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Politique

Affaire Lagarde/Tapie : « Le plus grand scandale de la Ve République » ?

Mise en examen, Christine Lagarde, qui ne bénéficie d'aucune immunité en tant que DG du FMI, risquerait alors 10 ans de prison et 150 000 euros d'amende.

Mise en examen, Christine Lagarde, qui ne bénéficie d'aucune immunité en tant que DG du FMI, risquerait alors 10 ans de prison et 150 000 euros d'amende. - -

La directrice du FMI a-t-elle détourné des fonds publics ? C’est ce que l’enquête, ouverte ce jeudi, devra déterminer. Christine Lagarde est soupçonnée de "complicité de faux" et de "complicité de détournement de fonds publics" dans l'affaire Tapie en 2008, alors qu'elle était ministre de l'Economie... Réactions et explications.

Ce jeudi, une enquête s’est ouverte sur Christine Lagarde. Le procureur lui reproche le choix de l'arbitrage privé, dans l'affaire Tapie/Crédit Lyonnais, en 2008, alors qu'il s'agissait d'argent public.
L'ex-ministre de l'Economie, nommée en juillet à la tête du Fonds monétaire international [FMI], est mise en cause pour avoir abandonné la voie judiciaire en 2007 dans un litige concernant la revente d'Adidas en 1993.
Il lui est aussi reproché d'avoir renoncé à contester l'arbitrage privé attribuant 285 millions d'euros à Bernard Tapie en 2008 [400 millions avec les intérêts]. A l'époque, les 2 parties adverses avait conclu un accord pour que l'indemnité ne dépasse pas 50 millions d'euros. Pourquoi a-t-elle été multipliée par 5 ? Y a-t-il eu usage d'un faux document ? C'est ce que devra déterminer l'enquête.

10 ans de prison et 150 000 euros d'amende

L'enquête, qui pourrait prendre des mois, voire des années, devra décider de la mise en examen de Christine Lagarde. Celle-ci risquerait alors 10 ans de prison et 150 000 euros d'amende. En tant que présidente du FMI, Christine Lagarde ne bénéficie d'aucune immunité.
Convaincu d'un non-lieu, l'avocat de Christine Lagarde s’est dit confiant, certain que cette procédure judiciaire n'est pas incompatible avec ses fonctions actuelles.
Le FMI a indiqué qu'il lui faisait confiance et qu'il était convaincu qu'elle pouvait efficacement remplir ses devoirs de Directrice générale.

« La responsabilité politique de Sarkozy est mise en cause »

La Cour de Justice avait repris le dossier de cette affaire à la demande de 9 députés socialistes en avril dernier. Elle ne soupçonnait à l'époque qu'un éventuel "abus d'autorité" passible de 5 ans de prison.
Jean-Marc Ayrault, chef des députés socialistes à l'Assemblée Nationale, fait partie de ses députés qui avaient demandé l'ouverture d'une enquête. Selon lui, ce n'est pas Christine Lagarde qui devrait être entendue mais Nicolas Sarkozy : « La manière dont l’affaire Tapie a été réglée, c’était parce que Nicolas Sarkozy l’a décidé. On sait bien comment fonctionne ce gouvernement et ce pouvoir ; on en a maintenant l’habitude malheureusement. Pour faire un tel cadeau à monsieur Tapie, il fallait bien que l’instance la plus haute de l’Etat décide. Et c’est maintenant la responsabilité politique de Nicolas Sarkozy qui est mise en cause. Et maintenant il est temps de dire pourquoi on voulait faire ce cadeau de 300 millions d’euros à monsieur Tapie. Pourquoi une justice privée, au lieu d’une ordinaire, de tous les Français, et au bout du compte cet énorme cadeau financier payé par tous les contribuables ? ».
Jean-Marc Ayrault, qui précise par ailleurs que « la Cour des Comptes avait établi aussi des anomalies dans ce dossier ».

« Une fragilisation extrême pour sa fonction, pour le FMI et pour la France »

Pour François Bayrou, président du Modem, cette enquête a de graves conséquences pour l'image de la France : « C’est une fragilisation extrême pour sa fonction, pour le FMI – surtout après ce qu’on a vécu [ndlr, l’affaire DSK] –, c’est une fragilisation pour la France. Selon moi, c’est le plus grand scandale de la Ve République. Il y a eu des faux, que la ministre de l’Economie ne pouvait pas ignorer et a même probablement été partie prenante dans les décisions prises ».

« Une bonne nouvelle pour l’UMP… » ?

Valérie Rosso Debord est déléguée générale adjointe de l'UMP et députée de Meurthe-et-Moselle. Que pense l'UMP de l'ouverture de cette enquête ? « C’est une bonne nouvelle, puisqu’elle permettra de faire toute la lumière sur cette affaire et de montrer qu’à aucun moment madame Lagarde n’a commis d’irrégularité ».

La Rédaction, avec Amandine Dubiez