cas avec la CSG. Il faut surtout qu’Emmanuel Macron leur dise ‘si vous donnez de l’argent à vos petits-enfants avant de mourir, on ne prend pas d’impôts’. En revanche si vous mourez assis sur votre tas d’or, l’Etat raflera tout. C’est cela qui serait intelligent comme politique de transfert générationnel."

C.V.