À qui reviendra l'héritage juppéiste?

Au centre droit, le maire de Bordeaux apparaît comme l'arbitre de la recomposition politique.

C'est un honneur auquel n'ont pas eu droit Laurent Wauquiez et Florence Portelli: Maël de Calan, fidèle juppéiste et candidat à la présidence des Républicains, recevra selon Le Figaro l'onction du maire de Bordeaux en Gironde, le 5 décembre prochain. Un geste lourd de sens, soulignant l'existence de deux droites au sein des Républicains, potentiellement irréconciliables. Pour l'avenir du parti, l'attitude du "meilleur d'entre nous" sera probablement un facteur décisif.

"Je suis un homme d’Etat qui n’a pas d’action directe, et un élu local", résume dans L'Opinion le principal intéressé.

Héritage

Malgré son échec personnel lors de la primaire de la droite, Alain Juppé peut se satisfaire de vivre une victoire par procuration en ce début de quinquennat, son fidèle Édouard Philippe étant installé à Matignon. Loin de disparaître, le courant d'idées dont l'ancien Premier ministre était naguère le champion essaime à la fois au sein de la majorité et dans la mouvance "constructive", sans disparaître pour l'heure parmi Les Républicains. Dans ce contexte "d'atomisation" - dixit Alain Juppé, il reste à savoir à qui ce dernier, arbitre du jeu au centre droit, transmettra le témoin.

"C’est très difficile de dire ce qu’il souhaite. Il est à la fois convaincu que LR c’est terminé, que l’alliance entre la droite et le centre, tout autant, et en même temps, on sent qu’il n’est pas enthousiaste pour Emmanuel Macron", résume l'ancien garde des Sceaux Dominique Perben, proche de l'édile bordelais.

Bascule

S'il s'est rapproché d'Emmanuel Macron, Alain Juppé est très loin de basculer dans le camp de La République en marche, qui n'existe, selon lui, "qu’autour de son chef". Le fondateur de l'UMP reste en outre, comme il le revendique, "un homme de droite". 

"Alain Juppé est un être complexe. Ce n’est pas le type qui franchit le Rubicon tous les matins. Contrairement à d’autres, je pense que son départ n’est pas inéluctable", espère le président du groupe LR au Sénat Bruno Retailleau, d'obédience filloniste. 

Une analyse que Laurent Wauquiez ne partage pas, à en croire son entourage. Le tenant d'une ligne "à droite toute" au sein des Républicains "est convaincu qu’Alain Juppé va partir", explique l'un des ses proches à L'Opinion. En plus des différences idéologiques qui séparent les deux hommes, Alain Juppé condamne la stratégie politique du président de la région Auvergne-Rhône-Alpes: "Il spécule sur l’échec de Macron. Ce n’est pas la bonne solution."

Comme Édouard Philippe, Alain Juppé semble convaincu que la recomposition politique n'est pas terminée, et qu'il est urgent d'attendre. L'étiquette politique du mentor ne semble plus tenir qu'à un fil, quand celle du disciple a déjà été arrachée par le parti. 

L'accession probable de Laurent Wauquiez à la présidence des Républicains le 10 décembre prochain, ainsi que le score de Maël de Calan lors de ce scrutin, pourraient décider le maire de Bordeaux à sortir de sa posture attentiste.

Louis Nadau