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Politique

Avant le vote, la droite se rassemble déjà autour de François Fillon

François Fillon lors d'un meeting à Paris, le 18 novembre 2016.

François Fillon lors d'un meeting à Paris, le 18 novembre 2016. - Bertrand Guay - AFP

L'effet de surprise à peine passée, au soir du premier tour de la primaire de la droite et du centre et du succès majuscule de François Fillon, les grandes manoeuvres ont aussitôt commencé. Les uns cherchent à conserver leur place, les autres à en gagner une, les derniers à sauver ce qui peut encore l'être.

On attendait des offensives tous azimuts, des attaques personnelles, des voix qui s’échauffent et s’entremêlent… et il n’y a rien eu de tout ça, ou si peu. L’ultime débat de la primaire de la droite et du centre, entre le nouveau grand favori François Fillon et le leader déchu des sondages Alain Juppé, s’est limité à un exercice de style bien au chaud dans les limites du raisonnable. La sérénité du challengeur, en l’occurrence le maire de Bordeaux, a interrogé les observateurs, mais certains d’entre eux n’ont pas tardé à livrer leur réponse. Et si les ténors de la droite avaient déjà basculé dans l’après-primaire avant même que les urnes n’aient parlé?

"Juppé a accepté sa défaite et prépare le rassemblement"

Ainsi, sur Europe 1, le politologue Olivier Duhamel a fourni son analyse du débat sur un ton définitif: "Alain Juppé a entériné sa défaite, l’a acceptée, et il prépare le rassemblement." On note aussi les "visages détendus" des soutiens des deux candidats, assis au premier rang derrière les présentateurs durant l’émission, expliqués par le fait que la droite sortait "renforcée d’un exercice qu’elle a expérimenté pour la première fois et qui n’était pas sans risque."

Après quelques jours de violentes piques d’Alain Juppé envers un François Fillon revenu de loin lors du premier tour de la primaire, l’atmosphère s’est en effet visiblement allégée. Et toutes les figures de la droite répètent à l’envie que quel que soit le vainqueur ce dimanche, leur fidélité sera sans faille. Cette quiétude retrouvée permet d’envisager la période électorale qui suivra les primaires.

Pour les plus ambitieux, il est déjà temps de trouver sa place dans l’équipe de campagne de François Fillon, si le résultat de ce 27 novembre confirmait celui du 20. Il faut dire que les postes distribués durant le marathon électoral présagent souvent du destin réservé aux uns et aux autres au sein du nouvel exécutif, en cas de victoire.

Le premier cercle des politiques

Fillonistes de la première heure, personnalités du monde de l’entreprise, repentis du sarkozysme qui tentent de s’extraire du radeau de la méduse représenté par l’ancien président de la République et candidat malheureux à la primaire, ils sont nombreux à vouloir conserver leur place, ou à en trouver une, auprès de François Fillon. Ils devront cependant jouer des coudes s’ils espèrent décrocher un portefeuille sous un éventuel mandat du Sarthois. En effet, ce dernier, tout comme son rival Alain Juppé, a indiqué sa volonté de restreindre son gouvernement à la portion congrue: quinze ministres, pas plus.

Certains semblent en tout cas mieux placés que les autres. C’est le cas, notamment, des deux porte-paroles de François Fillon, Jérôme Chartier et Valérie Boyer. Le premier, député élu dans le Val-d’Oise, est un filloniste de longue date. La seconde, députée élue dans les Bouches-du-Rhône, incarne la ligne la plus dure au sein de la droite et n’y est pas pour rien dans les bons résultats de son patron dans le sud.

Comme le relève le Huffington Post, Bruno Retailleau, président du conseil régional des Pays de la Loire, est aussi un homme-clé du clan Fillon. Président du groupe "Les Républicains" au Sénat, il est influent parmi les parlementaires (dont 215 soutiennent François Fillon désormais) et lui aussi est une figure de la frange néoconservatrice (c’est-à-dire conservatrice sur le terrain des mœurs, très libérale en économie) de la droite.

La société civile s'invite aux côtés des élus

Parmi les nombreux soutiens politiques de l’ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy, on compte encore l’ancien ministre de la Défense, Gérard Longuet, et le président du Sénat, Gérard Larcher. Enfin, Hervé Novelli, maire de Richelieu (Indre-et-Loire) et ancien secrétaire d’Etat au Commerce de François Fillon, est très en phase avec la doctrine économique thatchérienne de son candidat.

François Fillon en a d’ores et déjà fait la promesse: s’il est élu, il placera dans son cabinet des personnes issues de la société civile. Par "société civile", il entend surtout le monde de l’entreprise. Le Monde.fr, dans cette infographie, a mis le nom de l’une d’entre elles en avant: Pierre Danon (ex PDG de Numéricable).

Fuir le radeau de la méduse sans se noyer

Mais pour rassembler autour de soi, et rassembler largement, il convient de rassembler son camp avant tout. Or, comme après toute primaire, il faudra, pour ce faire, cicatriser quelques lignes de fracture. Et si, beaucoup paraissent trop éloignés de François Fillon par leur positionnement ou le choix fait en faveur d’un de ses concurrents pour rêver de quoi que ce soit, d’autres peuvent escompter avoir davantage de chances.

Cet article de L’internaute cite les noms de quelques "égarés" susceptibles de se recaser. Eric Ciotti, député élu dans les Alpes-maritimes, est de ceux-là. S’il a soutenu Nicolas Sarkozy ces derniers mois, il a été longtemps un proche de François Fillon, notamment en étant un des piliers de la campagne pour la présidence de l’UMP menée par ce dernier en 2012. Laurent Wauquiez, en revanche, qui préside actuellement "Les Républicains" voudrait garder ses distances... et les rênes du parti.

Bruno Le Maire aussi s’est rallié à François Fillon. Candidat malheureux à la primaire, compétition qu’il a terminée à une peu glorieuse cinquième position, Bruno Le Maire peut-il vraiment obtenir quelque chose d'un de ses adversaires? L’essentiel n’est sans doute pas là. Le Lab souligne que le 20 novembre, Bruno Le Maire avait expliqué aux siens pourquoi il choisissait de soutenir François Fillon: "Nous avons des élus, 35 parlementaires. Il faut sauver leurs investitures! C'est Fillon qui les leur donnera. Donc je soutiens Fillon." Avant la fin de la primaire, les plus audacieux pensent donc aux Législatives.

Robin Verner