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Politique

Au procès Viguier, l'amant de la disparue accusateur et accusé

Amant de Suzanne Viguier disparue en 2000, Olivier Durandet s'en est pris vivement, lundi à la cour d'assises du Tarn, à son ancien rival Jacques Viguier, jugé en appel pour le meurtre de son épouse. /Photo d'archives/REUTERS/Stéphane Mahé

Amant de Suzanne Viguier disparue en 2000, Olivier Durandet s'en est pris vivement, lundi à la cour d'assises du Tarn, à son ancien rival Jacques Viguier, jugé en appel pour le meurtre de son épouse. /Photo d'archives/REUTERS/Stéphane Mahé - -

par Nicolas Fichot ALBI, Tarn - Olivier Durandet, amant de Suzanne Viguier disparue en 2000, s'en est pris vivement lundi à son ancien rival Jacques...

par Nicolas Fichot

ALBI, Tarn (Reuters) - Olivier Durandet, amant de Suzanne Viguier disparue en 2000, s'en est pris vivement lundi à son ancien rival Jacques Viguier, jugé en appel pour le meurtre de son épouse.

A la onzième audience du procès à la cour d'assises du Tarn, la défense de Jacques Viguier a répondu en mettant en cause Olivier Durandet, estimant qu'il avait menti et manipulé la justice.

Les deux hommes s'affrontent depuis dix ans dans cette affaire, Olivier Durandet accusant le professeur de droit et amenant les policiers à ses trousses, tandis que son rival dénonce la proximité d'Olivier Durandet avec la police.

La semaine dernière, les avocats de Jacques Viguier avaient marqué un point en provoquant un bref placement en garde à vue d'Olivier Durandet, qui a dû reconnaître qu'il avait poussé un témoin, l'ancienne baby-sitter du couple, à mentir.

A la barre lundi, Olivier Durandet a raconté sa liaison commencée en 1998 avec Suzanne Viguier, elle-même trompée par son mari.

Le témoin, ancien représentant de commerce, a brossé un portrait noir de l'accusé. "Un homme intelligent, brillant. Mais froid, manipulateur, impulsif, parfois violent. Obsédé par le paraître et sa réussite, sa carrière. Méprisant pour les autres, les petits, les gens comme moi", a-t-il dit.

Olivier Durandet a mis en avant ce qui est vu par l'accusation comme le mobile du meurtre imputé à Jacques Viguier, la supposée volonté de son épouse de divorcer.

"Un mois avant sa disparition, Suzy lui avait annoncé en ma présence son intention de demander un divorce à l'amiable. Jacques est devenu blême, il s'est mis à bégayer puis il est parti comme un fou, en claquant des portes", a-t-il raconté.

Selon la version d'Olivier Durandet, c'est après l'avoir raccompagnée un soir chez son mari que Suzanne Viguier a disparu.

ATTITUDE AMBIGUË DE DURANDET

Olivier Durandet s'est justifié sur la révélation de la semaine dernière, où il est apparu qu'il avait fouillé la maison des Viguier en compagnie de la baby-sitter, après la disparition.

Il s'est dit de bonne foi. "C'est con, mais j'avais envie d'être rassuré, monsieur le président. Je n'avais aucune nouvelle de Suzy, je voulais en avoir, je l'aimais", a-t-il dit.

Il ne pouvait reconnaitre être entré dans la maison sans perdre la confiance de Jacques Viguier, a-t-il ajouté. "Mais dans cette maison, au cours de cette visite, je n'ai rien pris, et je n'ai rien amené", a-t-il assuré.

Un très vif échange a suivi avec Me Eric Dupond-Moretti, avocat de Jacques Viguier.

"Vous êtes un menteur, un manipulateur, un spécialiste des faux témoignages. Vous avez manipulé la moitié de la police de Toulouse et, en plus, vous êtes un antisémite", lui a dit l'avocat.

Olivier Durandet a contesté et expliqué qu'il attendait une chose du procès. "Dans mon attitude, aujourd'hui, il n'y a pas de vengeance, pas de rancune. Le temps est passé. Je voudrais juste une tombe pour Suzy, pour aller la pleurer. Pour le reste, j'assume tout mes erreurs", a-t-il dit.

Jacques Viguier est soupçonné car le sac à main de sa femme avec ses clefs a été retrouvé dans un placard de la maison, un élément initialement dissimulé par le professeur.

La police retient aussi que le professeur de droit s'est débarrassé d'un matelas juste après la disparition de sa femme.

Cependant, le dossier ne comporte ni de preuves matérielles de l'existence d'un crime, ni aucun aveu de Jacques Viguier, qui a été détenu pendant neuf mois durant l'enquête.

Soutenu par ses enfants et sa belle-mère, il avait été acquitté en 2009 en première instance par la cour d'assises de la Haute-Garonne. Le procès se termine en fin de semaine.

Édité par Thierry Lévèque