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Alain Juppé prépare son offre politique, 2012 en ligne de mire

L'ancien Premier ministre Alain Juppé se déclare à nouveau prêt à être candidat à la prochaine présidentielle si le chef de l'Etat ne se présente pas en 2012. Dans un entretien publié par Le Monde, le maire de Bordeaux estime que Nicolas Sarkozy est "le c

L'ancien Premier ministre Alain Juppé se déclare à nouveau prêt à être candidat à la prochaine présidentielle si le chef de l'Etat ne se présente pas en 2012. Dans un entretien publié par Le Monde, le maire de Bordeaux estime que Nicolas Sarkozy est "le c - -

PARIS - L'ancien Premier ministre Alain Juppé se déclare à nouveau prêt à être candidat à la prochaine présidentielle si le chef de l'Etat ne se...

PARIS (Reuters) - L'ancien Premier ministre Alain Juppé se déclare à nouveau prêt à être candidat à la prochaine présidentielle si le chef de l'Etat ne se présente pas en 2012, tout en assurant qu'il n'est pas "anti-Sarkozy".

Dans un entretien publié par Le Monde, le maire de Bordeaux, qui a récemment annoncé la création d'un "think tank" politique, explique qu'il va préciser son "offre autour de deux ou trois sujets qui (lui) tiennent à coeur".

Même s'il affirme se situer "dans la majorité", il revendique sa "liberté de parole" et souhaite "autant que possible transcender les étiquettes politiques".

Alain Juppé, que plusieurs sondages ont classé parmi les "présidentiables" les plus crédibles à droite, réfute toute hostilité à l'égard du chef de l'Etat mais il confie qu'il n'a "jamais cru à la rupture" chère à Nicolas Sarkozy.

Ce dernier reste à ses yeux "le candidat naturel de la droite en 2012" mais, s'il renonçait à briguer un nouveau mandat, "l'UMP devra organiser des primaires et dans ce cas, j'envisagerai de concourir".

Face aux autres prétendants présidentiels - Dominique de Villepin ou Jean-François Copé - il estime avoir "un avantage et un inconvénient: j'ai dix ans de plus qu'eux!"

Sur le fond, il attaque plusieurs initiatives présidentielles comme le débat sur l'identité nationale ou l'abandon de la taxe carbone.

Il "conseille" également au président "d'adapter" le bouclier fiscal, décrié par la gauche et une partie grandissante d'élus de la majorité. "Ce que je ne digère pas, c'est le triomphe de la cupidité", assène-t-il.

Sur la forme, il estime que le "style" de Nicolas Sarkozy explique "incontestablement" une partie du "désamour" qui s'est exprimé à l'égard de l'UMP lors des élections régionales de mars.

"Après la Sarkofolie, la Sarkophobie", constate-t-il, appelant à "relativiser les mouvements d'opinion". "Tout cela va et vient", constate Alain Juppé.

CONSENSUS

Rares lauriers dans une litanie de critiques, il juge que Nicolas Sarkozy a bien géré la crise et ne mérite probablement pas d'être jugé aussi sévèrement par l'opinion publique.

Selon un sondage Ifop paru jeudi dans Paris Match, la cote de Nicolas Sarkozy est au plus bas depuis son arrivée à l'Elysée, avec seulement 33% de Français satisfaits - une tendance observée par la plupart des instituts de sondage depuis les régionales.

"Je ne suis pas anti-Sarkozy, j'ai de l'amitié pour lui" mais "dans notre société de l'instantanéité absolue, de l'inconstance, il y a des tendances profondes qu'il faut sentir. Je ne crois pas à la rupture, je n'y ai jamais cru", assène Alain Juppé.

Il dénonce tour à tour le "rythme des réformes" - "on ne peut pas tout faire en même temps" - ou la réforme des collectivités territoriales qui, "dans son calendrier et ses modalités, nous a coûté cher" lors des élections régionales.

Il redit son opposition au débat "détestable" sur l'identité nationale orchestré par le ministre de l'Immigration Eric Besson avec l'aval de Nicolas Sarkozy.

Cette thématique est "de nature à monter les communautés les une contre les autres" alors que, selon Alain Juppé, "nous avons besoin de rassemblement, de réconciliation, de recherche du consensus pour progresser".

Il se prononce contre une loi d'interdiction générale de la burqa, que réclame le président du groupe UMP à l'Assemblée, Jean-François Copé. Elle risquerait "de donner le sentiment d'une stigmatisation de l'islam", juge l'ancien Premier ministre.

Ultime conseil de celui qui quitta Matignon après l'échec de sa réforme du système de retraites: "lorsqu'on arrive à un tel désamour, mieux vaut chercher, autant que possible, le consensus. J'en parle en connaissance de cause".

Laure Bretton