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Politique

A. Kahn : « Pécresse retire sa réforme, mais ne le dit pas »

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Face à la mobilisation nationale, Valérie Pécresse a décidé de faire machine arrière sur sa réforme de l'université, sans employer le mot «retrait». Une erreur selon le Président d'université Axel Kahn.

Alors que la grogne monte dans les universités, notamment sur le statut des enseignants chercheurs, Axel Kahn, généticien et Président de l'Université Paris Descartes estime que, pour calmer les choses, la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche Valérie Pécresse, qui « a en fait retiré ce texte [...], a eu tort de ne pas utiliser le terme - ce qu'elle a fait, j'imagine, pour des raisons de pressions politiques de son camp. Que nous dit-elle ? Que ce texte, engagé et présenté au Conseil d'Etat pour examen final, peut être totalement réécrit. Alors comment appelle-t-on cela, si ce n'est un retrait ? Simplement, elle le fait, mais ne dit pas le mot. D'un point de vue purement politique, il vaudrait mieux faire l'inverse. »

Pas question d'être « pris en otage » par Sarkozy !

Présenté par Nicolas Sarkozy lors de son intervention télévisée du 5 février dernier, comme un défenseur de la réforme des facs, Axel Kahn, qui avait fait savoir deux jours après qu'il réclamait en réalité le retrait de cette réforme, a réaffirmé sa position : « Je venais de rentrer chez moi quand le Président de la République a dit ça. Et je me rappelle, je suis devenu blême. Pour deux raisons. D'abord, ce n'était pas très correct de me prendre à témoin comme ça. Et de plus, c'était dangereux pour moi et imprudent pour lui. Dangereux pour moi, parce qu'aujourd'hui - on peut le regretter ou pas, mais c'est un fait - être considéré comme le garant du Président de la République dans ce milieu universitaire, c'est la certitude de n'avoir plus aucune possibilité d'y agir. Et d'ailleurs, dans la journée, avant que je ne me démarque de ces déclarations, j'ai vu quelque chose de terrible : les gens me tournaient le dos, me présentaient leurs condoléances, avaient l'air extrêmement gênés... Je ne pouvais plus continuer à diriger cette université. J'ai voulu réagir parce que [...] je tiens à ma réputation. J'ai mis des décennies à la gagner, et je l'ai perdue en un après-midi. Je ne suis pas un "Besson moyen". Que les choses soient claires : je ne suis pas Eric Besson [ndlr : l'actuel ministre de l'Immigration, de l'Intégration, de l'Identité nationale et du Développement solidaire, récemment nommé secrétaire général adjoint de l'UMP, avait démissionné du PS en février 2007 pour rejoindre l'équipe de campagne du candidat Sarkozy]. Par conséquent, on ne me prend pas en otage. »

La rédaction-Bourdin & Co