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Anne Pingeot raconte sa vie avec Mitterrand: "Ses lettres étaient passionnées, je les croyais"

Anne Pingeot et sa fille Mazarine, le jour des obsèques de François Mitterrand, le 11 janvier 1996, à Jarnac.

Anne Pingeot et sa fille Mazarine, le jour des obsèques de François Mitterrand, le 11 janvier 1996, à Jarnac. - Derrick Ceyrac - AFP

La mère de Mazarine Pingeot, l'enfant qu'elle a eu avec François Mitterrand, raconte dans une biographie écrite par un ex-journaliste de la BBC, certains souvenirs de sa vie avec l'ancien président de la République. Une première.

Pour la première fois, Anne Pingeot a accepté de parler. Dans une biographie de François Mitterrand signée Philip Short, ancien journaliste de la BBC correspondant à Paris, et intitulée François Mitterrand, portrait d'un ambigu (éditions du Nouveau Monde), la mère de Mazarine revient sur sa relation avec l'ancien président de la République. Une première pour celle qui avait 20 ans lorsqu'elle a rencontré Mitterrand, de 27 ans son aîné, mais qui n'avait jamais parlé ni de lui, ni de leur fille, comme le souligne l'hebdomadaire L'Express, qui publie quelques extraits de l'ouvrage.

Quand Danielle Mitterrand s'opposa à une vie commune

Parmi les souvenirs évoqués par Anne Pingeot, celui d'une déception. Déception lorsque François Mitterrand lui montre, en 1965, une maison en bois située dans une clairière près de Hossegor, dont il veut faire leur maison. L'endroit, surnommé Latche, devint leur lieu de rendez-vous, celui où ils se retrouvaient régulièrement, explique Anne Pingeot.

Mais Danielle Mitterrand, qui fréquentait de son côté Jean Balenci, l'homme dont elle a partagé la vie pendant plusieurs années tout en étant mariée, s'est opposée à cette vie commune des deux amants. François Mitterrand s'est finalement plié à sa volonté.

"Ses lettres étaient passionnées, je les croyais. J'avais fait des dessins pour la bergerie, pour l'aménagement... Je pensais que ce serait notre maison, comme il me l'écrivait. L'idiote que je suis!", raconte Anne Pingeot, qui confie que cet épisode l'a dévastée à l'époque des faits.

"Découvrir que l'on n'est pas la préférée, c'est le plus dur", résume-t-elle.

Pourtant, comme l'expose le livre, François Mitterrand ne manquait jamais d'être présent pour Anne Pingeot. C'est sur ses conseils que cette passionnée d'art entreprit de devenir conservatrice de musée, et que, pour ce faire, elle passa quatre années en fac de droit pour obtenir son diplôme. François Mitterrand avait promis de l'aider. Ce qu'il fit: en 1965, entre les deux tours de l'élection présidentielle, le candidat à l'Elysée, alors adversaire du général de Gaulle, l'avait épaulée pour faire sa dissertation. "J'en ai honte rétrospectivement", reconnaît Anne Pingeot. "Le candidat à la présidence de la République avait autre chose à faire que de m'aider à faire mon devoir sur les syndicats de communes... Il l'a fait par amour et pour se prouver qu'il était, lui, le maître de son temps".

Mitterrand le séducteur

Anne Pingeot explique également avoir souffert des écarts de François Mitterrand, qui multipliait les conquêtes, à l'heure où cette jeune femme, issue d'une famille traditionaliste et catholique, adoptait un comportement allant à l'encontre des conventions sociales qui pesaient encore lourdement à cette époque. François Mitterrand est le seul partenaire qu'ait connu Anne Pingeot.

"Je n'ai jamais connu personne d'autre. Ni avant ni après".

"Admirer la personne qu'on aime, c'est un immense bonheur. (...) C'était le renouvellement permanent. Trente-deux ans de vie intense de bonheur... et de malheur! Parce que c'était dur".

Mazarine, un "vrai cadeau"

C'est au cours de la campagne électorale pour la présidentielle de 1974 que François Mitterrand apprend qu'Anne Pingeot est enceinte. Mazarine naît le 18 décembre de la même année, à Avignon.

Dix-huit mois plus tôt, Anne Pingeot avait posé un ultimatum à son amant, rapporte l'ouvrage: elle voulait un enfant de lui. S'il refusait, elle remettrait en question leur relation. François Mitterrand, alors âgé de 57 ans, avait d'abord refusé, avant de céder. "C'est le seul vrai cadeau qu'il m'a fait", juge Anne Pingeot. "Puisqu'ils ne pouvaient se marier, c'était leur façon de s'engager l'un envers l'autre. François Mitterrand n'était peut-être pas sentimental, mais il était romantique", conclut l'ouvrage.