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Au Parti socialiste, la fronde se met en place contre Benoît Hamon

Benoît Hamon fait l'objet de critiques de la part de plusieurs ministres.

Benoît Hamon fait l'objet de critiques de la part de plusieurs ministres. - Charly Triballeau - AFP

L'élection confortable de Benoît Hamon à la primaire à gauche n'a pas permis de réconcilier les différents courants. Mise en garde, appel au droit de retrait... la gauche est au bord de l'implosion.

Sa victoire est sans conteste sauf... au sein de son propre camp. Les mises en garde, les rappels à l'ordre ou encore les appels à la discussion se multiplient à l'attention de Benoît Hamon, le candidat pour la présidentielle choisi lors de la primaire de la Belle Alliance Populaire. Il a bien tenté de faire des compromis assurant lundi soir sur France 2 ne pas être "fermé au fait d'enrichir son [mon] projet". Insuffisant pour certains à en juger les multiples provocations depuis dimanche.

Mardi, ce sont dix-sept parlementaires socialistes qui annoncent la possibilité de ne pas participer à la campagne de Benoît Hamon. Dans une tribune publiée dans Le Monde, les représentants du Pôle des Réformateurs du Parti socialiste dénonce à la fois le projet idéologique défendu par le candidat investi autant que la stratégie. "Benoît Hamon, dans les minutes suivant l’annonce de son investiture, a parlé de 'rassemblement'. Que sa traduction aboutisse, quelques phrases plus tard, à tendre la main à Jean-Luc Mélenchon, n’est pas forcément rassurant", mettent en garde Christophe Caresche et Gilles Savary, députés de Paris et de la Gironde.

"C’est pourquoi nous revendiquons haut et fort un droit de retrait de la campagne présidentielle car les conditions de notre soutien à la candidature de Benoît Hamon ne sont pas réunies", annoncent-ils.

Changer de ligne

La tribune ne mentionne pas un appel à soutenir Emmanuel Macron et Christophe Caresche, invité mardi matin de RMC, assure que l'objectif est ailleurs. Mais pourtant la tentation Macron est dans toutes les têtes, y compris au gouvernement. "La candidature de Benoît Hamon est indiscutablement très clivante", estime dans Le Parisien Jean-Marie Le Guen, le secrétaire d'Etat chargé du Développement et de la Francophonie. Avant de provoquer le candidat à la présidentielle: "On peut être socialiste et appeler à voter Macron."

Sa collègue à la Santé semble du même avis. Discrète pendant tout le déroulement de la primaire à gauche, Marisol Touraine souhaite que la gauche "se donne les moyens pour faire perdre la droite et l'extrême-droite", estimant sur RTL que son parti a toute sa place dans ce combat présidentiel. a une condition: que Benoît Hamon réussisse à réunir toutes les voix divergentes. "Benoît Hamon a la responsabilité comme candidat du Parti socialiste de rassembler la gauche et au-delà pour pouvoir gagner (...), juge la ministre. Je ne me suis pas reconnue dans son programme (...). Et d'ajouter: "S'il ne change pas de ligne, il ne rassemblera pas."

"Benoît Hamon ne peut rassembler sur des critiques de ce qui a été fait pendant cinq ans", confirme à son tour Michel Sapin sur France Inter.

Douche froide au gouvernement

Lundi, Benoît Hamon a reçu l'investiture officielle du Parti socialiste et la bénédiction du bout des lèvres du chef du gouvernement. Reçu par Bernard Cazeneuve, proche de Manuel Valls, a respecté les règles en apportant son soutien au candidat élu, mais lui a rappelé la nécessité de défendre le bilan du quinquennat. La gauche "ne réussira pas sans assumer le bilan du quinquennat de François Hollande, dont nous avons toutes les raisons d'être fiers des progrès qu'il aura grandement contribué à rendre possibles", prévient le locataire de Matignon. 

Il faut dire que les ministres ont été échaudés par le discours de victoire prononcé dimanche soir par Benoît Hamon. Annonçant vouloir "rassembler les socialistes", le vainqueur de la primaire a tendu la main à l'écologiste Yannick Jadot et à Jean-Luc Mélenchon, évoquant par la suite les différences avec Manuel Valls qui "ne sont pas irréductibles". Pour éviter le clash avec le Parti socialiste, Benoît Hamon pourrait compter sur le soutien du président de la République. SMS échangés dimanche soir, rencontre prévue jeudi... François Hollande serait inquiet, rapporte Le Parisien, qui parle de "ligne jaune" à ne pas franchir par Benoît Hamon s'il veut un soutien de sa famille politique.

Justine Chevalier