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Politique

A Marseille, c’est encore le système Guérini qui a gagné

Le Parti Pris d'Hervé Gattegno, c'est tous les jours à 8h25 sur RMC.

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La primaire du PS à Marseille s’est achevée hier sur la victoire du député P. Mennucci mais la sénatrice S. Ghali a refusé de lui apporter clairement son soutien pour les municipales.

Si l’on considère que S. Ghali était la candidate soutenue par JN Guérini et que P. Mennucci a fait une partie de sa campagne sur la dénonciation du système Guérini, on peut dire qu’une page s’est tournée et que le vote est un camouflet pour JN Guérini. La réalité est différente : le vrai objectif de celui qui tire les ficelles du PS à Marseille, c’était de diviser, de déstabiliser la gauche. C’est ce qui s’est passé durant la campagne et il suffisait de voir S. Ghali hier, refuser l’union des socialistes et faire huer F. Hollande et le gouvt, pour mesurer que l’objectif est atteint. Le PS espérait une primaire pour se régénérer. On a vu un scrutin qui a dégénéré.

La participation a beaucoup progressé au 2è tour et P. Mennucci avait reçu le soutien des principaux autres candidats. Est-ce que ça n'annonce pas quand-même une dynamique de la gauche ?

Sans doute – et Mennucci est un bon élu de terrain qui a fait une campagne très énergique. Mais il ne faut pas voir cette primaire comme celle de la présidentielle ou même celle de l’UMP à Paris. C’est une bataille de réseaux, où les candidats ont surtout mobilisé leurs obligés et les obligés de leurs obligés. Une campagne clientéliste, comme l’a dit la ministre MA Carlotti – qui a été éliminée parce que, justement, elle n’avait pas assez de réseaux… Ce n’est pas le peuple marseillais qui a fait ce scrutin mais des militants, des associations, des lobbys, des syndicats. On était loin du soulèvement populaire. Il faudra autre chose pour conquérir la mairie.

S. Ghali a fait campagne en se posant en candidate « hors système » et en reprochant à son rival, P. Mennucci, d'être « le candidat de Paris ». Est-ce qu'elle avait raison ?

C’est un argument typiquement populiste. Il est vrai que P. Mennucci est plus souvent à Paris : il est plus assidu à l’Assemblée que S. Ghali au Sénat... Vrai aussi que le gouvernement n’a pas voulu envoyer l’armée dans les quartiers Nord – la seule idée concrète lancée par S. Ghali. C’est peut-être ce qu’elle appelle être « hors système » ; mais elle n’est pas hors du système Guérini, dont elle est issue et qu’elle n’a jamais voulu condamner. De fait, la direction nationale du PS non plus n’a rien fait pour mettre Guérini hors d’état de nuire. Les sanctions qui devaient être prises contre lui ont été repoussées après les primaires ! Au total, S. Ghali voulait faire campagne pour les « oubliés » ; c’est sa campagne qu’il faut vite oublier…

En tout cas, si F. Hollande espérait que le résultat de la primaire marseillaise compenserait son week-end catastrophique après l'affaire de l'expulsion de Leonarda, on peut dire que c'est raté...

Dans les deux cas, les conditions étaient réunies pour que des situations délicates tournent à l’avantage du pouvoir. Dans les deux cas, c’est l’inverse qui s’est produit. F. Hollande a pris la parole à tort sur l’affaire de l’expulsion et surtout, il a donné une impression de faiblesse là où il fallait envoyer un signal de fermeté. A Marseille, c’est quatre ans de faiblesse, d’atermoiements et de compromissions que F. Hollande paie maintenant – et l’image (et le son) des sifflets d’hier pendant le discours de S. Ghali n’en était que plus cruelle. C’est un week-end de primaire qui aura des effets… secondaires.

Hervé Gattegno