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Politique

Bachelot: « heureuse de voir qu'Evra a répondu positivement à la pétition »

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Au lendemain de l’élimination des Bleus au Mondial, et alors que la pétition RMC recueille plusieurs dizaines de milliers de signatures, la ministre de la Santé et des Sports exige « que l’on rende des comptes » et affirme être à l’origine de la décision des Bleus de renoncer à leurs primes.

Voici l’intégralité de son interview avec Jean-Jacques Bourdin.

Lorsque vous êtes arrivée en Afrique-du-sud, vous l’avez dit, vous avez trouvé une équipe en perdition. C'est-à-dire ?

J’ai trouvé effectivement une équipe complètement démoralisée et des joueurs qui ne savaient plus où ils en étaient. J’ai vu aussi que c’était un désastre sportif, physique et moral complet. Le résultat d’hier soir n’est que la suite assez naturelle des événements. On a pu rêver, on a pu espérer, mais cette défaite était inscrite dans une logique inévitable.

Lorsque vous avez rencontré les joueurs, dans quel état les avez-vous trouvés ? Est-il vrai que certains d’entre eux se sont mis à pleurer devant vous ? L’état psychique était-il désastreux ?

Oui. Les joueurs étaient en effet profondément marqués, dans un état d’émotion considérable et je dois le dire, dans un état de responsabilité. Ils souhaitaient présenter des excuses. Ils n’ont, pour certains, pas pu le faire. Ils l’ont fait simplement à la sortie du match. J’ai eu des paroles très dures à leur égard. Je n’ai pas mâché mes mots. Je me suis comportée un peu comme une mère, comme une maman, et je leur ai dit des choses terribles. Je crois que cela a aussi participé à cette émotion mais je crois qu’ils avaient besoin d’entendre cela. Ils me l’ont dit d’ailleurs.

Les responsables devront-ils rendre des comptes à un moment donné ? Allez-vous l’exiger ?

Absolument. J’exige que l’on rende des comptes. Nous connaissons les auteurs de l’échec, les auteurs des difficultés. En premier lieu évidemment ce sont les joueurs.

Les joueurs sont-ils les seuls responsables ?

Bien sûr que non. Nous connaissons les responsables. Ce sont les acteurs de la Coupe du monde. Le désastre moral, ce sont effectivement les joueurs d’abord, l’encadrement, et ensuite, évidemment, les responsables de la Fédération. Il faut d’abord se livrer à une analyse complète de ce qu’il s’est passé car moi je ne désigne pas des coupables comme cela, sans faire une analyse approfondie. Ce serait profondément malhonnête d’autant plus qu’au moment de la Coupe du monde, l’émotion, les passions, sont peu propices à une réflexion apaisée. C’est la raison pour laquelle je ferai mener cette analyse par un cabinet extérieur. Ce ne sont évidemment pas les acteurs du désastre qui peuvent mener cette analyse pour leur compte comme je l’ai entendu ici ou là. Il faut évidemment qu’une analyse extérieure soit faite mais je n’attendrai pas pour faire un certain nombre de choses. J’ai deux chantiers en particulier que je veux commencer immédiatement : la question de la gouvernance des fédérations. Travail que nous allons mener, bien entendu, avec la secrétaire d’Etat, le président du comité olympique, David Douillet et le président de la ligue de Football professionnel Frédéric Thiriez. Dans les prochains jours, je reçois Laurent Blanc, le futur sélectionneur, c’est à peu près certain, de l’équipe de France pour discuter avec lui.

Le président de la Fédération Française de Football peut-il encore rester en poste aujourd’hui ?

Il faut savoir que je ne nomme pas le président de la Fédération Française de Football. Cet homme est élu démocratiquement par l’ensemble des instances du football. Même le plus petit club de football dans un village a un pouvoir de vote. Ces votes sont proportionnels au nombre de ses licenciés. C’est un processus démocratique qui élit le président de la Fédération de Football. Moi, ministre des Sports, je ne vais pas me permettre de porter un tel jugement. Ce serait totalement inconvenant.

Mais a-t-il failli à vos yeux ?

C’est le travail de mise en responsabilité que je veux engager. Moi je ne cloue pas des gens au pilori sans les avoir entendus complètement et sans avoir entendu tous les acteurs. Ce serait malhonnête de ma part.

Serait-il logique que l’équipe de France soit placée sous le contrôle des clubs professionnels et de la Ligue nationale de football ?

C’est justement le deuxième chantier que je veux ouvrir. Celui de la gouvernance. Les clubs professionnels sont-ils les plus à même d’être à la manœuvre de l’organisation ? Je ne peux pas répondre pour l’instant mais cette question sera effectivement évoquée.

J’ai lancé une grande pétition pour demander aux joueurs de l’équipe de France d’abandonner absolument les primes, les indemnités et les droits à l’image. Patrice Evra à affirmé qu’il renonçait à toucher un seul centime.

Je suis heureuse que Patrice Evra l’ai dit. Je ne vous cache pas que lundi soir en arrivant à Bloemfontein avant le match, je lui ai demandé de renoncer à ces sommes. Il n’y avait bien sûr pas de prime si l’équipe de France n’allait pas en huitième de finale mais il y avait des sommes liées au sponsoring. J’ai demandé à patrice Evra et aux joueurs de renoncer à ces sommes parce que c’était indécent de les toucher et je suis heureuse de voir que Patrice Evra a répondu positivement à la pétition que vous avez lancée et à la demande que je lui ai faite.

Nous avons rejoint votre demande et vous avez signé notre pétition en quelque sorte.

En quelque sorte. Je ne l’ai pas fait physiquement mais je l’ai fait moralement.

bourdinandco