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Politique

Affaire Benalla: qui sont les politiques qui s'en sortent le mieux?

Le Premier ministre Edouard Philippe et le chef de la République en marche et secrétaire d'Etat aux relations avec le Parlement Christophe Castaner, le 24 juillet 2018 lors d'une session de QAG à l'Assemblée.

Le Premier ministre Edouard Philippe et le chef de la République en marche et secrétaire d'Etat aux relations avec le Parlement Christophe Castaner, le 24 juillet 2018 lors d'une session de QAG à l'Assemblée. - Bertrand Guay - AFP

Quels sont les gagnants et les perdants depuis le début de l'affaire Benalla, du nom du collaborateur d'Emmanuel Macron accusé de violences en marge des manifestations du 1er mai à Paris? Notre éditorialiste politique Christophe Barbier distribue les notes, après presque deux semaines de tumulte politique.

Emmanuel Macron - 16/20

"Emmanuel Macron a été très bon. Honnêtement, son discours du mardi à la Maison de l'Amérique latine, devant les députés LaREM et Modem, a été très bien fichu, retournant un peu la polémique, remettant de l'ordre dans son camp: 'Le responsable c'est moi et moi seul…' Je pense que ça a été un tournant de l'affaire, c'est d'ailleurs là où l'incendie a commencé à reculer. La commission d'enquête de l'Assemblée a explosé peu après. Il mérite un bon 16/20."

Gérard Collomb - 8/20

  • "Le ministre de l'Intérieur a fait son audition à la vieille école: 'Je ne savais rien, ce n'est pas de ma faute, de quoi vous me parlez, ah bon je suis ministre'. Ses collaborateurs ont suivi la même ligne: 'Ce n'est pas nous, c'est la préfecture, ce n'est pas nous c'est l'Elysée'. Pour Gérard Collomb, c'est plutôt un 8/20, même si je pense que c'était assez malin. Il a fait une audition totalement sables mouvants, totalement pâteuse, donc on s'est moqués de lui mais mine de rien, on le laisse tranquille. Plus personne ne dit: "Il faut réentendre Gérard Collomb'. C'est une ligne de défausse, qui n'est pas courageuse mais pas forcément inefficace."

Christophe Castaner - 6/20

"Christophe Castaner mérite un 6/20. Il a joué aux abonnés absents, il n'a pas tenu son rôle dans l'hémicycle où il aurait dû mener la bataille dès le 18-19 juillet. C'est lui qui aurait dû prendre les coups. Or il a fallu attendre le mardi suivant et les questions au gouvernement pour qu'Edouard Philippe fasse le travail.

Et puis ça pose un problème fondamental, c'est qu'on ne peut pas être délégué général du parti de la majorité et secrétaire d'Etat aux relations avec le Parlement, c'est être juge et partie. Dès qu'il y a un problème politique, il ne peut plus faire son travail, comme nous l'avions souligné à son élection à la tête de La République en marche. Quand l'affaire explose le 18 juillet, le Christophe Castaner responsable du parti La République en marche, évidemment, ne va pas aller se frotter aux députés pour subir le feu des questions sur les incidents du 1er mai. Le Christophe Castaner secrétaire d'Etat aux relations avec le Parlement a le devoir d'aller devant les députés pour leur répondre. C'est le premier qui l'a emporté."

Edouard Philippe - 15/20

"C'est seulement le mardi suivant que le premier ministre, en répondant au feu roulant des questions au gouvernement, a incarné la réponse de l'exécutif face à l'étonnement et à la colère des députés. Edouard Philippe mérite une bonne note, pour le peu qu'il a eu à faire. Il a fait les questions au gouvernement mardi dernier, il les a toutes prises, c'était solide. Il peut aussi être bon ce mardi après-midi. On peut lui mettre 15/20."

Guillaume Larrivé - 15/20

"Du côté des oppositions, la révélation c'est Guillaume Larrivé (LR). Il a pris l'ascendant à droite pour mener la danse de la commission d'enquête de l'Assemblée. La plupart des Français l'ont découvert, il mérite aussi un 15/20."

Christian Jacob - 9/20

  • "Je lui mets 9/20, parce qu'il justifie la motion de censure, en remplacement de la commission qui a explosé en vol, sur le thème: "Le gouvernement aurait dû empêcher Macron d'être Jupiter. Le gouvernement est là pour défendre les prérogatives du gouvernement, or l'Elysée a tout mangé, on voit bien dans cette affaire que le ministre de l'Intérieur n'existe pas, que le Premier ministre n'existe pas… L'Elysée a trop de pouvoir, c'est la faute du gouvernement".

Christian Jacob était avec Sarkozy quand il a traité Fillon de collaborateur et que Matignon était réduit à rien du tout. Le césarisme, le bonapartisme, c'était Sarkozy autant que Macron. On n'entendait pas alors Jacob expliquer que le Premier ministre ne faisait pas son travail. Si on remonte plus loin, Chirac en 1974 quand il était Premier ministre de Giscard, était un Premier ministre hyper agressif contre son Président, c'était pas non plus dans la logique des institutions. Christian Jacob pourrait balayer devant sa porte avant de parler."

Marine Le Pen - 11/20

"Marine Le Pen a fait une apparition, unique mais plutôt une bonne apparition à la commission d'enquête, et là le fait qu'elle vote les deux motions de censure, elle pourrit un peu la droite et elle pourrit un peu la gauche. Elle montre en s'associant à la France insoumise que les populismes de tous les bords se rejoignent, et puis elle montre à la droite que l'extrême-droite est d'accord. Donc ça donne un argument à tous ceux qui pensent que la droite est en train de dériver vers l'extrême-droite. C'est assez rusé, c'est assez vicieux, on peut lui mettre 11/20."

Eric Coquerel - 12/20

"J'ai trouvé Jean-Luc Mélenchon un peu absent dans cette affaire. C'est peut-être Eric Coquerel qui a été le plus constant là-dessus, dès le début, sous réserve que Jean-Luc Mélenchon fasse un grand discours ce mardi après-midi. On peut mettre 12/20 à Eric Coquerel. Le problème de la France insoumise, c'est que dès qu'ils ont réclamé l'audition de Macron c'était ridicule, parce que c'est constitutionnellement impossible."

André Chassaigne - 12/20

"Les communistes, en se ralliant à la motion de censure des gauches, ont repris un peu la main. Sous réserve de ce qu'il dit cet après-midi, on aussi donner un 12/20 à André Chassaigne." Le député communiste du Puy-de-Dôme a été désigné comme orateur pour défendre ce mardi après-midi la motion de censure présentée par la gauche.

Propos recueillis par Liv Audigane