Barnier : « L'Europe n'est pas qu'un supermarché »
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A la fois ministre de l'Agriculture et de la Pêche, et tête de liste UMP en Ile-de-France pour le scrutin européen du 7 juin prochain, Michel Barnier jongle avec ces casquettes. Lundi 25 mai, en pleine crise du lait, il dénonçait à Bruxelles la réforme de la Politique agricole commune (PAC) et la suppression progressive des quotas de production, 6 mois après avoir lui-même conduit à bien cette négociation. Aujourd'hui, il confirme : « Je ne me résous pas à ce qu'on livre l'agriculture en général et le lait en particulier, à la seule loi du marché. Il faut un cadre de régulation, une gouvernance européenne. Il faut, d'une manière ou d'une autre, préserver un système de maîtrise de la production laitière ; ce qu'on appelle les quotas, dont la suppression a été programmée pour 2014. »
« Pourquoi le secteur agricole tient le coup »
Défendant le budget de la PAC, qui distribue environ 50 milliards d'euros par an, dont 10 pour la France, Michel Barnier explique : « C'est pas de l'assistance ou de la charité. C'est de l'investissement. Vous savez pourquoi actuellement le secteur agricole et agroalimentaire, avec ses 1,5 millions d'emplois, tient le coup ? Il n'y a pas de délocalisation, pas de suppression d'emplois... C'est parce qu'il y a des gens qui travaillent très dur : éleveurs laitiers et autres, viticulteurs, agriculteurs, pêcheurs... Des gens qui se sont adaptés. Vous n'imaginez pas la capacité d'adaptation de l'agriculture depuis 15 ans, y compris aux technologies modernes. Et puis il y a une politique européenne, la première depuis 50 ans, avec des régulations et un budget important. »
« Pour une Europe qui protège et agit avec audace »
« L'une des raisons pour lesquelles je veux être dans le débat européen à nouveau [ndlr, il a été membre de la Commission européenne de 1999 à 2004] et totalement, c'est parce que cette politique agricole n'est pas seulement importante pour les agriculteurs, elle est symbolique d'une certaine idée de l'Europe qui ne se résume pas à un supermarché. L'Europe n'est pas seulement une zone de libre échange, comme le voudraient les Anglo-Saxons, avec de la compétition fiscale et sociale, et toutes les portes ouvertes sur l'extérieur... Le Parti populaire européen (PPE), dont je suis membre et qui est à l'origine du projet européen, veut une Europe qui protège et qui ait de l'audace politique. Et c'est ça que nous voulons reconstruire ou conforter, avec Nicolas Sarkozy. »
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