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Politique

Au coeur de l'Elysée, face à la crise: pour Macron, "personne n'était prêt"

Ce lundi soir, à 20h50, retrouvez notre long-format Au cœur de l'Elysée, face à la crise, et glissez un regard sur les coulisses du "Château" grâce à l'œil de notre caméra. Dans un entretien accordé à notre antenne à cette occasion, le chef de l'Etat défend également son action.

En 55 jours de confinement, douze Conseils de Défense et de sécurité nationale, trois allocutions solennelles et trois interventions médiatiques lors de déplacements. Et beaucoup moins de sorties. A l'Elysée, pour Emmanuel Macron, et malgré le confinement, l'activité ne s'est pas arrêtée, bien au contraire. 

Ce lundi soir, nous diffusons notre long-format, Au cœur de l'Elysée, face à la crise, captation de moments qui ont scandé la quarantaine de l'Elysée et occasion pour le président de la République d'expliquer sa gestion de la crise du coronavirus. 

"Il faut douter en permanence"

Avec une seule sortie par semaine en moyenne, le chef de l'Etat a réduit la voilure sur les visites de terrain. La main d'œuvre élyséenne aussi a fondu entre la mi-mars et le 11 mai: au lieu des 800 fonctionnaires habituels on n'y trouvait plus que 200 personnes. Avec des visioconférences et des réunions au formats réduits, la présidence de la République a ainsi géré la crise du coronavirus.

"Je ne me suis pas senti isolé mais concentré, et à l’action avec les membres du gouvernement", assure Emmanuel Macron. Celui-ci a vite pointé l'un des éléments-clés de son argumentaire: "Il faut douter en permanence surtout lorsqu’on est en face de l’inconnu, d’une expertise qui change. (…) Ce qui est très difficile à vivre pour nos sociétés c’est que l’expertise a changé et donc évidemment ce qui est une conviction un jour peut être remis en cause la semaine suivante."

"Nous ne sommes pas une République des scientifiques"

Car depuis le début de la crise, Emmanuel Macron a prétendu que les jugements scientifiques initiaux ne l'avaient pas dissuadé de maintenir le premier tour des municipales, dans un contexte pourtant déjà fortement dégradé et au milieu de préoccupations sanitaires déjà très alarmantes, et avaient guidé sa volonté de dissuader les particuliers de porter des masques les premières semaines. "Ce qui est vrai, c’est qu’il y a eu des manques et des tensions, c’est ça qu’il faudra regarder pour le corriger et prévenir. Ça nous amène donc à changer de logique en profondeur sur certains de ces sujets", a-t-il fait valoir devant notre objectif à ce propos. "Nous devons regarder en avant et avancer, viendra ensuite le temps de faire un retour d’expérience, de voir ce qui a été mal fait. Mais le temps n’est pas encore au bilan", a-t-il poursuivi. 

Le chef de l'Etat a retracé les grandes lignes du modèle décisionniste de la politique, qui s'oppose en principe à la vision technocratique du pouvoir: 

"Nous ne sommes pas dans la République des scientifiques, la République ce sont des hommes et des femmes qui sont élus pour prendre des décisions à la lumière de ce que nous savons et de ce que nous ne savons pas, et donc en prenant une part de risque que nous devons rendre transparente, en disant où sont les convictions et en avançant."

Macron vante une partie de son bilan 

Quant au confinement proprement dit, il a admis: "Le confinement, c’est la mesure la plus absolue, la plus radicale, la plus fruste pour stopper une pandémie qu’on ne maîtrise plus." Des erreurs de jugement, une première réponse pour le moins brute visant surtout à parer au plus pressé, Emmanuel Macron a prêté le flanc à de nombreuses critiques, en provenance de l'opposition et de l'opinion. "Quand je regarde autour de nous, personne n’était prêt ! Personne !" a-t-il avancé avant de prolonger: "Certains pays d'Asie du sud-est étaient prêts, parce qu'ils ont vécu dans leur mémoire récente des pandémies très graves, il y a encore cinq ans et dix ans. Nous, non. Nous étions donc moins prêts que d'autres continents."

Mais Emmanuel Macron a cependant voulu peindre le bilan de l'exécutif de couleurs plus vives. "Nous avons réussi sur l’enseignement à distance, nous avons réussi cette rentrée des classes – 90% des commune ont rouvert leurs écoles ! Et nous avons réussi la réponse économique et sociale." Il en a profité pour dresser un rapide portrait de ce que doit être d'après lui le chef de l'Etat: "Les ministres et le Premier ministre ont été au front. Le Président, son rôle, c’est bien évidemment de superviser tout cela mais aussi quand un sujet est en crise de descendre sur le terrain et d’aller dans le détail."

Un jugement mitigé sur l'Europe 

Emmanuel Macron a toutefois concédé que l'Union européenne avait au moins en parti failli. 

"L’Europe n’a pas été au rendez-vous à l’entrée de cette crise. L’organisation de chaque pays n’a pas été coordonnée. Certains pays ont fermé leurs frontières, et se sont souvenus qu’ils étaient des Etats-nations avant d’être européens et ont considéré que l’Europe était sans doute une bonne chose pour toucher les crédits mais pas pour protéger", a-t-il dit, avant d'estimer: "Ensuite, l’Europe a été au rendez-vous de la réponse économique d’urgence."

Une critique qui fait écho à l'initiative, annoncée ce lundi, de lancer une politique européenne de la santé, avec Angela Merkel, sur la constitution de stocks de masques ou des commandes communes.

Pauline Revenaz, avec Robin Verner