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Après une nuit dans un refuge, Macron visite la Mer de Glace pour parler climat

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Emmanuel Macron est arrivé en Haute-Savoie mercredi soir, où il a choisi de se rendre en vue de réinvestir les thèmes liés à l'écologie et à la protection de l'environnement.

Emmanuel Macron est arrivé mercredi soir à Chamonix pour une nuit en altitude et une visite de la Mer de Glace ce jeudi, afin de promouvoir des mesures en faveur de l'écologie et de la biodiversité, thèmes qui seront au cœur des prochaines échéances électorales.

Comme il l'a dit à sa majorité mardi soir, le chef de l'État veut faire de l'écologie l'une des priorités de sa fin de quinquennat, engluée depuis des semaines dans la réforme des retraites. 

Une nuit à 2000 mètres d'altitude

Pour ouvrir ce nouveau chapitre, Emmanuel Macron a présidé mercredi midi à l'Elysée un Conseil de défense écologique. À la sortie, Elisabeth Borne, ministre de la Transition écologique, a confirmé une extension des parcs naturels et des mesures d'adaptation aux inondations. 

L'État s'engage en outre à des pratiques éco-responsables: forfait de 200 euros par an pour inciter les fonctionnaires au vélo ou au covoiturage, arrêt des achats d'objets en plastique à usage unique, parkings à vélos et bornes électriques sur ses sites. Le Conseil a également annoncé la création d'une aire protégée du site du Mont-Blanc d'ici la fin de l'année. Des mesures que les associations écologistes ont globalement jugé encore insuffisantes.

C'est pour donner plus de poids aux mesures de protection du Mont-Blanc et promouvoir l'action du nouvel Office français de la biodiversité, lancé en janvier, que le chef de l'État a décidé de passer un jour et demi dans le massif du Mont-Blanc. 

Une descente de la Mer de Glace

Mercredi soir, il a emprunté un petit train pour gagner le Refuge du Montenvers, à 1913 mètres d'altitude, où il a dîné avec des experts pour discuter de l'impact du réchauffement climatique.

Autour de la table se sont réunis des sommités comme le célèbre climatologue Jean Jouzel, la biologiste Camille Parmesan et la spécialiste de la biodiversité Anne Larigauderie, de l'IPBES, qui a publié l'an dernier un rapport glaçant sur la disparition des espèces. 

Emmanuel Macron a aussi convié quelques dirigeants d'associations, comme Michel Dubromel, président de France Nature Environnement. Et des personnalités engagées comme l'explorateur-aventurier sud-africain Mike Horn, de retour du Pôle nord où il a alerté sur la fonte des glaces. Mike Horn est cependant critiqué pour sa participation cette année au rallye du Dakar.

Ce jeudi matin, le président descendra les 500 marches qui mènent à la célèbre Mer de Glace. Son recul ces dernières années, plus de 120 mètres au cours du siècle dernier, est l'illustration la plus spectaculaire de l'impact du réchauffement climatique en France.

De retour à Chamonix, Emmanuel Macron doit ensuite détailler des mesures de protection du Mont-Blanc et de son écosystème, menacés par la surfréquentation et les incivilités des visiteurs. Le massif, qui culmine à 4809 mètres, sera davantage protégé par l'entrée en vigueur d'un arrêté préfectoral de protection naturelle.

"Opération de communication"

Ces derniers étés, plusieurs incongruités ou dégradations ont émaillé les ascensions du Mont-Blanc: l'atterrissage d'un avion de tourisme non loin du sommet pour que deux alpinistes suisses n'aient plus qu'à gravir les derniers mètres, un Britannique qui avait monté un rameur mais pas réussi à le redescendre, des Lettons qui avaient tenté de monter un mât de 10 mètres pour y faire flotter leur drapeau...

Mais ces quelques cas, médiatisés grâce aux réseaux sociaux, ne concernent qu'une poignée des quelque 20.000 personnes qui tentent l'ascension. Les autorités ont également décidé de rendre obligatoire la réservation en refuge, pour lutter contre les bivouacs sauvages, interdits sur ce site classé.

Emmanuel Macron est en outre attendu par les associations locales sur les problèmes de qualité de l'air dans la vallée de l'Arve, lieu de passage de très nombreux poids lourds.

"Je ne peux pas interdire aux camions de passer", a-t-il lancé dans une interview au Dauphiné libéré, en préconisant une politique européenne de renouvellement du parc de camions. "Si j'impose ce renouvellement seulement aux camions de la région, je les tue, car des camions viendront d'Espagne ou de Roumanie. La question est comment on oblige tous les roulants en Europe à renouveler leur parc", a-t-il plaidé.

"Tant mieux s'il prend des bonnes mesures pour protéger le site du mont Blanc, qui est très abîmé", a déclaré l'écologiste Yannick Jadot sur BFMTV. Mais "on peut sourire du fait que le président convoque ces comités de défense écologique quelques semaines avant une échéance électorale", en l'occurrence les municipales de mars, qui pourraient se traduire par une poussée des écologistes.

Jeanne Bulant avec AFP