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Accord sur les déficits en vue au g20 mais pas à marche forcée

Le secrétaire au Trésor américain Timothy Geithner, lors d'une conférence de presse au début du G20 à Toronto. Les pays du G20 étaient samedi proches d'un accord sur une réduction de moitié de leurs déficits sur une période de trois ans, tout en laissant

Le secrétaire au Trésor américain Timothy Geithner, lors d'une conférence de presse au début du G20 à Toronto. Les pays du G20 étaient samedi proches d'un accord sur une réduction de moitié de leurs déficits sur une période de trois ans, tout en laissant - -

par Jan Strupczewski and Gernot Heller TORONTO/HUNTSVILLE, Ontario (Reuters) - Les pays du G20 étaient samedi proches d'un accord sur une réduction...

par Jan Strupczewski and Gernot Heller

TORONTO/HUNTSVILLE, Ontario (Reuters) - Les pays du G20 étaient samedi proches d'un accord sur une réduction de moitié de leurs déficits sur une période de trois ans, tout en laissant à chacun le soin d'agir à son rythme pour ne pas remettre en cause une reprise économique qui reste fragile.

Réunis en sommet à Toronto, ils devraient également saluer l'annonce par la Chine d'un nouveau mode de gestion de sa monnaie, le yuan, mais appeler dans le même temps les pays exportateurs à stimuler leur demande intérieure, selon un projet de communiqué obtenu par Reuters.

Avec la régulation du système financier, les stratégies de sorties de crise devraient dominer les travaux de ce quatrième sommet du G20, qui regroupe les grandes nations industrialisées et les principales économies émergentes.

Il a vu le jour en novembre 2008 pour coordonner les efforts de la communauté internationale pour lutter contre une crise financière, qui a dégénéré en crise économique la plus grave depuis celle de 1929.

Dix-neuf mois plus tard, un mouvement de reprise à trois vitesses s'esquisse, avec une Asie qui a retrouvé des taux de croissance élevés, une économie américaine qui avance à un rythme laborieux et une Europe à la traîne, ce qui rend délicate la recherche de stratégies communes.

"Les cicatrices de la crise sont toujours visibles", a déclaré le secrétaire au Trésor américain Tim Geithner.

"Nous devons tous agir pour renforcer les perspectives de croissance. Cela nécessitera des stratégies différentes dans différents pays. Nous ne sortons pas de la crise à la même vitesse".

TAXE BANCAIRE FACULTATIVE

Le projet de communiqué qui circule reconnaît l'existence de stades plus ou moins avancés de reprise économique selon les pays et l'équilibre délicat nécessaire entre le soutien à la croissance et la consolidation de finances publiques mises à mal par la crise.

"Il y a le risque qu'un ajustement budgétaire synchronisé entre plusieurs grandes économies impacte négativement la reprise", lit-on dans le texte.

"Il y a le risque aussi que la non mise en oeuvre d'une consolidation nécessaire nuise à la confiance et entrave la croissance."

S'agissant de la régulation du secteur financier, le G20 est prêt à laisser chaque pays libre d'imposer une taxe bancaire pour récupérer les importants moyens engagés par les Etats pour sauver leurs établissements de la crise.

L'Europe et les Etats-Unis sont des partisans d'une telle taxe à laquelle s'opposent vivement le Canada ou le Japon en faisant valoir que leurs banques, que leur prudence a permis de sortir relativement intactes de la crise, n'ont pas a être sanctionnées.

D'autres divergences persistent sur la politique économique: échaudée par la crise de la dette grecque, l'Europe, rangée derrière l'Allemagne, a choisi de donner la priorité à la lutte contre les déficits pour regagner la confiance des marchés.

Les Etats-Unis, qui sont confrontés à un taux de chômage élevé, estiment pour leur part que rien ne doit être fait qui nuise à la croissance de l'économie mondiale et attendent des grands pays exportateurs, la Chine et l'Allemagne au premier rang, qu'ils stimulent leur demande intérieure.

LE DILEMME DU G20

Résumant le dilemme du G20, le secrétaire général de l'OCDE (Organisation de coopération et pour le développement économique), Angel Gurria, a déclaré que faire l'impasse sur les déficits ferait monter les coûts de financement des Etats mais que les réduire trop vite pourrait aggraver le chômage.

"Trouver le bon équilibre est primordial ", a-t-il dit.

Allemands et Américains ont eu l'occasion de réaffirmer clairement leurs positions avant le sommet de Toronto.

Présents au sommet du G8 qui s'est réuni à la veille du sommet du G20, les deux camps ont eu l'occasion de rapprocher leurs positions, au moins sur la forme.

"Il n'y a pas un seul interlocuteur autour de la table du G8 qui ait contesté la nécessité de réduire l'endettement et les déficits et en même temps de le faire d'une façon pragmatique, tenant compte de la situation propre à chaque pays", a déclaré le président français Nicolas Sarkozy.

"Je sais bien que tous les pré-papiers sur le G8 pariaient sur un affrontement. Je vous le dit sans aucune langue de bois, cet affrontement n'a pas eu lieu", a-t-il ajouté lors de la conférence de presse finale du sommet.

Yann Le Guernigou pour le service français