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Politique

Ayrault : « L'Elysée veut mater l'opposition »

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La tension n’est pas retombée dans l’hémicycle. Jean-Marc Ayrault, le patron des socialistes, espère toujours un compromis sur la réforme de la procédure législative, mais évoque un « blocage durable ». Interview.

Le bras de fer entre les députés de la majorité et ceux de l'opposition continue. L'objet de leur discorde : le projet de créer un temps limité pour les débats. Voyant cela comme un musèlement, les socialistes ont donc décidé de boycotter l'hémicycle. Jean-Marc Ayrault, président du groupe PS à l'Assemblée Nationale, met en garde : « L'Elysée veut mater l'opposition. Je trouve dangereux et tout à fait irresponsable de créer les conditions d'une crise politique au moment où le pays traverse une crise économique et sociale. Nous nous battons pour pouvoir continuer à faire notre travail à l'Assemblée Nationale. Je préfère le débat dans l'hémicycle que dans la rue. C'est ça que veut le Président de la République ? Pense-t-il qu'entre lui et le peuple, il n'y a rien ? Peut-il quand même admettre que les contre-pouvoirs - syndicaux, médiatiques, la justice et le parlement - puissent aussi être l'endroit de la démocratie où se confrontent les points de vue ? [...] Si nos propositions de compromis sont rejetées, on va vers un blocage durable. »

« Nous ne sommes pas l'opposition de sa majesté »

Et le chef de file des socialistes de rappeler que « la priorité des Français en ce moment, c'est qu'il n'y ait pas une seule voix en France, une seule réponse, qu'il n'y ait pas que le Président de la République qui dit "je décide et vous, vous exécutez - le Parlement compris". Nous ne sommes pas l'opposition de sa majesté. Donc il faut qu'il y ait une voix, du temps pour l'exprimer, pour dire "il n'y a pas qu'une solution". Sur le plan de relance, on nous a dit "il y a le plan de relance du gouvernement". Or, tout le monde dit "c'est insuffisant, il en faut un deuxième". Eh bien, nous, nous sommes là pour dire "voilà ce que nous proposons sur l'investissement, sur le pouvoir d'achat", pour qu'il y ait un plan de relance équilibré, dynamique massif. C'est ça le temps de parole à l'Assemblée Nationale. C'est pouvoir expliquer ce que nous proposons. »

La rédaction-Bourdin & Co