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Affaire Penelope Fillon: les élus LR font bloc pour leur candidat

Les députés et autres élus de l'opposition ont défilé ce mardi dans les couloirs de l'Assemblée et dans les médias pour soutenir François Fillon, mis en difficulté par la polémique soulevée par les révélations sur les sommes perçues par son épouse pendant plusieurs années.

Pour le moment, les élus Les Républicains défendent bec et ongles leur figure de proue pour la prochaine présidentielle. Ce mardi, Bruno Retailleau, président du Conseil régional des Pays de la Loire, et proche parmi les proches du candidat de la droite et du centre, a été le premier à prendre la défense de François Fillon, alors qu'une enquête est en cours autour des revenus perçus par l'épouse de ce dernier pendant plusieurs années et la réalité de son activité à ses côtés: "François Fillon est le champion de la droite, je ne vois pas d'autre que lui!". Il assure également que "Penelope Fillon a toujours secondé François Fillon. Tout le monde sait ce qu'il lui doit dans le quotidien". 

"Que peut-il faire d'autre?"

Pour le sénateur de la Meuse et ex-ministre de la Défense, Gérard Longuet, invité mardi soir sur BFMTV, c'est aussi une question de reconnaissance:

"Penelope Fillon a fait le choix d’accompagner son mari. Que son mari ait décidé qu’elle aurait la moitié des revenus d’un attaché parlementaire, ils sont plus de cent députés à faire la même chose et on les comprend très bien. (...) Quand un conjoint ou une conjointe se sacrifie pour soutenir l’élu, le parlementaire, que peut-il faire d’autre que de devenir le collaborateur?"

Par ailleurs, le parlementaire juge les sommes dont il est question finalement assez "modestes". Mais Penelope Fillon n'est pas la seule membre de la famille à être soupçonnée d'avoir été, de manière fictive, l'assistante parlementaire de l'ex-Premier ministre. Deux des enfants du couple ont aussi perçu 84.000 euros en tant qu'attachés parlementaires de François Fillon. Là aussi Gérard Longuet, qui estime "que l'enquête du parquet n'a aucune légitimité" car "la séparation des pouvoirs, ça existe", a aussi une explication: "Dans des circonstances qui nous échappent, parfois, des étudiants se tournent vers leur père pour lui demander de les aider à travailler. Et ça arrive dans toutes les familles."

Deux poids, deux mesures

D'autres élus s'étonnent du traitement médiatique et judiciaire autour de François Fillon. Selon eux, d'autres cas controversés n'ont pas bénéficié du même zèle. Christian Jacob, président du groupe Les Républicains à l'Assemblée nationale, est de ceux-là: "Le parquet s’est saisi de l’affaire à la suite des révélations du Canard Enchaîné. Pourquoi, quand d’autres journalistes interviennent sur l’attitude ou les comportements de Macron, ça ne donne pas lieu à une enquête préliminaire?"

Il évoque ici la parution de l'ouvrage Dans l'enfer de Bercy, où les auteurs, les journalistes Marion L'Hour et Frédéric Says, notent qu'Emmanuel Macron avait épuisé 80% de la somme allouée annuellement pour les frais de représentation du ministère en huit mois. 

Pierre Lellouche, député élu à Paris comme François Fillon, son voisin de circonscription, est sur la même ligne. Lui aussi demande aux observateurs de regarder ailleurs: 

"Des ministres actuels du gouvernement ont été mis en cause dans des livres. Il y a un livre sur le Qatar par exemple qui met nommément en cause un ministre. Est-ce qu’il y a eu une information judiciaire ? Aucune. Macron a été mis en cause aussi. Est-ce qu’il y a eu une information judiciaire? Aucune. A l’époque de François Mitterrand, qui est adulé aujourd’hui comme une espèce de modèle pour toute la gauche, pendant quatorze ans la République a payé pour sa maîtresse et sa fille adultérine. Qui trouve ça anormal? Alors, je veux bien qu’on soit plus blanc que blanc mais qu’au moins ce soit égal."

Il fait référence au livre Nos très chers émirs des journalistes Christian Chesnot et Georges Malbrunot dans lequel les relations supposées de Jean-Marie Le Guen avec l’ambassade du Qatar sont pointées du doigt. 

"Une déclaration de guerre" politique? 

Le sénateur de la Manche, Philippe Bas, soutien de François Fillon, n'y est pas allé par quatre chemins sur notre plateau. Pour lui, ces révélations constituent un "pilonnage systématique", une "déclaration de guerre" même. Mais l'élu veut croire que la stature de son candidat en ressortira grandie: 

"Il ne faut pas que ce débat démocratique soit confisqué. Il faut absolument qu’on en revienne le plus vite possible aux véritables enjeux de cette campagne, et le seul candidat qui émerge comme un homme d’Etat et la manière dont il réagit à cette tempête le prouve, c’est François Fillon."

Une collaboration qui remonte à loin pour Bernard Debré

Le député Bernard Debré lui aussi fait bloc derrière François Fillon. Une histoire, qui serait survenue pendant le séjour de ce dernier à l'Hôtel Matignon, lui paraît illustrer la longue collaboration des deux conjoints: 

"Un jour, j’ai voulu faire une inauguration. J’ai demandé à François Fillon s’il pouvait venir. Il m’a dit: 'Non, je ne peux pas venir, je t’envoie mon assistante'. Je lui dis très clairement: 'Je ne veux pas de ton assistante'. Il m’a dit: 'Oui, mais c’est ma femme'. Je lui ai dit: 'Si c’est ta femme, elle peut venir'."

Pour le moment, l'heure est à la solidarité dans les rangs de la droite. 

Robin Verner