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Politique

Arnaud Montebourg au nouveau ministère du Redressement productif

Arnaud Montebourg va tenter au nouveau ministère du Redressement productif de mettre en application ses idées sur la "démondialisation", qui avaient fait de lui le "troisième homme" de la primaire socialiste. /Photo prise le 23 avril 2012/REUTERS/Jean-Pau

Arnaud Montebourg va tenter au nouveau ministère du Redressement productif de mettre en application ses idées sur la "démondialisation", qui avaient fait de lui le "troisième homme" de la primaire socialiste. /Photo prise le 23 avril 2012/REUTERS/Jean-Pau - -

PARIS (Reuters) - Arnaud Montebourg va tenter au nouveau ministère du Redressement productif de mettre en application ses idées sur la...

PARIS (Reuters) - Arnaud Montebourg va tenter au nouveau ministère du Redressement productif de mettre en application ses idées sur la "démondialisation", qui avaient fait de lui le "troisième homme" de la primaire socialiste.

Tenant d'une rupture à gauche, fort d'un engagement ancien contre la corruption et partisan de la "mise sous tutelle" des banques et de la finance, cet avocat de 49 ans tient là le premier poste important d'une carrière politique entamée avec son élection en 1997 à l'Assemblée comme élu de Saône-et-Loire.

Eloquent jusqu'à l'emphase, impétueux jusqu'à l'esclandre, le personnage est incontournable au PS depuis qu'il a obtenu à la surprise générale 17% des voix à la primaire socialiste en octobre dernier, sur une ligne très critique de celle adoptée par François Hollande, qu'il jugeait trop modéré.

La réussite de cette consultation était d'ailleurs une victoire personnelle pour lui, puisqu'il en avait imposé l'idée et défini les principes contre l'avis des ténors du parti, y compris celui du futur président socialiste.

Ce "flair" prêté à ce petit-fils d'un Algérien et fils d'un boucher de la Nièvre, qui revendique ses origines populaires, lui a valu son poste au moins autant que le score important réalisé par le candidat de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon (11,1%) au premier tour de la présidentielle.

Cette entrée au gouvernement était loin d'être acquise, tant la place d'Arnaud Montebourg au Parti socialiste a été depuis ses débuts celle d'un électron libre, voire d'un importun aux yeux de nombreux dirigeants de la formation.

En 2007, quand il était-porte parole de Ségolène Royal, il s'était fait sanctionner par le PS pour avoir estimé que François Hollande était le "principal handicap" de la candidate socialiste à l'élection présidentielle.

Dans les années 1990, il n'avait pas de mots assez durs en privé pour celui qui est aujourd'hui chef de l'Etat, brocardant comme d'autres le supposé flou de sa ligne politique.

Il a mis ces critiques dans sa poche durant la campagne Hollande, sans occuper de place dans l'organigramme mais en représentant le candidat dans les usines, en particulier celles qui étaient menacées de fermeture.

LE THÈME DE LA CORRUPTION

C'est surtout sur le thème de la corruption, son cheval de bataille, qu'il a bousculé son parti.

Les faits lui ont souvent donné raison, comme lorsqu'il poussa, sans succès, Martine Aubry à écarter l'homme fort du PS de Marseille Jean-Noël Guérini, finalement mis sur la touche après une mise en examen pour association de malfaiteurs.

Le combat d'Arnaud Montebourg contre la corruption avait amené son entrée en politique, au début de la présidence de Jacques Chirac. En 1996, il avait, en soutenant comme avocat une plainte pénale, contraint le Premier ministre Alain Juppé à quitter le logement de la Ville de Paris qu'il occupait illégalement.

En 2001, il avait, contre l'avis de Lionel Jospin et du PS, mené une campagne retentissante, quoique vaine, pour obtenir les signatures de parlementaires visant à faire traduire Jacques Chirac en Haute cour pour les "affaires" de la Ville de Paris.

Il s'est ensuite fait connaître à l'Assemblée par des rapports virulents sur la corruption des tribunaux de commerce et les paradis fiscaux en Europe.

Il recueille aussi un certain succès dans l'opinion pour ses propositions de réformes institutionnelles sur le thème de la "VIe République", reprises en partie par le candidat Hollande.

Désormais, il croit au destin de "jeune lion" qu'il s'était promis en 2007, après sa réélection de justesse à l'Assemblée et voit beaucoup plus loin.

Il a fondé après la primaire un club, "La Rose et le Réséda", du nom d'un poème d'Aragon, où on lit : "Quand les blés sont sous la grêle/ fou qui fait le délicat/ fou qui songe à ses querelles/ au coeur du commun combat".

Thierry Lévêque, édité par Yves Clarisse et Gilles Trequesser