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Politique

Ayrault amorce le virage de la rigueur

Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault

Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault - -

Confronté au défi de trouver rapidement des dizaines de milliards d'euros pour tenir les objectifs de réduction du déficit, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault fera mardi la pédagogie de la rigueur dans son discours de politique générale.

L'enjeu pour le Premier ministre Jean-Marc Ayrault mardi, c'est de convaincre les Français que les hausses d'impôts et le rabotage des dépenses se feront selon la règle énoncée durant la campagne, c'est-à-dire en épargnant les plus pauvres, que ces mesures ne casseront pas l'activité économique et que la lumière est au bout du chemin de la rigueur. "Les classes populaires et les classes moyennes seront préservées. Parallèlement, la dépense sera maîtrisée", rappellent les services du Premier ministre dans un communiqué publié lundi matin.
Les premières décisions seront dévoilées noir sur blanc mercredi avec la présentation du projet de budget rectificatif pour 2012 en conseil des ministres, qui cherchera 7 à 8 milliards d'euros de recettes supplémentaires d'ici fin 2012. La Cour des comptes a donné le ton lundi en identifiant un manque de 6 à 10 milliards d'euros sur les recettes pour réduire le déficit public à 4,4% cette année comme le prévoyait le programme de stabilité du précédent gouvernement. François Hollande et son équipe ont eux choisi de réduire le déficit à 4,5% cette année, 3,0% fin 2013 et de revenir à l'équilibre fin 2017, ce qui serait une première pour un gouvernement français depuis 1974. Le déficit était de 5,2% l'an dernier.

Selon la Cour des comptes, l'effort supplémentaire à fournir l'an prochain serait de 33 milliards d'euros si la croissance économique est de 1%, une marche très importante qui doit être franchie en comprimant les dépenses et en augmentant les impôts, dont pourquoi pas la TVA ou la CSG, dit-elle.
Le ministre des Finances, Pierre Moscovici a indiqué que la croissance devrait être proche de 0,4% cette année -soit la prévision de l'Insee- et qu'elle pourrait être comprise entre 1% et 1,3% en 2013 au lieu des 1,7% espéré jusqu'à présent. Matignon souligne que "le redressement du pays dans la justice passe par le redressement des comptes publics", un effort "particulièrement marqué au début de la législature" qui "sera équilibré en dépenses et recettes sur la période".

Nouvelles taxes...

Le budget rectificatif annulera des baisses d'impôts décidées par Nicolas Sarkozy et créera de nouvelles taxes, une solution dénoncée par le patronat et par la droite. Il devrait créer une nouvelle taxe sur les stocks pétroliers, relever la taxe systémique sur les banques et la taxe sur les transactions financières, porter le forfait social sur la participation et l'intéressement de 8% à 20% et revenir sur des baisses d'impôts. Le barème de l'impôt sur la fortune (ISF) serait relevé, le régime des successions durci, l'exonération de charges des heures supplémentaires supprimée dans les entreprises de plus de 20 salariés et une taxe sur les dividendes devrait être créée.
L'opposition aimerait comprendre comment l'exécutif tiendra les dépenses, après avoir arrêté la politique de réduction du nombre de fonctionnaires, augmenté l'allocation de rentrée scolaire et donné un léger "coup de pouce" au smic. Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a déjà donné quelques grandes orientations, même si les réponses précises viendront après les vacances d'été, avec le budget 2013.
Selon Matignon, la dépense de l'Etat sera gelée en valeur de 2013 à 2015, hors charge de la dette et retraites des fonctionnaires, ce qui supposera une baisse de 7% des dépenses de fonctionnement l'an prochain, puis 4% en 2014 et 4% en 2015, et un "effort de même ampleur" sur les dépenses d'intervention, des coupes supérieures à celles réalisées sous Nicolas Sarkozy. L'Etat, qui dépense environ 350 milliards d'euros par an, sur une dépense publique totale d'un millier de milliards, est responsable de la quasi-totalité du déficit public, avec un besoin de financement de 90 milliards d'euros l'an dernier. Il est endetté de presque 1.400 milliards d'euros, sur une dette publique totale de près de 1.800 milliards fin mars, le reste de la dette étant contracté par la Sécurité sociale et les collectivités locales.
Avec un endettement public supérieur à 89% du PIB, la France a atteint le niveau à partir duquel des études statistiques montrent que l'activité économique d'un pays est freinée.