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"Actif", "arrogant"? Les six premiers mois de Macron à l'Elysée divisent

Alors qu'Emmanuel Macron s'est installé à l'Elysée il y a six mois ce lundi, nos éditorialistes dressent un premier bilan présidentiel contrasté: s'il est perçu comme un Président actif, le style d'Emmanuel Macron joue parfois contre lui.

Le 7 mai dernier, Emmanuel Macron battait Marine Le Pen au second tour de la présidentielle. Ce 6 novembre, il a nommé la romancière Leïla Slimani sa "représentante personnelle pour la francophonie". Entre ces deux événements, six mois ont passé, permettant à chacun de se forger une première opinion du mandat en cours. Et les Français sont divisés.

Selon un sondage d'Elabe que nous avons diffusé ce lundi, un Français sur deux assure qu'il est trop tôt pour juger de l'action entreprise mais 37% l'estiment déjà "décevante". Bernard Sananès, président de l'institut d'Elabe, a expliqué sur notre antenne ce même jour que l'étude approfondie des enquêtes d'opinion établies ces derniers mois livrait un autre enseignement: "Il a gagné en 'présidentialité' ce qu’il a perdu en sympathie et en proximité. La deuxième chose frappante, c’est l’incarnation et la polarisation."

Un président "qui fait", mais éloigné des Français? 

Le chef du service politique de BFMTV, Thierry Arnaud, a appuyé le premier point: "Je dirais qu’il y a deux choses qu’il a réussi à installer et qui sont quand même, compte tenu de sa jeunesse et de son inexpérience politique, des exploits: la première, c’est la capacité à habiter la fonction, personne ne remet en cause sa ‘présidentialité’ dans les sondages qui était une des critiques les plus émises contre François Hollande". Le journaliste a ensuite ajouté: "La seconde chose, c’est qu’il est un président qui fait ce qu’il dit. Il a pris des engagements durant la campagne, il les tient et ça c’est un acquis très important, même si dans le fond, ce n’est pas très différent de ce qu’ont fait ses prédécesseurs". 

L'écrivain Philippe Besson a lui aussi évoqué cet élément. "On se dit que c’est un type qui fait, et fait ce qu’il dit, ce qui change le regard qu’on porte sur lui", a ainsi avancé sur notre plateau ce lundi celui qui est connu pour être un ami d'Emmanuel Macron. Mais pour Christophe Pierrel, auteur de Ils votent Marine et ils vous emmerdent et ex-chef de cabinet adjoint de François Hollande, cette activité est à retenir contre lui, altérant notamment sa proximité avec les Français.

"On fait de la politique pour les gens, pas pour soi-même! (...) La colère est forte, très forte. On est sorti du mandat de François Hollande avec des non-réponses à cette problématique du Front national. La politique d'Emmanuel Macron ne répond pas aux problématiques les plus fortes des Français qui souffrent le plus: le pouvoir d’achat, difficultés du quotidien. Il y a une colère froide et deux France s’opposent de plus en plus", a-t-il développé. 

Le "piège" de l'autoritarisme

Thierry Arnaud a également pointé des limites de ce début de quinquennat, et au premier chef, le déséquilibre de la politique menée entre sa gauche et sa droite ainsi que l'attitude du président: "Il est perçu bien davantage comme un président de droite que de gauche, lui qui ne voulait être ni l’un ni l’autre et il y a une interrogation sur son style, car son franc-parler divise. On voit bien que ce qui le préoccupe, c’est faire plutôt qu’expliquer." La journaliste politique Michèle Cotta regarde dans la même direction: "A la télé, il a beaucoup de mal à avoir un contact avec les Français. Est-il trop autoritaire, le choisit-il? En tout cas, il est empathique avec les siens, moins avec les autres". 

D'après notre journaliste Ruth Elkrief, Emmanuel Macron est d'ailleurs en partie responsable de la fragmentation de l'opinion à son endroit: "On voit les réticences, on voit une indulgence des Français, une attente mais il a créé lui-même certains obstacles par son langage, par des actes parfois jugés trop autoritaires. Donc une question se pose : Ne serait-il pas arrogant, ivre de sa propre réussite? C’est un piège pour lui."

Robin Verner