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Politique

A l'UMP, un vrai combat et un faux débat

François Fillon et Jean-François Copé

François Fillon et Jean-François Copé - -

Alors que le congrès de l’UMP n’est prévu qu’en novembre, la bataille est déjà lancée entre J.F. Copé et F. Fillon. L’un et l’autre comptent leurs soutiens et J.F. Copé lance un débat interne sur les « valeurs ». Un faux débat, un vrai combat...

C’était prévisible après la défaite, ça n’a pas traîné : l’enjeu de cet affrontement, c’est la succession de N. Sarkozy pour le leadership de la droite. Il peut y avoir pléthore de candidats, mais sauf surprise, ça se terminera par un duel Copé-Fillon – c’est le vrai combat. La politique, ce n’est pas toujours une bataille d’idées, souvent une lutte d’ambitions. C’est légitime et c’est efficace, parce que l’ascension vers la candidature présidentielle relève de la sélection darwinienne. Ce n’est pas forcément celui qui est le plus fort qui gagne ; c’est celui qui gagne qui est le plus fort. Nuance.

La réflexion lancée par JF Copé sur les valeurs de l’UMP est-elle un faux débat ? Elle n'est pas utile ?

Elle est inutile et nuisible. Bien sûr que l’UMP doit se recentrer sur des positions communes : elle en a grand besoin après 2 années où N. Sarkozy est parti dans tous les sens. Sa ligne politique était une ligne brisée. Le problème, c’est qu’on sait bien ce que va donner ce débats : au mieux, des blabla hypocrites qui éluderont la question du bilan du sarkozisme ; au pire, des discussions oiseuses sur l’attitude à adopter vis-à-vis du FN. Résultat : au lieu de fédérer les points de vue, les divisions vont se creuser ; et le FN va se retrouver au centre du jeu sans que M. Le Pen ait besoin de lever le petit doigt. Ce n’est pas ce qu’on peut appeler une stratégie gagnante – en tout cas pour l’UMP.

L’attitude vis-à-vis du FN n’est pas un clivage essentiel au sein de la droite ?

Non. Et je crois que JF Copé – et d’autres – ont tort de laisser croire que c’est la question centrale. Ce qui est essentiel pour un grand parti d’opposition, c’est de reconstruire un corpus d’idées nouvelles contre le chômage, les délocalisations, les déficits publics. Sur ces sujets-là, il y a des lignes divergentes à l’UMP – et surtout sur la question majeure qui relie toutes les autres : l’avenir de l’Europe, entre le repli nationaliste et la marche forcée vers le fédéralisme. C’est ce débat que l’UMP doit trancher ; or c’est justement celui qui est laissé de côté – et pour cause : s’il y a un point d’accord entre Copé et Fillon, c’est celui-là !

Est-ce que le mérite de cette campagne interne à l’UMP, ce ne sera pas, justement, de permettre aux autres courants de s’exprimer ?

Les centristes n’ont jamais eu le sentiment de pouvoir faire entendre leur voix – si bien qu’ils sont maintenant tentés de les compter. Les crypto-souverainistes de la Droite populaire font déjà quasiment bande à part et les chrétiens démocrates ou les libéraux n’ont pas d’autre choix pour peser que de se ranger derrière Copé ou Fillon. Quand il a pris la tête de l’UMP, Copé avait promis d’« ouvrir les portes et les fenêtres » et de permettre l’expression des courants. Jusqu’ici, on a surtout vu des courants… d’air !

Pour écouter Le Parti Pris d'Hervé Gattegno de ce vendredi 29 juin, cliquez ici.

Hervé Gattegno