Attaquée sur plusieurs de ses livres, Marlène Schiappa se défend et évoque "des propos d'humour"

La secrétaire d'Etat en charge de l'égalité hommes-femmes a publié mercredi un communiqué pour dénoncer des "montages" et "citations sorties de leur contexte" extraites d'un de ses livres. Dans Maman travaille, elle délivrait en 2011 des conseils aux femmes enceintes pour se faire prescrire un arrêt de travail pathologique.

"Des propos d’humour tenus il y a plusieurs années ne sauraient être considérés comme l’alpha et l’oméga des politiques publiques que je mène". Ce mardi, Marlène Schiappa a publié un communiqué de presse pour se défendre des attaques qu'elle subit depuis sa nomination comme secrétaire d'Etat en charge de l'égalité hommes-femmes. Auteure de nombreuses publications, elle est critiquée pour des propos tenus dans plusieurs d'entre elles, en particulier Maman travaille, sorti en 2011.

Ces derniers jours, un extrait précis circule sur internet et dans des articles de presse, publiés par Atlantico ou encore Valeurs actuelles, qui l'accusent de défendre "la fraude" à la Sécurité sociale. La secrétaire d'Etat évoque "des extraits (...) souvent à l'initiative de l'extrême droite" et des propos sortis de leur contexte. 

"Certains sont des montages ou des commentaires assimilés à des extraits. D'autres sont sortis de leurs contextes", dénonce-t-elle. 

"Exagérez tout"

Dans le passage en question, publié également par des internautes et notamment une blogueuse médecin généraliste sur Twitter, elle délivre "10 suggestions" aux femmes enceintes, pour se faire prescrire un arrêt de travail pathologique.

Evoquant ses propres difficultés après un accouchement, et le refus d'un médecin de prolonger son congé parental, elle conseille plusieurs choses comme "faites-vous moche", "ne souriez en aucun cas ou alors faites un petit sourire triste", "venez avec votre bébé à l'heure de son repas", "exagérez tout", ou encore "quand enfin vous avez votre arrêt, ne jubilez pas, continuez à être bizarre et abattue". 

"Un livre humoristique"

Dans son communiqué, Marlène Schiappa explique que l'ouvrage, publié en 2011, est "paru il y a environ dix ans". Elle se défend en invoquant le caractère humoristique du livre, tout en insistant sur le fait que ses propos intervenaient dans un contexte et un engagement tout à fait sérieux. 

"L'extrait en question est une suite de propos rapportés dans le cadre d'un groupe de parole de femmes en dépression port partum (sic), sujet grave qu'elle a contribué à porter dans le débat public."
"Maman travaille est un livre humoristique, mêlant informations pratiques et billets d'humeur parodiques, spécifiés explicitement comme tels", poursuit le document, qui cite la secrétaire d'Etat à la troisième personne.

Rappelant quelques éléments de sa biographie, le communiqué insiste sur le fait qu'elle a d'abord publié plusieurs ouvrages "d'humour", puis plus tard "une quinzaine de livres qui font référence, guides sérieux ou essai d'analyses". Le texte insiste enfin sur l'engagement actuel de la secrétaire d'Etat.

"Elle est pleinement investie et concentrée sur sa tâche et fait de l'explication de ces politiques publiques ambitieuses, dans le cadre de la grande cause nationale du quinquennat, une priorité absolue". 

La fellation, une "spécialité des rondes"

Mais Maman travaille n'est pas le seul ouvrage pour lequel la secrétaire d'Etat fait face à des critiques. Après l'annonce de sa nomination dans le gouvernement d'Edouard Philippe, Marlène Schiappa a été épinglée pour un autre ouvrage, Osez l'amour des rondes, cette fois par des internautes, des lectrices au moment de la parution du livre, et des blogueuses, dont Daria Marx et Paola Audrey. Un livre à la légèreté revendiquée qui n'est pas évoqué dans le communiqué de presse mais souvent cité sur internet depuis la nomination de Marlène Schiappa. 

Parmi les reproches faits à ce livre sorti fin 2010 et à son auteure, une compilation de clichés et de conseils inappropriés faits aux femmes grosses. Dans son livre, dont de nombreux extraits ont été publiés par Buzzfeed, l'auteure présente notamment la fellation comme "une spécialité des rondes" et écrit à propos des femmes rondes:

"Elles sont sensuelles, elles attirent le mâle en rut et quand on y a goûté, on ne peut plus s'en passer". 

Le livre ayant entraîné des réactions négatives dès sa parution, Marlène Schiappa se défendait dès 2011 dans un entretien à un blog de L'Obs. 

"Osez l'amour des rondes n'a pas la prétention de détenir la vérité ultime sur toute la vie sexuelle des rondes. C'est un livre érotico-rigolo sur/pour les rondes. Mon but en écrivant ce livre c'était justement de sortir les rondes du ghetto", déclarait-elle. 

Elle reconnaît des "maladresses"

Interviewée très récemment par le magazine Causette, la secrétaire d'Etat a dit regretter que ce livre fasse plus parler de lui que ses autres ouvrages sur des sujets comme le viol ou la possibilité des femmes à concilier maternité et carrière professionnelle.

"Sur le fond, je déplore qu’un petit fascicule de quarante-cinq pages que j’ai écrit il y a dix ans soit la chose la plus commentée, alors que j’ai écrit une quinzaine de livres depuis. Parmi eux, un concerne la culture du viol, Où sont les violeurs – salué par toutes les féministes à sa sortie –, et un autre sur le plafond de verre, Le Plafond de mère, le premier livre en France qui traitait des freins à la carrière professionnelle des femmes autour de la maternité", faisait-elle valoir. 

"Je trouve qu’il y a une part de mauvaise foi et une volonté de me décrédibiliser en ne retenant que ce livre de mon parcours", ajoutait-elle, reconnaissant "des maladresses" dans son livre. "Il y a un certain nombre d’expressions que j’ai utilisées dans ce livre que je n’utiliserais plus aujourd’hui et contre lesquelles je lutte désormais", concluait Marlène Schiappa. 

Charlie Vandekerkhove